The sun sets over the buildings of the banking district, rear left, and the European Central Bank, front right, in Frankfurt, Germany, Wednesday, Sept. 11, 2024.

Jean Delaunay

La BCE va-t-elle encore baisser ses taux d’intérêt en octobre ? Les analystes s’expriment

Les analystes sont divisés sur la question de savoir si la BCE va à nouveau baisser ses taux en octobre, certains s’attendant à une pause jusqu’en décembre. Les facteurs clés sont les pressions salariales, les données sur l’inflation et les prix du pétrole. La plupart s’accordent sur un assouplissement progressif, avec de nouvelles baisses probables jusqu’en 2025.

La Banque centrale européenne (BCE) a procédé jeudi à une baisse de taux très attendue, abaissant son taux de dépôt clé de 25 points de base à 3,5 %, marquant ainsi la deuxième réduction du cycle actuel, après une mesure similaire en juin.

Cette décision, prise à l’unanimité par les membres du Conseil des gouverneurs, représente « une nouvelle étape dans la modération du degré de restriction de la politique monétaire », selon le communiqué officiel de la BCE.

Alors que les perspectives économiques restent inchangées par rapport aux prévisions de juin, l’attention se porte désormais sur la prochaine réunion de la BCE, le 17 octobre, avec des spéculations croissantes sur la question de savoir si une nouvelle baisse des taux sera sur la table.

Des analystes d’institutions financières de premier plan offrent leurs points de vue sur la voie probable à suivre.

La BCE a annoncé sa baisse des taux en septembre : quelle est la prochaine étape ?

Bill Diviney, responsable de la recherche macroéconomique chez ABN Amro

Diviney observe que la BCE garde ses options ouvertes concernant une nouvelle baisse des taux en octobre.

Il note que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’a donné aucune indication claire sur les décisions futures lors de la récente conférence de presse, ce qui contraste avec les réunions précédentes où elle a minimisé la probabilité de décisions imminentes. Cela, suggère-t-il, laisse la porte ouverte à de nouvelles réductions.

L’économiste souligne par ailleurs que plusieurs rapports économiques à venir, comme les chiffres de l’inflation de septembre et les chiffres de l’indice PMI de la zone euro, pourraient influencer la prochaine décision de la BCE. Il souligne également que « les prix du pétrole sont nettement inférieurs à ceux prévus dans les projections de septembre », ce qui pourrait conduire à une prévision d’inflation plus basse et à une position plus accommodante.

Diviney s’attend à « des réductions supplémentaires de 25 pb lors de chacune des réunions d’octobre et de décembre », si les données correspondent à ces attentes.

Carsten Brzeski, responsable mondial de la macro-économie du groupe ING

Brzeski souligne que la BCE s’appuie sur une approche réunion par réunion, où les décisions dépendent fortement des données. Il suggère que la prochaine baisse est peu probable en octobre, et qu’elle « semble plutôt probable en décembre ».

Brzeski fait également remarquer que, malgré la possibilité d’une « certaine hésitation », la BCE pourrait éventuellement devoir adopter des réductions plus agressives, mais pas avant 2025.

Il ajoute que les négociations salariales en Allemagne et la hausse des anticipations de prix de vente signalent des pressions inflationnistes continues, rendant peu probables des baisses de taux agressives à court terme.

Selon lui, la banque centrale « n’a pas l’habitude de prévoir une hausse de l’inflation », et elle fera donc preuve de prudence avant de mettre en œuvre des mesures plus agressives. En fin de compte, il pense que la BCE attendra que les tendances inflationnistes soient plus claires avant de s’engager à accélérer le rythme des réductions.

Roberto Coco, stratège en chef chez BBVA Madrid

Coco souligne la confiance de Lagarde dans les prévisions d’inflation de la BCE, qui prévoient que l’inflation atteindra l’objectif de 2% d’ici fin 2025.

Cette perspective à long terme plaide en faveur de nouvelles baisses de taux, mais il ne prévoit pas de réduction rapide et mécanique à chaque réunion.

L’analyste suggère plutôt que la BCE pourrait adopter une approche plus flexible, avec des pauses dans les baisses de taux lors de certaines réunions.

Il prévoit une « pause accommodante » en octobre, suivie d’une nouvelle baisse en décembre. Le stratège estime que même si de nouvelles baisses sont probables, la BCE ne suivra pas nécessairement une trajectoire rigide, permettant des ajustements en fonction de l’évolution des conditions économiques.

Ruben Segura-Cayuela, économiste européen à Bank of America

Segura-Cayuela soutient que « la barre pour une baisse en octobre est très haute », étant donné l’absence de signaux clairs de la part de la BCE sur sa prochaine décision.

Il note que Lagarde a pris soin de ne fournir aucune indication concrète lors de sa récente conférence de presse, réitérant que la récente réduction n’était qu’une « étape » dans un processus plus large.

Malgré cela, Segura-Cayuela s’attend à ce que la BCE accélère éventuellement son cycle de réduction, mais pas dans un avenir immédiat.

Il prévoit que d’ici mars 2025, la BCE pourrait adopter « une baisse par réunion », sous l’effet d’une baisse des pressions inflationnistes. Il prévient toutefois que le moment de cette accélération est incertain, la probabilité d’une baisse en octobre paraissant faible, sauf en cas de détérioration significative des données économiques.

Sven Jari Stehn, économiste chez Goldman Sachs

Stehn soutient que « la croissance modérée, les nouveaux progrès sur l’inflation sous-jacente et le ralentissement de la croissance des salaires » conduiront probablement à une troisième baisse des taux de 25 pb en décembre.

Il s’attend à ce que la réunion de décembre comprenne une révision à la baisse des perspectives d’inflation, renforçant la nécessité d’un assouplissement continu de la politique monétaire.

L’économiste prévoit une série de baisses successives en 2025, ramenant les taux à un niveau final de 2 % d’ici juillet. Son point de vue s’aligne sur un consensus plus large selon lequel la BCE continuera de réduire ses taux, même progressivement, à mesure que l’inflation diminue et que la croissance reste modeste.

Octobre est un mois difficile à déterminer, décembre est plus probable

Alors que la BCE a fait un nouveau pas vers l’assouplissement de sa politique monétaire, les perspectives d’une nouvelle baisse lors de la réunion d’octobre restent incertaines.

Les analystes sont divisés, beaucoup considérant décembre comme un moment plus probable pour la prochaine étape, d’autant plus que les prévisions économiques mises à jour devraient montrer une inflation plus faible.

Des facteurs clés tels que les pressions salariales, les données sur l’inflation et la croissance influenceront fortement la prise de décision de la BCE dans les mois à venir.

Toutefois, la plupart s’accordent à dire que malgré un rythme potentiellement plus lent à court terme, la voie à long terme reste celle d’un assouplissement continu, avec des réductions plus agressives prévues jusqu’en 2025.

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