Avant que les fallas de Valence ne brûlent, retour sur cette célébration et sur d’autres célébrations européennes nées de critiques sociales ou de révoltes contre le pouvoir en place.
Ce mardi soir, la ville de València et d’autres villes de cette région d’Espagne célébreront la Nit de la Cremà, point culminant de la fête des Fallas.
Inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, cette célébration salue l’arrivée du printemps avec d’immenses monuments représentant des êtres fantastiques – et réels – qui restent quelques jours dans les rues avant d’être brûlés à la fin de la fête.
Durant ces journées, les quartiers s’animent avec de la musique, des feux d’artifice et, bien sûr, beaucoup d’alcool.
On pense que le festival est né au XIXe siècle, bien que certains historiens situent ses origines plus tôt.
Les menuisiers de la ville empilaient les restes de bois de leurs ateliers pour les brûler dans des feux de joie le jour de la Saint-Joseph, saint patron de leur corporation.
Au fil du temps, ces constructions ont pris des formes plus complexes, jusqu’à devenir une grande exposition d’art éphémère.
Des artistes locaux ont émergé et se sont spécialisés dans la création de fallas basées sur des thèmes spécifiques, commentant souvent les problèmes sociaux et politiques actuels.
On dit que ces dernières années, le festival est devenu moins critique. Il suffit néanmoins de se promener dans les rues de Valence pour voir des monuments portant des messages sur des sujets controversés ou parodiant des hommes politiques connus.
Chaque année, les fallas s’affrontent dans différentes catégories devant un jury.
Cette année, le prix le plus important de la ville a été décerné à la falla L’Antiga, du quartier Campanar, tristement connu pour l’incendie d’un complexe d’appartements en février dernier, dans lequel dix personnes sont mortes.
La falla, intitulée « Changement climatique », est un commentaire sur la crise environnementale actuelle.
La mairie a également sa propre falla, qui représente cette année deux énormes colombes blanches échangeant un rameau d’olivier.
Son auteur affirme qu’il s’agit d’un message de paix à une époque où le monde est en proie à un conflit.
Satire et critique du pouvoir dans d’autres festivités européennes
Les Fallas ne sont pas le seul prétexte en Europe pour organiser une fête basée sur l’humour ou la dénonciation sociale.
Voici quelques exemples:
Bataille des Oranges – Ivrée (Italie)
Dans la petite ville italienne d’Ivrea, au pied des Alpes piémontaises, se déroule le plus ancien carnaval d’Italie.
Son événement le plus populaire est sans aucun doute la Bataille des Oranges, au cours de laquelle les participants se lancent littéralement des oranges les uns contre les autres.
Cette curieuse guerre trouve ses origines au Moyen Âge. Son protagoniste est Violetta, fille d’un meunier local, qui s’est rebellé contre un méchant duc qui dirigeait la ville. Comme le raconte l’histoire, le duc voulait exercer sur la jeune fille le jus primae noctisl’ancien droit des seigneurs féodaux d’avoir des relations sexuelles avec les femmes sous leur domination, notamment lors de leur nuit de noces.
Violetta est devenue une héroïne lorsqu’elle a accepté de coucher avec le duc et l’a tué avec sa propre épée. Après sa mort, la ville s’insurgea contre sa tyrannie et incendia son château.
La Bataille des Oranges d’aujourd’hui recrée les luttes entre ses partisans et ses détracteurs.
Certains disent que le fruit représente la tête du duc, tandis que d’autres prétendent qu’il symbolise ses privilèges.
Carnaval de Cadix (Espagne)
De retour en Espagne, la ville andalouse de Cadix célèbre son célèbre carnaval avec la musique comme protagoniste principal.
La ville se remplit de groupes musicaux chantant des chansons satiriques et dénonçant les injustices sociales.
Vêtus de costumes saisissants, chaque groupe choisit un sujet sur lequel chanter et parcourt les rues en ravissant le public avec son humour.
En janvier commence le concours officiel des groupes du carnaval, au cours duquel ils se disputent des prix dans différentes catégories.
Ce carnaval a une facette très critique.
En 1862, le conseil municipal décide de municipaliser l’événement afin d’établir des règles face à ce qui est perçu comme un désordre social.
Plus tard, sous la dictature de Franco, les paroles des chansons furent censurées pour éviter toute critique du régime.
À la fin des années 1970, avec le rétablissement de la démocratie en Espagne, le carnaval de Cadix retrouve la liberté qu’il avait perdue.
Carnaval de Torres Vedras (Portugal)
Près de Lisbonne, le Carnaval de Torres Vedras est un autre exemple de la manière d’organiser une fête en se moquant des puissants.
Comme beaucoup d’autres, il trouve son origine dans les festivités païennes précédant le Carême, la période chrétienne de jeûne et de pénitence.
Des troupes musicales accompagnent 13 chars à travers la ville, avec des thèmes allégoriques qui changent d’année en année.
Il existe d’énormes marionnettes parodiant des hommes politiques et des dirigeants internationaux, comme Donald Trump ou Kim Jong-un.
Cette année, le défilé de chars a fêté son 100e anniversaire.