5 choses que nous avons apprises des élections néerlandaises

Jean Delaunay

5 choses que nous avons apprises des élections néerlandaises

Il s’agit de la plus grande victoire de l’histoire du parti d’extrême droite dirigé par le politicien anti-islam controversé Geert Wilders.

1. La victoire du parti PVV est grande et sans précédent

L’ampleur de la victoire du parti PVV de Geert Wilders a dépassé de loin ce que les sondages avaient prédit et a doublé le nombre de sièges qu’il a remportés au Parlement lors des dernières élections.

Non seulement il s’agit du meilleur résultat électoral du PVV, mais c’est aussi la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que le plus grand parti des Pays-Bas n’est pas issu de la famille des partis européens libéraux de centre-droit ou de centre-gauche.

Alors, comment Wilders a-t-il fait ? Il semble qu’il ait mobilisé ses électeurs de 2021 pour qu’ils se rendent aux urnes à nouveau, mais il semble également avoir convaincu les personnes qui se sont abstenues en 2021 et obtenu le soutien d’autres partis de droite.

2. Geert Wilders doit encore construire une coalition

Le politicien d’extrême droite anti-islam Geert Wilders a peut-être doublé les sièges de son parti au parlement néerlandais lors des élections de mercredi, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il deviendra Premier ministre.

Wilders devra former une coalition avec d’autres partis pour obtenir une majorité au Parlement (ou essayer de gouverner avec une minorité), et dans une politique qui implique toujours des compromis pour pouvoir travailler ensemble.

Le chef du parti Nouveau Contrat social, créé il y a seulement trois mois, s’est déclaré ouvert à des négociations avec Wilders. Le parti a remporté environ 20 sièges aux élections.

La coalition de centre-gauche composée du Parti travailliste et des Verts devrait remporter 26 sièges, mais son leader Frans Timmermans a déjà exclu de travailler avec Wilders.

« Nous ne formerons jamais une coalition avec des partis qui prétendent que les demandeurs d’asile sont la source de toute la misère », a déclaré Timmermans.

DOSSIER : Geert Wilders, législateur populiste néerlandais anti-immigration, au parlement de La Haye, septembre 2023
DOSSIER : Geert Wilders, législateur populiste néerlandais anti-immigration, au parlement de La Haye, septembre 2023

3. Informateurs et façonneurs – La politique néerlandaise est compliquée !

Le processus de formation d’un nouveau gouvernement commence lorsque tous les partis ont des discussions préliminaires pour explorer quelle combinaison de partis pourrait travailler ensemble pour atteindre le seuil de majorité magique de 76 sièges sur un parlement de 150 sièges.

La chambre basse nomme alors un « informateur », chargé de définir les contours possibles d’un accord de coalition. Jusqu’en 2012, cette personne était nommée par le Roi.

Lorsqu’il apparaît qu’un groupe de partis peut travailler ensemble, un « façonneur » est nommé – presque toujours la personne qui a remporté l’élection, qui commence le travail délicat de constitution d’un cabinet potentiel.

Les partis signent ensuite un accord de coalition et le nouveau gouvernement présente ses projets à la chambre basse, qui doit ensuite les voter lors d’un vote de confiance.

4. Il faudra probablement beaucoup de temps pour former un nouveau gouvernement

Le processus semble unique, les pourparlers de coalition seront difficiles, alors combien de temps tout cela pourrait-il prendre ?

La réponse : Longtemps.

Les partis néerlandais se battent généralement pendant des mois pour inclure autant de points que possible de leurs programmes dans l’accord de coalition, avant même le début de la course aux élections.

Après les élections de 2021, il a fallu un temps record de 271 jours pour former la coalition qui devait être la dernière du Premier ministre sortant Mark Rutte.

Cela pourrait prendre encore plus de temps cette fois-ci, car la plupart des analystes ne s’attendent pas à ce qu’un gouvernement soit formé avant l’été 2024.

En attendant, Mark Rutte et son gouvernement resteront aux commandes.

DOSSIER : Le leader d'extrême droite néerlandais Geert Wilders, à gauche, et le politicien anti-immigration belge Filip Dewinter s'exprimant au Parlement néerlandais, novembre 2017.
DOSSIER : Le leader d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, à gauche, et le politicien anti-immigration belge Filip Dewinter s’exprimant au Parlement néerlandais, novembre 2017.

5. Nexit : Geert Wilders veut un référendum pour quitter l’UE

Bien que forger des alliances et travailler ensemble au sein d’un gouvernement de coalition nécessitent des compromis, Geert Wilders a des projets politiques qui vont faire froid dans le dos en Europe, et se feront particulièrement sentir à Bruxelles.

Même si (jusqu’à présent) les Pays-Bas ne manifestent pas d’appétit particulier pour une sortie de l’UE, Wilders affirme vouloir organiser un référendum sur la « sortie » de l’UE.

Entre autres politiques controversées, il souhaite également un « arrêt de l’asile » et « pas d’écoles islamiques, de Corans et de mosquées », bien qu’il se soit engagé mercredi soir à ne pas enfreindre les lois néerlandaises ni la constitution du pays qui consacre la liberté de religion et d’expression.

Geert Wilders est également un fervent partisan d’Israël et préconise le déplacement de l’ambassade des Pays-Bas de Tel-Aviv à Jérusalem et la fermeture du poste diplomatique néerlandais à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne.

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