New French prime minister Michel Barnier looks on right during the handover ceremony, Thursday, Sept. 5, 2024 in Paris.

Jean Delaunay

Barnier voit son soutien s’effriter alors que les députés de droite français critiquent les rumeurs de hausse des impôts

Le nouveau Premier ministre français, Michel Barnier, a déclaré que le budget du pays se trouvait dans une situation « très grave ».

Le Premier ministre français Michel Barnier a fait part de son intention d’augmenter les impôts pour redonner vie au budget en difficulté du pays, une décision qui pourrait provoquer une rupture dans la famille politique de centre-droit qui était prête à le soutenir.

Plusieurs sources proches de Barnier auraient déclaré aux médias français que le Premier ministre n’était pas opposé à augmenter certains impôts si nécessaire, compte tenu de la situation « très grave » dans laquelle se trouve le budget français.

L’Union européenne a averti la France qu’elle avait violé les règles budgétaires avant l’arrivée au pouvoir de Barnier il y a deux semaines, tandis que la Banque de France a déclaré plus tôt cette semaine qu’un retour prévu à un déficit public inférieur à 3% d’ici 2027, conformément aux règles de l’UE, n’était « pas réaliste ».

Le déficit du secteur public français devrait atteindre environ 5,6 % du PIB cette année et dépasser 6 % en 2025.

Le nouveau Premier ministre n’a pas encore formé de cabinet et doit soumettre le mois prochain au Parlement un budget pour 2025. Ce sera le premier grand test de son gouvernement, et il pourrait s’avérer difficile de le renforcer.

Les politiciens de droite et du centre français qui seraient normalement enclins à soutenir la politique conservatrice de Barnier, y compris les partisans du président Emmanuel Macron qui a nommé Barnier Premier ministre plus tôt en septembre, ont laissé entendre qu’augmenter les impôts serait un pas de trop.

Le prédécesseur immédiat de Barnier et président du groupe Ensemble pour la République de Macron, Gabriel Attal, a appelé à clarifier leur « ligne politique » pour déterminer s’ils participeraient ou non au gouvernement.

Une rencontre entre Barnier, lui-même membre du parti d’extrême droite Les Républicains, et les Macronistes qui devait avoir lieu ce matin a été repoussée, sans qu’aucune date ne soit précisée, selon certaines informations.

« Une très mauvaise idée »

Véronique Louwagie, députée Les Républicains, aurait déclaré qu’un Premier ministre de droite qui envisage d’augmenter les impôts « est une très mauvaise idée ».

« Nous avons actuellement le niveau d’impôts et de cotisations le plus élevé d’Europe », a-t-elle déclaré. « Je rappelle que ces cotisations sont prélevées sur les ménages et les entreprises. »

Il n’y a actuellement aucune indication claire sur les impôts qui seraient spécifiquement augmentés, mais des rumeurs abondent selon lesquelles le taux d’imposition des sociétés de 25 % serait visé, en plus de la réintroduction d’un impôt sur la fortune.

Le rétablissement d’une telle taxe pourrait être vu comme un moyen de combler le fossé avec la gauche à l’Assemblée nationale, dont Barnier pourrait avoir besoin pour faire passer le budget et soutenir sa coalition, après les élections parlementaires conflictuelles de juillet en France.

À l’autre extrémité du spectre, une telle mesure pourrait susciter la colère du Rassemblement national d’extrême droite, qui a le pouvoir de déclencher un vote de défiance à l’encontre de Barnier, qui serait probablement adopté avec le soutien des députés de gauche.

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