An aerial view of Harbour Energy

Jean Delaunay

Des oligarques russes sanctionnés s’emparent d’une participation dans la plus grande compagnie pétrolière du Royaume-Uni

Deux oligarques russes sanctionnés posséderont désormais partiellement la plus grande société pétrolière du Royaume-Uni, Harbour Energy, qui a récemment acheté une grande partie d’une société allemande.

LetterOne, une société d’investissement détenue en partie par les oligarques russes Petr Aven et Mikhail Fridman, a récemment acquis une participation minoritaire de 14,87 % dans Harbour Energy. Cette dernière est la plus grande société pétrolière et gazière du Royaume-Uni et possède des opérations en Norvège, en Asie du Sud-Est, en Allemagne, en Afrique du Nord et en Argentine.

Bien que Fridman et Aven soient sanctionnés par le gouvernement britannique et ne reçoivent aucun profit de LetterOne, l’entreprise elle-même n’a pas été pénalisée jusqu’à présent. Les oligarques n’ont pas non plus de contact avec LetterOne.

Harbour Energy a récemment racheté une grande partie des installations pétrolières et gazières en amont de Wintershall Dea, une société allemande, à l’entreprise chimique BASF. La transaction s’élève à 11,2 milliards de dollars (10,14 milliards d’euros).

Il a été financé par le transfert de 4,9 milliards de dollars (4,43 milliards d’euros) d’obligations hybrides et de qualité investissement Wintershall Dea libellées en euros, ainsi que par une émission d’actions de 4,15 milliards de dollars (3,76 milliards d’euros) et une contrepartie en espèces de 2,15 milliards de dollars (1,95 milliard d’euros).

LetterOne détenant également une partie de Wintershall Dea, elle a reçu 251 488 211 actions Harbour Energy dans le cadre de la transaction, incluses dans l’émission d’actions de 4,15 milliards de dollars (3,76 milliards d’euros). BASF a reçu le reste des actions de cette émission.

Les actions attribuées à LetterOne sont des actions ordinaires convertibles avec droits préférentiels, également appelées actions privilégiées. Elles ne bénéficieront pas de droits de vote et ne seront ni cotées ni négociables sur une bourse ou un marché. Elles continueront toutefois de percevoir des dividendes de Harbour Energy.

Si les sanctions contre Fridman et Aven sont levées, ces actions pourraient également être éventuellement transformées en actions avec droit de vote.

Suite à la finalisation de l’accord avec Wintershall Dea, Linda Z. Cook, directrice générale de Harbour Energy, a déclaré mardi dans un communiqué de presse : « Nous sommes extrêmement fiers d’avoir finalisé l’acquisition de Wintershall Dea.

« Il s’agit de notre quatrième et plus importante acquisition depuis notre création en 2014, et d’un autre grand pas en avant alors que nous continuons à bâtir une grande société pétrolière et gazière indépendante et mondiale axée sur la production sûre et responsable du pétrole et du gaz dont le monde a encore besoin.

« Nous sommes impatients de continuer à exploiter le potentiel de notre entreprise pour toutes nos parties prenantes. »

Un porte-parole de LetterOne a déclaré à L’Observatoire de l’Europe : « LetterOne s’engage à réaliser des investissements à long terme dans des entreprises qui comptent. LetterOne est fier de faire partie d’une entreprise énergétique britannique plus grande et plus forte qui renforcera la sécurité énergétique, augmentera les investissements et créera des emplois tout en contribuant à atteindre les objectifs ambitieux de transition énergétique du pays. »

Harbour Energy a refusé de commenter.

L’acquisition d’une participation minoritaire de LetterOne dans Harbour Energy suscite une vive réaction

Harbour Energy et le gouvernement britannique ont tous deux été critiqués pour avoir permis à LetterOne d’acquérir une participation dans Harbour Energy. Cela est principalement dû aux sanctions imposées à Fridman et Aven, qui sont toujours en vigueur, ainsi qu’à la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine.

Le Royaume-Uni s’inquiète également de plus en plus de l’éventualité de permettre aux oligarques russes de posséder une partie quelconque d’infrastructures clés, qui pourraient être d’une importance stratégique pour le gouvernement. Harbour Energy étant la plus grande entreprise énergétique du Royaume-Uni, cette décision pourrait être considérée comme très risquée pour la sécurité énergétique du pays.

Ces inquiétudes ont également été reprises par un certain nombre d’autres pays européens comme la Finlande et la Norvège, qui prévoient d’imposer des mesures plus strictes aux Russes qui achètent des biens immobiliers dans leur pays.

Louis Wilson, responsable des enquêtes sur les combustibles fossiles au sein de l’organisation militante Global Witness, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe : « Le gouvernement britannique et Harbour auraient dû fuir cet accord. Les oligarques russes sanctionnés, que les conservateurs considéraient comme trop douteux pour posséder quelques milliers de connexions haut débit au Royaume-Uni, se sont vu attribuer une part massive du plus grand producteur de pétrole du Royaume-Uni. Les oligarques n’ont pas leur place dans l’industrie énergétique britannique. »

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