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Bastien

445 000 € d’amende pour cette action sur la dune qui scandalise

Le 22 août, la cour d’appel de Montpellier a confirmé une condamnation lourde à l’encontre de deux sociétés héraultaises, gestionnaires d’un camping à Palavas-les-Flots, ainsi que de leur président. Le montant de l’amende s’élève à 445 000 euros, soit 145 000 euros de plus que lors du premier jugement rendu en mars 2019. Cette décision fait suite à des travaux réalisés sans autorisation, ayant entraîné une dégradation significative d’une dune côtière et de l’écosystème qui y était associé.

Les faits remontent à l’hiver 2017. Sur une bande de 450 mètres de littoral, les exploitants avaient utilisé un bulldozer pour désensabler la zone, en dépit des avertissements formulés par l’Office français de la biodiversité. Cette intervention a conduit à la destruction de l’habitat d’une espèce protégée, l’euphorbe peplis, une plante rampante présente sur le sable, protégée depuis 1982 en France.

L’euphorbe peplis, un indicateur de la pression humaine

Discrète et pourtant précieuse, l’euphorbe peplis est emblématique de la fragilité du littoral méditerranéen. Cette plante, dont les populations se sont effondrées depuis les années 1970, est victime du développement touristique et de la mécanisation du nettoyage des plages. Sa disparition ne se résume pas à une simple perte floristique : elle marque la disparition de la banque de graines stockées dans le sable, c’est-à-dire une perte potentiellement irréversible de biodiversité.

L’affaire ne s’arrête pas là. D’autres infractions, cette fois au Code de l’urbanisme, ont été retenues : installation illégale d’environ vingt mobil-homes, construction de chalets en bois et de terrasses fixes. Ces aménagements, réalisés en zone naturelle, renforcent le caractère illégal et dommageable de l’opération.

Un cordon dunaire menacé, un climat en danger

Pour l’Office français de la biodiversité, cette décision constitue une sanction exemplaire, à la hauteur des enjeux. Le cordon dunaire, trop souvent perçu comme une simple bande de sable, est en réalité un rempart naturel contre l’érosion côtière et la montée des eaux liées au changement climatique. Sa protection revêt donc un intérêt stratégique à long terme pour les territoires littoraux.

Constituée partie civile dans ce dossier, l’association France Nature Environnement (FNE) a demandé la réparation du préjudice écologique, dont l’examen est prévu pour le 14 janvier 2024. Ce volet pourrait donner lieu à de nouvelles obligations de restauration écologique, et marquer un précédent juridique important.

Dans un contexte où la pression sur les espaces naturels s’intensifie, cette affaire met en lumière la nécessité de faire respecter le droit environnemental. Elle rappelle aussi que les actes d’aménagement, même à petite échelle, peuvent avoir des conséquences majeures sur des écosystèmes déjà fragilisés. La justice, ici, a envoyé un signal fort : la nature n’est pas un terrain vague, mais un bien commun à préserver avec rigueur.

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