Comment les Jeux olympiques de 2024 ont changé Paris

Martin Goujon

Comment les Jeux olympiques de 2024 ont changé Paris

Cet article fait partie du rapport spécial sur l’avenir des Jeux olympiques.

Des millions de visiteurs afflueront à Paris plus tard ce mois-ci pour assister à l’un des plus grands événements sportifs au monde : les Jeux olympiques d’été de 2024.

Avec une cérémonie d’ouverture qui comprendra une parade de bateaux sur la Seine passant devant une partie de la Tour Eiffel et du Musée du Louvre, les visiteurs se verront présenter une ville remodelée par les Jeux.

Nous examinons ce que Paris a bien fait (les métaux précieux) et ce qu’il n’a pas fait (les cuillères en bois, une récompense traditionnellement décernée au concurrent arrivé dernier).

Les Jeux de Paris 2024 se sont engagés à être les « plus verts de l’histoire ».

L’un des principaux objectifs de cette promesse était d’investir dans la modernisation des infrastructures existantes plutôt que d’en construire de nouvelles, à la fois pour des raisons de durabilité et pour éviter que les coûts ne s’envolent (nous y reviendrons plus tard). Selon la ville de Paris, 95 % des sites des Jeux sont des infrastructures préexistantes, notamment le Stade de France, un stade multi-sports emblématique, et le Vélodrome national pour le cyclisme.

La ville a présenté la piscine Georges Vallerey comme un exemple de l’impact positif et durable des Jeux : la piscine, initialement construite pour les Jeux olympiques de 1924, a été réaménagée pour servir de terrain d’entraînement aux athlètes et sera ensuite transformée en piscine publique pour son quartier.

Les deux principaux projets d’infrastructures prévus sont une salle de concert de 8 000 places et le village olympique, dans le quartier défavorisé de Seine-Saint-Denis. Le premier sera transformé en salle de concert et en terrain de l’équipe de basket parisienne, le second en lotissement.

L’organisation d’événements en plein air dans des lieux spectaculaires au cœur de Paris pose au moins un problème majeur : la menace terroriste.

La France est restée en état d’alerte maximale depuis qu’une série d’attentats islamistes a secoué le pays en 2015 et 2016. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué à plusieurs reprises que le terrorisme restait la priorité numéro un en matière de sécurité à l’approche des Jeux, tout en soulignant qu’aucun projet d’attentat visant l’événement n’avait été détecté.

En mars, Macron avait demandé que la capacité de la cérémonie d’ouverture sur la Seine soit réduite de moitié par rapport à ce qui était initialement prévu.

Les principales craintes concernent la présence de tireurs d’élite dans des bâtiments proches de la cérémonie en plein air ou encore la présence de drones équipés d’explosifs. Ces risques sont atténués par des procédures de sécurité strictes, ont indiqué des responsables français de la sécurité.

La perspective de voir le système de transport parisien, saturé même un jour normal, devenir encore plus encombré a poussé de nombreux Parisiens à fuir la ville pendant la durée des Jeux.

Les Jeux olympiques ont néanmoins poussé les pouvoirs publics à investir dans les transports, en prolongeant deux lignes de métro et une ligne de train de banlieue pour faciliter l’accès entre les sites – des infrastructures qui serviront ensuite les populations locales.

L’aéroport de Paris-Orly, l’un des aéroports internationaux de la région parisienne, sera désormais directement relié au centre-ville par une ligne de métro qui sera cruciale pour les Jeux, reliant différents sites dont le Centre aquatique, le Stade de France, la place de la Concorde — qui accueillera entre autres des épreuves de breakdance et de skateboard — et la Bercy Arena, où se dérouleront les finales de basket-ball.

Les Jeux olympiques sont censés contribuer à réaliser une promesse faite il y a plusieurs décennies : transformer la Seine, qui traverse Paris, en un plan d’eau où les gens peuvent nager pour la première fois depuis 100 ans.

1,4 milliard d’euros ont été investis pour construire à Paris un immense bassin destiné à stocker les eaux usées et à empêcher le réseau d’assainissement de se déverser dans le fleuve. Mais de fortes pluies en juin, moins d’un mois avant l’événement, ont provoqué le débordement du système, provoquant le déversement d’eaux usées non traitées dans le fleuve et rendant la Seine impropre à la baignade.

Les épreuves de marathon et de triathlon de natation se dérouleront sur la Seine. Pour le premier, un autre lieu a été choisi si le fleuve n’est pas sûr. Pour le triathlon, des dates de compétition alternatives ont été prévues en cas de pollution trop importante de l’eau. « En tout dernier recours, le règlement prévoit la possibilité de passer au duathlon », a expliqué à L’Equipe Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux.

Cherchant à prouver la propreté de la Seine, Estanguet et Hidalgo se sont baignés dans les semaines précédant la cérémonie d’ouverture.

Même si les Jeux de Paris 2024 ont dépassé le budget prévu, ils coûteront tout de même moins cher que les éditions précédentes – un triomphe selon les normes olympiques.

Le montant total des dépenses devrait s’élever à 11,8 milliards d’euros, soit 15 % de plus que le montant initialement prévu. Ce montant reste toutefois inférieur au coût supposé des Jeux de Londres 2012 et de Rio 2016, et bien inférieur à celui de Sotchi 2014, les Jeux les plus chers de l’histoire, avec un montant ahurissant de 55 milliards de dollars.

Pour Paris, les coûts incluent la construction des nouveaux sites, le paiement de services de sécurité privés et la garantie du transport et du logement des athlètes, a précisé le comité de Paris 2024.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont alerté : les autorités françaises utilisent les Jeux olympiques comme une opportunité pour débarrasser la capitale des populations jugées indésirables.

Les autorités ont accéléré l’évacuation des sans-abri autour de Paris, leur proposant des solutions à court terme dans des villes plus petites à travers le pays.

Si l’État assure que cette mesure n’a rien à voir avec les Jeux olympiques, les associations d’aide aux sans-abri ont souligné une accélération de ces procédures ces derniers mois, dénonçant une « épuration sociale » à l’approche des Jeux. Cette politique de relogement est menée dans le cadre d’une phase test, lancée en avril 2023 et prévue jusqu’à fin 2024.

« La gestion de ce dossier ne concerne pas seulement les sans-abris, mais aussi les usagers de drogues, les travailleurs du sexe », explique Antoine de Clerck, porte-parole du collectif Revers de la médaille, un collectif d’associations qui milite pour que Paris 2024 laisse « un héritage social positif ».

« Tout ce qui ne rentre pas dans la carte postale d’Emily à Paris » est mis de côté, explique de Clerck.

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