L’auteur franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt la semaine dernière, n’a pas été invité à la 27e édition du Salon international du livre d’Alger cette année. Et il n’est pas le seul – ce qui fait craindre à certains une « interdiction totale de publier ».
L’une des plus grandes foires du livre du monde arabe a ouvert ses portes en Algérie, et il y a une absence flagrante…
L’auteur franco-algérien Kamel Daoud, qui a remporté le prix Goncourt – la récompense littéraire la plus prestigieuse de France – en début de semaine, n’a pas été invité à l’événement de cette année.
Daoud est devenu le premier auteur d’origine algérienne à remporter le prix Goncourt et son éditeur français Gallimard – un participant régulier – fait partie de ceux qui n’ont pas été accueillis à la Foire internationale du livre d’Alger.
Les romans de Daoud et leurs sujets polarisent souvent les opinions en France, où il vit, et en Algérie, où il est né. Son troisième roman, « Houris », lauréat du Goncourt, est écrit du point de vue d’un survivant d’un massacre perpétré par les islamistes.
Le roman se concentre sur la mémoire des victimes de la « Décennie noire » algérienne, la guerre civile qui a opposé les groupes islamistes à l’armée algérienne de 1992 à 2002, tuant entre 60 000 et 200 000 personnes et faisant des milliers de disparus.
Après la victoire des islamistes au premier tour des élections législatives en 1990, l’Algérie a sombré dans la guerre civile après l’annulation du second tour par le gouvernement soutenu par l’armée.
« Houris » contrevient à un article de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui interdit d’évoquer les « plaies de la tragédie nationale », et ne figurera donc pas parmi les plus de 300 000 titres disponibles au salon du livre qui est commercialisé. sous le slogan « Lire pour triompher » et présenté pour avoir un accent particulier sur l’histoire.
Ali Bey, propriétaire de la Bibliothèque du Tiers Monde d’Alger, s’est dit « ravi » de voir Daoud connaître une reconnaissance internationale mais a déploré que les lecteurs algériens ne puissent pas acheter ses romans.
Cette exclusion reflète les limitations actuelles de la liberté d’expression en Algérie, et la censure s’étend au-delà de Daoud et Gallimard.
Koukou Publishing, une maison algérienne indépendante dirigée par l’ancien militant politique Arezki Ait Larbi, a également été exclue du festival de cette année. Koukou est connu pour publier des ouvrages d’essayistes, de romanciers et de journalistes dont les écrits remettent souvent en question les récits officiels.
« Notre maison est menacée d’une interdiction totale de publication », a déclaré Ait Larbi, accusant les censeurs du ministère de la Culture de s’en prendre à ses livres.
La 27ème édition du Salon international du livre d’Alger se déroule du 6 au 16 novembre.