File photo:  Sudanese soldiers from the Rapid Support Forces unit secure the area in the East Nile province, Sudan, on June 22, 2019

Milos Schmidt

Des armes françaises utilisées dans la guerre au Soudan malgré l’embargo sur les armes de l’ONU, selon Amnesty

Des véhicules et des technologies militaires fabriqués par la France et les Émirats arabes unis (EAU) sont utilisés dans la guerre civile au Soudan, selon Amnesty International.

Des véhicules blindés fabriqués par les Émirats arabes unis (EAU) et équipés de la technologie militaire française sont utilisés dans la guerre civile au Soudan par les forces paramilitaires, ce qui constitue probablement une violation de l’embargo sur les armes de l’ONU, a déclaré jeudi Amnesty International.

Le groupe de défense des droits de l’homme a déclaré dans un rapport avoir identifié les véhicules blindés de transport de troupes fabriqués aux Émirats arabes unis dans diverses régions du Soudan – y compris la région du Darfour – où ils ont été utilisés par les paramilitaires Forces de soutien rapide (RSF) dans son conflit avec l’armée soudanaise.

Les véhicules blindés Nimr Ajban sont fabriqués aux Emirats Arabes Unis par Edge Group, et équipés du système de défense français Galix, fabriqué par Lacroix Defence et KNDS France, selon Amnesty.

L’organisation de défense des droits de l’homme a déclaré avoir vérifié les photos partagées sur les réseaux sociaux montrant les véhicules capturés ou détruits par l’armée soudanaise.

« Nos recherches montrent que des armes conçues et fabriquées en France sont activement utilisées sur le champ de bataille au Soudan », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

« Le système Galix est déployé par les RSF dans ce conflit, et toute utilisation au Darfour constituerait une violation flagrante de l’embargo sur les armes de l’ONU », a-t-elle ajouté.

Cet embargo sur les armes est imposé à la région soudanaise du Darfour depuis 2004, en réponse aux allégations de nettoyage ethnique perpétré par des milices contre la population non arabe de la région.

Amnesty a déclaré que Lacroix Défense, KNDS France et le gouvernement français avaient été contactés au sujet des conclusions, mais n’avaient fourni aucune réponse.

En réponse à cette information, un porte-parole du gouvernement émirati a déclaré jeudi dans un communiqué que les Émirats arabes unis sont « la cible d’une campagne de désinformation coordonnée visant à saper notre politique étrangère, notre rôle régional et nos efforts humanitaires ».

« Il est à la fois scandaleux et inacceptable que les représentants de l’armée soudanaise continuent de porter des accusations contre les Émirats arabes unis, alléguant notre implication dans le conflit en cours. »

En juin, le gouvernement soudanais a accusé les Émirats arabes unis d’alimenter la guerre de 18 mois dans ce pays africain en fournissant des armes aux RSF. Les accusations ont été qualifiées de « crédibles » par les observateurs de l’ONU. Les Émirats arabes unis ont nié à plusieurs reprises avoir envoyé des armes au Soudan.

La guerre civile au Soudan a éclaté en avril 2023 après que les tensions latentes entre l’armée soudanaise et les RSF se soient transformées en combats intenses à travers le pays. Les deux camps ont été accusés d’avoir commis des violations des droits de l’homme et des crimes de guerre pendant le conflit.

Selon l’ONU, plus de 20 000 personnes ont été tuées et 33 000 blessées, tandis que 11,6 millions ont été déplacées de force, dont 8,3 millions à l’intérieur du pays et 3,1 millions de personnes ayant fui vers les pays voisins.

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