Les politiques actuelles laissent l’industrie aéronautique très loin de sa trajectoire en matière de respect de ses engagements climatiques.
Selon une étude de l’Université de Cambridge, prolonger la durée des vols en ralentissant la vitesse des avions pourrait réduire les émissions de l’aviation.
Selon cette étude, une réduction de la vitesse de vol d’environ 15 % pourrait réduire la consommation de carburant de 5 à 7 %. À l’avenir, les avions devront probablement être conçus pour s’adapter à cette réduction de vitesse.
L’étude note également que les inconvénients d’une telle politique retomberaient sur les passagers : des vitesses plus lentes pourraient par exemple rallonger de 50 minutes la durée d’un vol transatlantique.
Alors que seulement 10 % de la population mondiale prend actuellement l’avion, l’aviation est déjà responsable d’environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2Si l’on prend en compte les impacts climatiques autres que le CO2, sa contribution au réchauffement climatique s’élève à 4 %.
Cette recommandation n’est qu’une partie d’un rapport décrivant une feuille de route sur cinq ans de l’université qui, selon elle, aiderait l’industrie aéronautique à atteindre un impact climatique net nul d’ici 2050.
Une feuille de route ambitieuse sur cinq ans pour une aviation durable
Selon l’analyse de l’université, les politiques actuelles laissent l’industrie aéronautique très loin de ses engagements en matière de climat. Le rapport définit des objectifs réalistes et durables pour l’industrie aéronautique, qui permettraient d’atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
« Trop souvent, les discussions sur la manière de parvenir à une aviation durable oscillent entre une réflexion trop optimiste sur les efforts actuels de l’industrie et un inventaire pessimiste des maux environnementaux du secteur », explique Eliot Whittington, directeur exécutif du Cambridge Institute for Sustainability Leadership.
« La modélisation de l’Aviation Impact Accelerator s’est appuyée sur les meilleures preuves disponibles pour montrer qu’il existe des défis majeurs à relever si nous voulons atteindre le zéro émission nette en vol à grande échelle, mais que c’est possible. »
Le rapport ajoute que ces mesures audacieuses sont souvent négligées car elles nécessitent de vastes changements dans le secteur de l’aviation qui échappent au contrôle des compagnies aériennes..
Quatre recommandations pour rendre les objectifs d’une aviation durable réalisables
Le premier objectif serait d’éliminer les nuages formés par l’aviation, connus sous le nom de traînées de condensation.Ces phénomènes peuvent agir comme une couverture dans le ciel, contribuant à l’élévation des températures au sol. Accélérer le déploiement d’un système mondial pour les éviter pourrait réduire l’impact climatique de l’aviation jusqu’à 40 %.
La deuxième solution consisterait à mettre en œuvre une nouvelle vague de politiques visant à réaliser des gains d’efficacité à l’échelle du système dans l’ensemble du secteur aérien. C’est là qu’intervient la recommandation de ralentir les vols, de remplacer les avions par des modèles plus récents et de veiller à ce que davantage d’avions opèrent dans leur plage de vol optimale.
Des mesures comme celles-ci, selon le rapport, pourraient réduire de moitié la consommation de carburant d’ici 2050, mais devraient s’appuyer sur des objectifs d’efficacité qui ne sont pas atteignables par les entreprises individuelles.
Le troisième concerne la réforme du carburant d’aviation durable (SAF). Des politiques visant à accroître rapidement la production et à garantir qu’elle soit véritablement durable. Selon l’analyse de l’université, l’objectif est de mettre en place les politiques mondiales nécessaires pour minimiser l’impact plus large des SAF sur le climat et la nature.
Et la recommandation finale est de lancer plusieurs programmes de démonstration de technologies Moonshot pour avancer le calendrier de leur déploiement. Le rapport fournit des avions à hydrogène long-courriers à titre d’exemple.
La combustion de l’hydrogène ne produit pas d’émissions de CO2, ce qui pourrait permettre de réduire l’impact climatique des vols. Le rapport indique également que le faible poids de ce carburant, même en tenant compte du poids des réservoirs, le rend « avantageux » pour les vols longue distance.