Méabh Mc Mahon with David Rinaldi, Almut Möller and Niclas Poitiers

Jean Delaunay

Bruxelles, mon amour ? L’économie européenne en lutte pour sa survie

Cette édition de notre talk-show hebdomadaire se concentre sur les défis croissants auxquels est confrontée l’économie européenne : baisse de compétitivité, risque croissant de conflit commercial avec la Chine et diminution des possibilités du secteur public.

Les défis qui pèsent sur l’économie européenne s’accumulent depuis des années. Et l’Europe prend de plus en plus conscience de son manque de compétitivité. Le sommet européen de cette semaine a une fois de plus abordé la question de savoir comment stimuler l’économie.

David Rinaldi, directeur des études et des politiques à la FEPS, Almut Möller, directeur des affaires européennes et mondiales au European Policy Centre, et Niclas Poitiers, chercheur au groupe de réflexion économique Bruegel, en ont discuté avec Méabh McMahon.

Faible croissance et protectionnisme mondial croissant : l’économie de l’UE lutte pour sa survie. Le moteur économique européen de l’Allemagne ralentit pour la deuxième année consécutive. Et la France réduit ses dépenses et augmente les impôts – tout le monde doit se serrer considérablement la ceinture.

Pendant ce temps, les élections américaines approchent à grands pas et certains préviennent qu’une victoire de Donald Trump pourrait nuire davantage à l’économie européenne.

Avec la hausse des prix alimentaires et des loyers d’Athènes à Madrid, les Européens ressentent la pression. Mais les gouvernements ont peu de marge de manœuvre et de nouvelles mesures d’austérité pourraient ralentir encore plus la croissance dans les années à venir.

Pendant ce temps, l’ambiance économique est préoccupante. Et cette semaine, la compagnie d’assurance Allianz Trade a publié de nouvelles données mettant en garde contre une forte augmentation des faillites d’entreprises dans le monde. Ils estiment que plus de 1,6 million d’emplois en Europe et en Amérique du Nord pourraient être menacés l’année prochaine.

Une récession est-elle imminente ?

Parmi les éléments qui n’arrangent pas les choses actuellement, il y a les incertitudes mondiales, notamment l’issue de l’élection présidentielle américaine dans deux semaines et demie. En Europe, ce ne sont pas seulement de nombreux hommes politiques qui craignent le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, mais également de nombreux experts économiques. Et pas seulement à cause du style politique de Trump, mais aussi à cause de son programme économique. Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a par exemple déclaré :

«La victoire de Trump pourrait s’accompagner d’augmentations drastiques des droits de douane et d’une politique budgétaire expansionniste. Cela pourrait entraîner un ralentissement notable de la croissance dans la zone euro et en Allemagne.»

Les incertitudes dans les relations commerciales avec la Chine pèsent également sur les perspectives économiques en Europe. Le Conseil européen a donné son feu vert à des tarifs punitifs sur les voitures électriques chinoises, un succès pour la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, malgré l’opposition explicite de l’Allemagne.

L’objectif est d’inciter les Européens à acheter des voitures « Made in Europe ». En retour, Pékin a riposté et imposé des droits de douane punitifs sur le brandy et le cognac européens. Comment va se dérouler cette guerre commerciale ? Et la décision de Bruxelles fera-t-elle finalement plus de mal que de bien ?

Enfin, le panel a discuté d’une vieille idée de politique financière qui redevient populaire compte tenu des budgets vides : il faudrait demander aux riches et aux super-riches de payer un supplément. Le nouveau gouvernement conservateur français envisage de revenir à un impôt sur la fortune, tandis que les sociaux-démocrates allemands souhaitent inclure dans leur programme électoral une charge plus lourde pour les riches. Et au niveau international, les États du G20 souhaitent examiner une taxe ciblée sur les milliardaires.

De telles mesures ont-elles un sens ? S’agit-il avant tout de combler des trous budgétaires ou de justice fiscale ?

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