Protesters scatter as Kenyan police spray water canon at them during a protest over proposed tax hikes in a finance bill in downtown Nairobi, Kenya on Tuesday

Jean Delaunay

Le Parlement du Kenya incendié après que les manifestations contre des modifications fiscales controversées se soient transformées en émeutes

Une partie du bâtiment du Parlement à Nairobi a été incendiée par des manifestants qui ont réussi à s’y introduire à la suite de manifestations rassemblant des milliers de personnes, tandis que des rapports indiquent que plusieurs cadavres sont visibles dans les rues de la capitale kenyane.

Une partie du bâtiment du Parlement kenyan a été incendiée mardi alors que des milliers de manifestants contre un nouveau projet de loi de finances entraient dans le bâtiment, ce qui constitue l’attaque la plus directe contre le gouvernement depuis des décennies.

Les journalistes de Nairobi ont fait état d’au moins trois cadavres à l’extérieur du complexe où la police avait ouvert le feu sur les manifestants.

Ils avaient exigé que les législateurs votent contre un projet de loi controversé imposant de nouveaux impôts à un pays où les frustrations liées au coût de la vie laissent mijoter depuis des années.

Les manifestants ont déjoué la police pour entrer au Parlement peu après que les politiciens ont voté en faveur de l’adoption du projet de loi.

Les députés ont fui par un tunnel, mais les manifestants ont autorisé les députés de l’opposition qui avaient voté contre le projet de loi à sortir du bâtiment assiégé.

Des manifestants se dispersent alors que la police kenyane les asperge d'eau lors d'une manifestation contre les hausses d'impôts proposées dans un projet de loi de finances au centre-ville de Nairobi, au Kenya, mardi.
Les manifestants se dispersent alors que la police kenyane leur asperge un canon à eau lors d’une manifestation contre les hausses d’impôts proposées dans un projet de loi de finances au centre-ville de Nairobi, au Kenya, mardi.

Le bureau du gouverneur de Nairobi, membre du parti au pouvoir, aurait également été en feu. Situés près du Parlement, des canons à eau de la police étaient utilisés pour éteindre l’incendie.

On pouvait entendre les manifestants crier : « Nous venons pour chaque homme politique ».

Les policiers ont été critiqués par la Commission des droits de l’homme du Kenya. Ils ont publié une vidéo des autorités tirant à balles réelles et lançant des grenades lacrymogènes sur des manifestants qui se faisaient soigner dans une tente médicale installée dans une église près du complexe parlementaire.

La Commission a déclaré que les officiers seraient tenus responsables.

Cet incident survient après la mort de deux personnes lors de manifestations similaires la semaine dernière.

Plus de 50 personnes « enlevées »

La présidente de la Kenya Law Society, Faith Odhiambo, a affirmé mardi que 50 personnes, dont son assistante personnelle, avaient été « enlevées » par des personnes soupçonnées d’être des policiers.

Parmi les personnes portées disparues figureraient des personnes qui se sont fait entendre lors des manifestations et ont été emmenées hors de leur domicile, de leur lieu de travail et de leurs espaces publics avant les manifestations de mardi, ont indiqué des groupes de la société civile.

La police anti-émeute kenyane arrête mardi un homme lors d'une manifestation contre les hausses d'impôts proposées dans un projet de loi de finances à Nairobi.
La police anti-émeute kenyane arrête mardi un homme lors d’une manifestation contre les hausses d’impôts proposées dans un projet de loi de finances à Nairobi.

La police n’a pas immédiatement répondu aux appels sollicitant des commentaires. Le président du Parlement, Moses Wetangula, avait demandé à l’inspecteur général de la police de fournir des informations sur le sort des personnes enlevées, selon l’opposition.

Le président kenyan William Ruto ont assisté à une retraite de l’Union africaine à l’extérieur de la capitale pendant le chaos, selon certaines informations.

Dimanche, il s’est dit fier des jeunes qui étaient venus exercer leur devoir démocratique et qu’il discuterait avec eux de leurs préoccupations.

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