Des punaises de lit aux attentats à la bombe, faut-il éviter de visiter Paris ? La résidente locale Caroline Nobel affirme que non.
Il y a une blague dans certains milieux qui dit que chaque fois que quelque chose ne va pas à Paris, on blâme Emily. Je pense que vous savez de qui je parle.
Depuis que la série à succès de Netflix, « Emily in Paris », a décrit la ville comme une sorte de paradis parfait, retouché à un pouce de sa vie, les choses se sont succédées. Bref, Emily nous a jeté un mauvais sort.
Des grèves aux punaises de lit en passant par les canulars à la bombe, on pourrait pardonner aux voyageurs de vouloir manquer la ville en ce moment. Mais auraient-ils raison de le faire ? Je vis en ville – voici pourquoi je ne discute pas.
Paris défraie la chronique pour toutes les mauvaises raisons en 2023
Cette année, il y a eu d’abord les grèves. Pour être honnête, il y a toujours des grèves à Paris. Mais au printemps, ceux qui ont exprimé une frustration compréhensible face à la réforme controversée des retraites de Macron se sont montrés particulièrement enthousiastes. Si de nombreuses personnes sympathisaient avec la cause, il était moins facile de s’enthousiasmer face aux rues inondées de détritus. Ce n’était pas le cadre chic de Savoir.
Puis, à peine tout cela s’est-il calmé, il y a eu une lutte contre les punaises de lit – lorsque le monde a succombé à une sorte d’hystérie de masse alimentée par les médias, semblable à une panique morale. C’est vrai, il y a eu quelques épidémies de punaises de lit, et certaines écoles et cinémas ont été fermés un moment. Mais comme l’ont souligné plusieurs experts, les punaises de lit sont en augmentation partout – pas seulement à Paris – et maintenant tout le monde ici semble avoir presque oublié ce phénomène.
Pourtant, tout cela n’est rien en comparaison des préoccupations plus larges en matière de sécurité. Aux manifestations habituelles (et aux émeutes occasionnelles) s’ajoute la menace terroriste persistante à Paris – l’alerte nationale française ayant récemment été portée au plus haut niveau possible.
Et cela sans parler de la vague de canulars à la bombe en octobre. Durant cette période, les écoles, les aéroports et les sites touristiques comme le Louvre ont tous été visés – le château de Versailles étant contraint de fermer ses portes plusieurs fois en une semaine.
La situation à Paris est-elle aussi mauvaise qu’il y paraît ?
C’est vrai que Paris n’a pas fait la meilleure année. Mais de la même manière que la capitale ne sera jamais à la hauteur de l’utopie d’Emily en matière de port de béret et d’achat de bouquets, la situation n’a pas non plus été aussi mauvaise que les médias l’ont prétendu.
Pour l’essentiel, la vie s’est déroulée à peu près normalement pendant tout cela. Au moment où j’écris, le camion poubelle passe à toute vitesse, une dispute éclate à propos d’un cycliste qui saute un feu rouge et d’un chien qui vient de faire caca sur le trottoir.
À en juger par les données disponibles jusqu’à présent, il semble que les visiteurs n’aient pas été découragés non plus, annulant les rumeurs selon lesquelles les touristes américains auraient annulé leur voyage dans la capitale.
Selon l’Office du tourisme de la ville, désormais baptisé « Paris je t’aime », l’impact est jusqu’à présent très limité, les différents indicateurs (réservations de vols, recherches, etc.) restant stables par rapport aux résultats de l’année dernière.
Cela a peut-être été stimulé par la Coupe du monde de rugby, qui a vu le nombre de touristes internationaux augmenter de +15,6 pour cent par rapport à la même période de l’année dernière.
S’il est vrai que la situation économique et géopolitique dans son ensemble a connu un ralentissement des chiffres fin 2023, cela reflète les tendances mondiales dans l’industrie du voyage.
La fréquentation touristique augmente à Paris
Globalement, pour cette année, le nombre de touristes à Paris devrait augmenter de +7,2 pour cent par rapport à 2022. Et pour le mois de décembre, les arrivées de vols de passagers en provenance des États-Unis devraient augmenter de +4,6 pour cent sur un an. .
« Paris reste l’une de nos principales destinations depuis les États-Unis et le Canada », confirme Sonja Arnórsdóttir, directrice commerciale de PLAY Airlines, qui relie l’Europe et l’Amérique du Nord via l’Islande.
« Nous n’avons pas remarqué d’augmentation particulière des annulations et n’avons reçu aucune demande concernant des punaises de lit, des retards ou des alertes à la bombe. Il semble que la ville soit plus populaire que jamais auprès des voyageurs américains et canadiens.
Il semble que ce soit une histoire similaire pour les visiteurs d’autres régions du monde. Par exemple, Air France a augmenté sa capacité globale de 7 % au troisième trimestre de cette année par rapport à la même période en 2022. En outre, Eurostar affirme avoir constaté une augmentation significative des réservations au cours des derniers mois.
« Cette année, sur la liaison Londres-Paris, les réservations en provenance du marché britannique ont désormais dépassé les niveaux d’avant la pandémie, les passagers pouvant choisir entre 13 et 16 allers-retours quotidiens », explique un représentant d’Eurostar.
«Cela est vrai malgré la grève, qui a bien sûr limité notre capacité à faire circuler des trains certains jours plus tôt dans l’année. Cependant, nous avons toujours constaté une demande résiliente des clients, qui rebondit rapidement et se traduit par une très forte croissance d’une année sur l’autre.
Pourquoi est-ce le bon moment pour visiter Paris ?
Contrairement à toute la presse négative, alors que Paris se prépare à accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, c’est exactement le moment de s’y rendre.
En plus des améliorations apportées au système de transports publics pour l’occasion, des pistes cyclables supplémentaires ont été installées, et même la Seine devrait à terme être baignable si tout se passe comme prévu. Et à mesure que le compte à rebours s’accélère, une grande partie de la ville sera inévitablement rénovée pour l’occasion.
À moins que vous ne voyagiez à Paris spécialement pour les Jeux olympiques, il est fortement conseillé de planifier votre voyage avant ou après l’événement.
Avec des rumeurs selon lesquelles les propriétaires d’appartements factureraient des tarifs nocturnes exorbitants pendant les Jeux et la ville s’attendant à être submergée par plusieurs millions de visiteurs excédentaires, nous nous préparons à un certain chaos ici l’été prochain. Autant dire que Paris au printemps n’a jamais eu autant de charme.
Et bien sûr, sans parler de toutes les autres raisons de visiter la capitale française.
Quoi de neuf à Paris en 2024 ?
Outre les attractions « à feuilles persistantes » de Paris, Paris présente également quelques nouveautés alléchantes. Parmi ceux-ci figurent la maison récemment ouverte de Serge Gainsbourg, dotée de son propre musée, boutique et café/bar, ainsi que le Musée maritime national récemment rénové.
En outre, divers événements sont basés sur le biopic « Napoléon » récemment publié, réalisé par Ridley Scott, notamment une promenade autoguidée sur le thème.
En ce qui concerne 2024, il y a beaucoup à espérer au-delà des Jeux olympiques. Une grande exposition aura lieu au musée d’Orsay pour célébrer le 150e anniversaire de la naissance de l’impressionnisme. Juste au sud de Paris, la Cité de la Gastronomie Paris-Rungis – promouvant une alimentation durable et une gastronomie responsable – ouvrira ses portes au public.
Même Notre-Dame est envisagée pour rouvrir ses portes d’ici la fin de l’année prochaine. Même si la cathédrale n’a pas réussi à respecter l’objectif ambitieux de Macron concernant les Jeux olympiques, elle devrait pouvoir à nouveau accueillir des visiteurs à partir du 8 décembre 2024.
Au contraire, notre plus grande préoccupation ici à Paris reste le surtourisme, plutôt que son insuffisance.
La ville étant régulièrement classée parmi les destinations les plus populaires au monde, cela ne devrait pas changer de si tôt, d’autant plus que certaines émissions de télévision continuent de pédaler sur son statut mythique. Encore une chose que l’on peut reprocher à Emily…
