Prosteter with poster of President Emmanuel Macron, Paris, France September 7th 2024

Jean Delaunay

Des milliers de manifestants à travers la France contre le choix du Premier ministre par Macron

Ils répondaient à l’appel d’un dirigeant d’un parti d’extrême gauche qui critiquait la nomination par le président d’un Premier ministre de droite, la qualifiant de prise de pouvoir.

Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de France samedi, répondant à l’appel d’un dirigeant d’un parti d’extrême gauche qui a critiqué la nomination par le président d’un nouveau Premier ministre conservateur, Michel Barnier, comme une prise de pouvoir.

Les manifestations sont une contestation directe de la décision du président Emmanuel Macron de ne pas élire un Premier ministre issu du bloc d’extrême gauche à la suite des élections législatives de juillet qui ont profondément divisé la population. La gauche, et notamment le parti La France insoumise, considère que le profil conservateur de Barnier est un rejet de la volonté de l’électorat, ce qui aggrave encore le climat politique déjà tendu.

Les autorités s’attendaient à des dizaines de milliers de manifestants. À Paris, les manifestants se sont rassemblés place de la Bastille et la tension était à son comble alors que la police se préparait à d’éventuels affrontements. D’autres rassemblements sont prévus dans 150 villes du pays, notamment à Montauban et à Auch, dans le sud-ouest de la France.

A Montauban, les manifestants ont dénoncé la nomination de Barnier comme une négation de la démocratie, faisant écho aux propos virulents tenus ces derniers jours par Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise. « Le peuple a été ignoré », a déclaré un orateur à la foule.

Alors que Barnier rencontrait des professionnels de santé à l’hôpital Necker à Paris pour sa première visite officielle en tant que Premier ministre, ses opposants affirment que les troubles dans les rues façonnent l’avenir de son gouvernement.

Barnier, qui travaille à la constitution de son cabinet, s’est engagé à écouter les préoccupations du public, notamment sur les services publics français.

Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national (RN), a prévenu que Barnier était lui aussi « sous surveillance » de son parti. S’exprimant à la foire de Châlons-en-Champagne, Bardella a appelé le Premier ministre à inclure les priorités de son parti dans son agenda, notamment en matière de sécurité nationale et d’immigration.

Barnier, 73 ans, est le plus âgé des 26 Premiers ministres qui ont régné sous la Ve République. Il remplace le plus jeune, Gabriel Attal, qui avait 34 ans lorsqu’il a été nommé il y a huit mois.

Attal a été contraint de démissionner après la défaite cuisante du gouvernement centriste de Macron aux élections législatives anticipées de juillet. Macron avait convoqué des élections dans l’espoir d’obtenir un mandat clair, mais elles ont abouti à un parlement sans majorité absolue, laissant le président sans majorité législative et plongeant son administration dans la tourmente.

Attal a également été le premier Premier ministre ouvertement gay de l’histoire de la France. Les médias français et certains opposants à Macron, qui ont immédiatement critiqué la nomination de Barnier, ont rapidement découvert que, lorsqu’il était député en 1981, le nouveau Premier ministre avait été parmi les 155 députés qui avaient voté contre une loi dépénalisant l’homosexualité.

Bien que Barnier ait cinquante ans d’expérience politique, sa nomination ne garantit pas une résolution de la crise. Son défi est immense : il doit former un gouvernement capable de gérer une Assemblée nationale fracturée, où le spectre politique est profondément divisé entre l’extrême gauche, l’extrême droite et le bloc centriste affaibli de Macron. Le résultat du scrutin anticipé, loin d’apporter de la clarté, n’a fait que déstabiliser à la fois le pays et l’emprise de Macron sur le pouvoir.

La décision du président de se tourner vers Michel Barnier, un homme politique chevronné et profondément lié à l’Union européenne, est perçue comme une tentative de stabiliser la politique française. Et Michel Barnier, qui s’est fait connaître en tant que négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, a déjà été confronté à des tâches ardues.

Les critiques affirment que Macron, élu sur la promesse d’une rupture avec l’ancien ordre politique, se retrouve désormais aux prises avec l’instabilité qu’il avait promis de surmonter.

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