Comment vas-tu réparer l’Allemagne ?

Martin Goujon

Comment vas-tu réparer l’Allemagne ?

La campagne électorale allemande se transforme en un fervent affrontement idéologique autour de visions économiques très divergentes.

Alors que les Allemands s’inquiètent de plus en plus de la crise économique de leur pays – qui devrait se contracter pour la deuxième année consécutive – la question de savoir comment relancer la croissance s’annonce comme la question la plus urgente et la plus controversée avant le vote prévu le 23 février. .

« Le pays perd en compétitivité », a déclaré mardi le leader conservateur Friedrich Merz lors de la présentation du programme électoral de son alliance. « Nous avons besoin d’un gouvernement stable, capable d’agir. »

Alors que les licenciements à grande échelle dans l’industrie allemande commencent à se faire sentir et que des entreprises emblématiques telles que Volkswagen menacent de fermer leurs usines, ce sont les problèmes nationaux – et non la guerre en Ukraine ou le rôle de l’Allemagne en Europe – qui dominent la campagne.

La question qui préoccupe le plus les Allemands à l’approche des élections est l’économie, selon un récent sondage de la télévision publique, suivie par la migration. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine arrive en quatrième position sur la liste.

Tous les partis s’engagent à restaurer les jours glorieux de la croissance industrielle allemande, mais ils ont des visions très opposées sur la manière d’y parvenir.

Merz, qui dirige l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre-droit et est en pole position pour devenir le prochain chancelier du pays, propose de réduire considérablement l’impôt sur le revenu, ainsi que de réduire le taux d’imposition des sociétés à un maximum de 25 pour cent. Il souhaite également réduire les prestations sociales qui, selon lui, découragent les gens de travailler, ainsi que les réglementations.

Ces changements, dit-il, favoriseraient les investissements privés qui contribueraient à stimuler l’économie.

Le Parti libéral-démocrate (FDP), conservateur sur le plan budgétaire, propose une politique similaire, proposant de réduire les impôts pour la plupart des salariés ainsi que pour les entreprises. Il souhaite également mettre fin aux subventions aux énergies renouvelables, tout en relançant les centrales nucléaires du pays.

L’actuel chancelier allemand, Olaf Scholz, et son parti de centre-gauche social-démocrate (SPD), font quant à eux pression en faveur d’importants investissements publics pour stimuler la croissance industrielle. Mardi, Scholz a proposé un fonds d’investissement de 100 milliards d’euros ressemblant à la loi américaine sur la réduction de l’inflation et s’est engagé à augmenter le salaire minimum de 12 à 15 euros de l’heure.

L’objectif est que l’Allemagne reste « un pays industrialisé fort et prospère, même dans 10, 20 ou 30 ans », a déclaré Scholz.

Dans le même temps, le SPD réclame des réductions d’impôts pour la plupart des salariés et des augmentations pour les riches, tout en proposant également une prime « Made in Germany » qui subventionne les investissements des entreprises dans les équipements via un remboursement d’impôt direct de 10 % du prix d’achat. .

Les Verts proposent un « fonds Allemagne » pour financer les investissements dans les infrastructures du pays et ramener la taxe sur l’électricité au minimum européen. | Tobias Schwarz/AFP via Getty Images

Les Verts proposent un « fonds Allemagne » pour financer les investissements dans les infrastructures du pays et ramener la taxe sur l’électricité au minimum européen.

Le fonds, selon le programme du parti, « garantira à la jeune génération un pays moderne, fonctionnel et neutre pour le climat ainsi qu’une économie compétitive au lieu de les laisser avec des charges différées et des infrastructures délabrées ».

Les économistes se demandent si les plans sont suffisamment ambitieux pour faire face aux problèmes structurels qui frappent l’économie allemande – les coûts élevés de l’énergie qui frappent les industries à forte intensité énergétique et l’effondrement du libre-échange qui est au cœur de l’économie du pays orientée vers l’exportation.

Se pose également la question de savoir comment le payer.

Le SPD et les Verts souhaitent en fin de compte libérer les investissements publics en réformant le frein à l’endettement du pays, qui limite le déficit budgétaire structurel à 0,35 pour cent du PIB, sauf en cas d’urgence.

La CDU, de son côté, veut adhérer à ces règles en matière de dépenses, affirmant dans son programme que « les dettes d’aujourd’hui sont les augmentations d’impôts de demain ».

Les économistes allemands ont critiqué les projets des partis comme promettant plus que ce qu’ils peuvent offrir, même si les réductions d’impôts de Merz ont fait l’objet de critiques particulières.

Les économistes et les opposants de Merz estiment que les réductions d’impôts proposées par les conservateurs atteindront jusqu’à 100 milliards d’euros par an, et nombreux sont ceux qui affirment que la croissance économique ne sera pas assez robuste pour compenser la perte de revenus, comme le prétend Merz.

Interrogé sur ces critiques, Merz a toutefois déclaré que « le facteur décisif est de restaurer la volonté de performance de l’Allemagne et sa capacité à croître ».

Ensuite, explique-t-il, les questions de financement apparaîtront « sous un tout autre jour ».

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