Les visiteurs pourront consulter la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts, signée en 1539 par François Ier, ainsi que recevoir des recommandations de lecture personnalisées provenant d’une machine à intelligence artificielle.
Un nouvel espace culturel entièrement dédié à l’origine et à l’évolution de la langue française ouvre ses portes en France.
Le Centre international de langue française a été installé dans le cadre magnifiquement restauré du château de Villers-Cotterêts dans l’Aisne.
Après avoir servi d’atelier, d’hôpital militaire et de maison de retraite jusqu’en 2014, l’ancienne résidence de chasse du roi François Ier a connu une remarquable transformation ces trois dernières années.
« Ce n’est pas seulement pour ceux qui parlent français, c’est aussi pour ceux qui l’apprennent ou tout simplement pour ceux qui aiment la culture française sous tous ses aspects, y compris le son de la langue », explique Paul Rondin, directeur de l’International French Language Centre.
Un projet de rénovation majeur
Dans cette commune de 10 000 habitants, située à 80 kilomètres de Paris, Emmanuel Macron, alors candidat, avait découvert l’état de délabrement de ce château Renaissance en 2017.
Une fois élu, il confie au Centre des Monuments Nationaux (CMN) sa transformation en « château de la Francophonie ».
Plus de 210 millions d’euros ont été investis, ce qui en fait le deuxième plus grand projet culturel du président Macron après Notre-Dame de Paris.
L’initiative est profondément ancrée dans l’histoire de Villers-Cotterêts, où François Ier signa en 1539 l’ordonnance imposant l’usage du français dans les documents administratifs et où est né Alexandre Dumas.
Cependant, cela revêt également une importance politique dans une région marquée par la désindustrialisation, le chômage et le vote d’extrême droite.
À quoi s’attendre du centre de langues
« Onomatopée », « bizarre », « spoiler », « absurdité » : en pénétrant dans ce château qui n’avait jamais été ouvert au public, le visiteur découvrira un « ciel lexical » dans la Cour du Jeu de paume.
Les mots suspendus ont été choisis en collaboration avec les riverains.
L’escalier du Roi, avec son magnifique plafond à caissons, vestige original de la décoration intérieure, mène, avec la chapelle et l’escalier de la Reine, à une exposition permanente présentant la diffusion de la langue française dans le monde, ses processus de standardisation et la diversité de ses usages.
Les visiteurs peuvent entrer dans une « bibliothèque magique » cubique contenant des milliers de livres et recevoir des recommandations de lecture personnalisées provenant d’une machine à intelligence artificielle.
Des écrans présentent des acteurs exécutant des acrobaties linguistiques et proposent des tests d’orthographe interactifs.
« Ce n’est pas un musée, et cela veut dire que nous avons la responsabilité ici à la Cité internationale de montrer le langage en train de se transformer, c’est aussi pour cela qu’il y aura des chercheurs et des artistes ici », explique le directeur du centre, Paul Rondin.
Il ajoute : « J’espère qu’on pourra évoluer, faire évoluer un certain nombre de choses sur la question du genre par exemple. Mais ça vaut aussi pour l’acceptation de nouveaux mots dans la langue française. Je dirai encore une fois : nous ne défendons pas la langue, nous l’accueillons.
Expositions, performances, résidences d’artistes et de chercheurs animeront le lieu.
Un objectif « très ambitieux » de 200 000 visiteurs par an a été fixé, avec l’assurance de Marie Lavandier, la directrice du « Centre des monuments nationaux », que tout est fait pour que les résidents locaux puissent accéder au centre sans barrière financière.