De faux panneaux sur les plages espagnoles avertissent les touristes anglophones de rester à l'écart

Jean Delaunay

De faux panneaux sur les plages espagnoles avertissent les touristes anglophones de rester à l’écart

Les petits caractères catalans en dessous partagent un message différent avec la population locale.

Des militants ont installé de faux panneaux d’avertissement sur les plages de Majorque, en Espagne, pour éloigner les touristes anglophones.

Certaines affiches mettent en garde contre les « méduses dangereuses », les « chutes de pierres » ou l’eau de mer polluée par les eaux usées. D’autres disent que la plage est fermée avec un symbole « baignade interdite » en dessous ou avertissent qu’il faut des heures pour s’y promener alors que l’océan est à moins de 100 mètres.

Quelques petites lignes de texte en catalan en dessous, cependant, révèlent aux habitants que ces avertissements ne sont pas réels. Ils expliquent que « le problème n’est pas un éboulement, c’est le tourisme de masse » ou que « la plage est ouverte, sauf pour les étrangers et les méduses ».

Les panneaux d’avertissement non officiels sont apparus à Cala Morlanda, Es Calo, Cala Petita, Porto Cristo, Cala Murta, Cala Magraner et Cala Bota.

Qui se cache derrière les faux panneaux d’avertissement ?

Les faux avis ont été affichés par le groupe anticapitaliste Caterva basé dans la ville de Manacor. Ses membres ont critiqué les plages surpeuplées de l’île et attiré l’attention sur le problème du tourisme de masse à Majorque.

Dans un message sur le site de médias sociaux X, anciennement connu sous le nom de Twitter, le groupe a déclaré que la campagne était « chargée d’humour ».

Dans une déclaration envoyée à la presse locale, Caterva a affirmé que les coupables sont « les hôteliers et Rafael Nadals » qui sont tout autant à blâmer que le gouvernement des Baléares. Il aurait critiqué le joueur de tennis espagnol pour avoir possédé un restaurant et une entreprise touristique sur l’île dans le passé.

Malgré les affirmations selon lesquelles le tourisme crée du travail et de la richesse pour les habitants, Caterva affirme que les seules personnes qui voient les avantages économiques sont celles qui ont déjà de l’argent.

Le débat sur le surtourisme est au point mort alors que le nombre de visiteurs a chuté pendant le COVID-19 mais, alors qu’ils commencent à retrouver des niveaux pré-pandémiques et au-delà, les îles Baléares subissent à nouveau les conséquences du surtourisme.

Le groupe a proposé de partager les affiches gratuitement avec tous ceux qui souhaitent les utiliser.

Le surtourisme est-il un problème aux Baléares ?

En 2022, plus de 16 millions de personnes ont visité les îles Baléares espagnoles. Majorque à elle seule a accueilli plus d’un million de touristes l’année dernière, rien qu’en août, soit plus que l’ensemble de la population de l’île. Et les instituts de statistiques locaux estiment que le nombre de vacanciers pourrait culminer encore plus haut cette année.

La surpopulation est particulièrement mauvaise pendant la saison estivale avec des guerres pour les transats et les files d’attente juste pour mettre le pied sur certaines des plages les plus populaires.

AP Photo/Francisco Ubilla
Les touristes prennent le soleil sur la plage de l’île espagnole des Baléares de Majorque, en Espagne.

Les fêtes arrosées et les touristes tapageurs sont un problème particulier pour les îles depuis plusieurs années. Les conseils locaux et le gouvernement des Baléares ont tenté de contrôler la situation avec des règles et réglementations plus strictes avec peu de succès.

Les règles pour les touristes incluent des interdictions de fumer sur 28 plages différentes à travers les îles, une limite sur le nombre de boissons alcoolisées tout compris qu’ils peuvent acheter, des codes vestimentaires pour les restaurants et les centres de villégiature ainsi que des amendes pour ne pas se présenter à votre réservation de dîner.

Plus tôt cette année, le gouvernement des Baléares a lancé une campagne aux côtés de l’ambassade britannique qui a renforcé une politique de tolérance zéro pour le « tourisme en excès ».

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