La Commission européenne a décidé de prolonger jusqu’en juin 2024 deux mesures extraordinaires qui permettent aux États membres de soutenir plus facilement les entreprises touchées par des prix de l’énergie toujours élevés.
Ces outils ont été introduits pour la première fois en mars 2022 en réponse aux perturbations économiques provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le conflit a radicalement bouleversé les chaînes d’approvisionnement et poussé l’inflation à des niveaux records, obligeant les gouvernements à distribuer d’énormes quantités de subventions pour empêcher les entreprises de faire faillite.
Le soi-disant « Cadre temporaire de crise et de transition » a été modifié à plusieurs reprises, alors que les ondes de choc provoquées par la guerre continuent de résonner et de freiner l’activité économique dans de nombreux secteurs, en particulier ceux à forte intensité énergétique.
Mais la cascade d’aides d’État s’est avérée source de division : les petits et moyens pays se sont plaints d’une concurrence déloyale et de distorsions du marché parce que la majeure partie de l’argent était fortement concentrée en Allemagne et en France.
Dans son dernier amendement, publié lundi après-midi, la Commission opte pour une approche ciblée et décide de prolonger deux des cinq principales mesures exceptionnelles en vigueur jusqu’à présent.
Les deux outils permettent des injections plafonnées de fonds publics dans des entreprises en difficulté et la compensation des prix de l’énergie, tant du gaz que de l’électricité, qui « dépassent considérablement les niveaux d’avant la crise ». (La pré-crise signifie l’année 2021.)
Les règles interdisent aux gouvernements de compenser complètement l’impact des prix élevés afin de maintenir l’incitation à économiser l’énergie, considérée comme essentielle pour rééquilibrer l’inadéquation entre l’offre et la demande. La prolongation jusqu’en juin 2024 est réalisée de manière à couvrir la période hivernale et ses conséquences immédiates.
Bien que les prix du gaz aient baissé depuis les niveaux dramatiques enregistrés jusqu’en 2022, ils restent élevés par rapport aux records historiques. Vendredi dernier, le Title Transfer Facility, la principale plaque tournante européenne du commerce du gaz, a clôturé à 45 € par mégawattheure, soit environ 15 € de plus qu’à la même période de 2021.
Les coûts supplémentaires pèsent lourdement sur l’économie : Bruxelles prévoit que l’UE connaîtra une croissance lente de 0,6 % cette année et d’à peine 1,3 % en 2024.
Dans son annonce de lundi, la Commission européenne a également indiqué que trois autres mesures exceptionnelles en faveur des entreprises – garanties d’État, prêts bonifiés et soutien à la réduction de la demande d’électricité – seraient supprimées après le 31 décembre car elles ne sont plus considérées comme nécessaires.
Des outils de transition visant à subventionner partiellement le déploiement de systèmes renouvelables et à réduire considérablement les importations de combustibles fossiles seront toutefois disponibles jusqu’à la fin de 2025.