La demande de combustibles fossiles pourrait culminer d’ici la fin de la décennie, mais le monde doit soutenir la transition vers les énergies propres pour garder les objectifs climatiques en vue.
La demande mondiale pour tous les combustibles fossiles pourrait culminer avant la fin de la décennie, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Publié aujourd’hui, le rapport annuel World Energy Outlook de l’agence révèle que l’essor « phénoménal » des technologies d’énergie propre comme l’énergie solaire, éolienne, les voitures électriques et les pompes à chaleur est en passe de remodeler la façon dont nous alimentons tout, des maisons aux véhicules et aux usines.
D’ici 2030, avec dix fois plus de voitures électriques en circulation dans le monde, l’énergie solaire pourrait produire plus d’électricité que l’ensemble du système américain actuel et les énergies renouvelables pourraient représenter 50 % du mix énergétique mondial.
Depuis 2020, les investissements dans les énergies propres ont augmenté de 40 pour cent. Cette augmentation n’est pas uniquement due à la volonté de réduire les émissions de carbone, selon l’AIE. Les facteurs économiques ainsi que le désir de créer des emplois verts et le besoin de sécurité énergétique renforcent la dynamique.
« La transition vers une énergie propre est en cours dans le monde entier et on ne peut l’arrêter », déclare Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.
« La question n’est pas de savoir si, c’est simplement de savoir dans combien de temps – et le plus tôt sera le mieux pour nous tous. »
Ces augmentations sont basées sur la politique gouvernementale actuelle, qui est souvent en retard par rapport aux plans déclarés des pays. Mais la transition vers une énergie propre pourrait se produire plus rapidement si les engagements nationaux en matière d’énergie et de climat étaient tenus intégralement et à temps.
Des politiques plus fortes sont nécessaires pour maintenir les objectifs de l’Accord de Paris à portée de main
Le rapport révèle que des politiques beaucoup plus fortes sont nécessaires pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C. Malgré un pic potentiel d’ici 2030, la demande de combustibles fossiles devrait rester bien trop élevée pour maintenir les objectifs de l’Accord de Paris, selon l’AIE.
Cela risque non seulement d’aggraver les impacts climatiques après une année de chaleur record, mais compromet également la sécurité du système énergétique, qui a été construit pour un monde plus frais et avec moins de conditions météorologiques extrêmes.
Infléchir la courbe des émissions vers une trajectoire compatible avec un réchauffement de 1,5°C est encore possible – mais très difficile. Le coût de l’inaction pourrait toutefois être énorme, les émissions mondiales restant sur la bonne voie pour atteindre un réchauffement d’environ 2,4°C au cours de ce siècle.
Le Dr Birol estime que les gouvernements, les entreprises et les investisseurs doivent soutenir les transitions énergétiques propres plutôt que de les entraver.
« Les avantages offerts sont immenses, notamment de nouvelles opportunités industrielles et de nouveaux emplois, une plus grande sécurité énergétique, un air plus pur, un accès universel à l’énergie et un climat plus sûr pour tous. »
Chaque pays a sa propre voie à suivre mais la coopération internationale est « cruciale pour accélérer les transitions vers les énergies propres », ajoute-t-il.
« Tout cela souligne l’importance vitale de redoubler de collaboration et de coopération, et non de s’en écarter. »
Une coopération mondiale est nécessaire face aux tensions croissantes
La vitesse à laquelle les émissions diminuent dépend de notre capacité à financer des solutions durables qui répondent à la demande croissante en énergie dans les économies à la croissance la plus rapide du monde, selon le chef de l’AIE.
À l’heure où les tensions géopolitiques s’accentuent au Moyen-Orient, l’attention se porte une fois de plus sur la sécurité énergétique. Le monde est encore sous le choc de la crise énergétique mondiale déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a entraîné une instabilité et une hausse des factures énergétiques.
Les affirmations selon lesquelles le pétrole et le gaz représentent des choix sûrs pour l’avenir énergétique et climatique mondial semblent « de plus en plus faibles », selon le Dr Birol.
Le rapport de l’AIE affirme que cela souligne une fois de plus les « fragilités de l’ère des combustibles fossiles », soulignant les avantages du passage à un système énergétique plus durable. Les marchés énergétiques extrêmement volatils ont montré l’importance de garantir un approvisionnement abordable, fiable et résilient.