Stylisée et simplifiée, l’effigie de Frida Kahlo se retrouve désormais sur des t-shirts, des sacs fourre-tout, des masques pour les yeux, des coques de téléphone, des gants de cuisine et des pots de fleurs.
Cette année marque le 70e anniversaire de la mort de Frida Kahlo. Cette artiste provocatrice et révolutionnaire a inspiré des générations de créateurs et propulsé l’art mexicain sous les projecteurs.
Mais parfois, il semble que son plus grand héritage soit la valeur marchande de son visage – et de ses sourcils.
Stylisée et simplifiée, l’effigie de Frida Kahlo se retrouve désormais sur des t-shirts, des sacs fourre-tout, des masques pour les yeux, des coques de téléphone, des gants de cuisine et des pots de fleurs.
Alors qu’est-ce qui a rendu son apparence si commercialisable ?
Qu’est-ce que Fridamania ?
Il n’est pas rare de voir un autoportrait d’artiste imprimé sur un vêtement, un sac ou un accessoire. Mais chez Frida Kahlo, ce ne sont pas seulement ses représentations autobiographiques, psychologiquement profondes, qui ornent cadeaux et gadgets.
Des lèvres rouges, des yeux noirs, un mono-sourcil et des cheveux noirs parsemés de fleurs : on sait instantanément qu’il s’agit de Frida Kahlo, même avec un style minimaliste. Dès les années 1970, son image était placardée sur les panneaux publicitaires et intégrée dans la création de mode.
Aujourd’hui, au-delà des artisans d’Etsy, des entreprises comme Forever 21, Mattel, le créateur de Barbie, et Vans proposent des produits à son effigie.
Cette fusion entre son œuvre et son apparence réelle l’a transformée en une image de statut quasi-culte. Son look bohème et audacieux, fait de couleurs éclatantes et de compositions florales, se prête assurément à devenir un motif accrocheur et reproductible.
Ses sourcils touffus et ses représentations austères et impitoyables d’elle-même s’accordent également avec le rejet actuel des normes de beauté artificielles et conformistes. Avoir le visage de Frida Kahlo sur votre sac à main implique que vous soutenez les valeurs de beauté naturelle et sans rasage.
Ou peut-être la voyez-vous comme la figure de proue des marginaux.
« J’avais l’habitude de penser que j’étais la personne la plus étrange du monde », aurait-elle dit. « Lisez ceci et sachez que, oui, c’est vrai, je suis là et je suis tout aussi étrange que vous. »
Frida Kahlo, une figure culte
Pour les connaisseurs de sa vie, le choix de porter le visage de l’artiste suggère également un soutien à une figure emblématique en tant que porte-étendard du courage et de la bravoure des femmes face à l’adversité.
À l’âge de 18 ans, Frida Kahlo a vécu un accident qui a bouleversé sa vie. « Elle était dans un bus à Mexico quand un tramway l’a percuté. Une rampe en métal lui a transpercé l’abdomen et sa colonne vertébrale a été brisée en trois endroits. Personne ne pensait qu’elle survivrait ou qu’elle pourrait à nouveau marcher », raconte sa biographe Stephanie Mencimer.
Mais Frida ne s’est pas laissée empêcher de commencer à peindre, même lorsqu’elle était enfermée dans un moulage en plâtre sur tout son corps.
La vie qui a suivi a été une série d’expériences tragiques et traumatisantes, notamment des liaisons conjugales, des divorces et des problèmes de santé débilitants.
Cela a fait de Frida Kahlo l’archétype de l’artiste troublée et souffrante et l’a mythifiée en une figure d’héroïne culte.
Certains universitaires comme Margaret A. Lindauer ont soutenu que cela a déformé l’appréciation de son art où il existe une « association biunivoque des événements de la vie à la signification d’un tableau ».
Mais pour son image, cela signifie qu’elle est devenue d’autant plus emblématique et commercialisable en masse, accumulant toutes sortes de significations symboliques, allant de l’émancipation des rôles de genre à l’ambassadrice de la pilosité faciale.
Cela dit, la commercialisation de son image, qui apparaît désormais sur presque tous les types de produits fabriqués en série, l’a éloignée de ses significations les plus profondes, de sorte qu’elle n’existe plus que comme un symbole stylé et cool.
Selon les auteurs du site Messy Nessy, elle est devenue « un modèle à l’emporte-pièce d’elle-même, tout en réalisant des bénéfices pour le genre de sociétés capitalistes dont l’artiste n’aurait pas voulu ».
