La dette de la France est passée de 1 000 milliards d’euros en 2003 à 3 000 milliards d’euros cette année. Ce qui s’est passé?
Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré vouloir réduire la dette du pays, qui s’élève à plusieurs milliards d’euros, en commençant par lancer le plan budgétaire 2024 qu’il a présenté en septembre.
La dette française a atteint la barre des 3 000 milliards d’euros début 2023, soit l’équivalent de 112 % de son PIB. Il a atteint son premier billion il y a 20 ans, en 2003.
La France n’est pas seule dans ce cas. Avec la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et la Belgique, c’est l’un des pays de l’UE et de la zone euro dont la dette est supérieure à 100 % de leur PIB respectif.
Cela signifie-t-il que leurs dettes apparemment exorbitantes sont hors de contrôle ?
D’où vient la dette nationale ?
La dette publique est l’accumulation de déficits publics au fil des années.
Cela signifie qu’un État dépense plus qu’il ne gagne et finit par devoir de plus en plus d’argent au fil du temps.
Les autorités françaises, comme les gouvernements du monde entier, ont dépensé d’énormes sommes d’argent public pour contrebalancer les effets négatifs de plusieurs crises.
L’exemple le plus récent en est la crise de l’énergie et du coût de la vie déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a entraîné d’importantes dépenses publiques pour amortir les dommages causés aux ménages et à l’économie, mais aussi par la pandémie de COVID-19 et la crise financière de 2008.
À qui est dû l’argent ?
Lorsqu’un couple contracte un prêt hypothécaire pour acheter une maison, il doit la somme empruntée, majorée des intérêts, à sa banque.
C’est un peu plus compliqué lorsqu’il s’agit d’argent public, dû par des organismes publics.
Plus de la moitié de la dette française est détenue par des entités étrangères, dont 15 % par la Banque centrale européenne (BCE).
Celui-ci est assez simple à comprendre, dans la mesure où les banques centrales et les fonds d’investissement étrangers prêtent régulièrement de l’argent aux gouvernements.
Ensuite, environ un quart est détenu par des entités françaises au travers d’actions, d’obligations ou d’actions, le reste étant détenu par diverses agences d’assurance et de crédit.
Rembourser l’argent
La dette de la France n’est pas viable, car rembourser des sommes aussi importantes est pratiquement impossible. Cela équivaut à ce que chaque citoyen français rembourse 45 000 € – un montant important, bien qu’il soit dérisoire en comparaison de la dette américaine ventilée par citoyen.
Cela prendra du temps, car les titres de créance peuvent être émis pour une durée allant jusqu’à 50 ans. Même si le ministre des Finances Le Maire déclare vouloir œuvrer à une réduction de la dette en 2024, cela nécessiterait des coupes drastiques dans les dépenses publiques.
Il n’existe pas de solution universelle en matière de dette publique.
Une part importante de cette somme est remboursée par l’épargne et l’assurance-vie des citoyens – comme au Japon, le pays développé avec la dette la plus élevée (plus de 250 % de son PIB).
Les trois dernières années de crises consécutives ont été particulièrement difficiles pour les populations et les gouvernements.
Alors que l’inflation montre des signes encourageants, indiquant qu’elle a dépassé son pic, avec des taux de chômage faibles et des taux d’intérêt potentiellement bientôt abaissés par les banques centrales, les États pourraient bénéficier d’un certain soulagement et être en mesure de freiner leurs dépenses publiques.
Des milliards de dettes mais dignes de confiance
Augmenter sa dette ne signifie pas que la France ne rembourse pas activement ses cotisations existantes.
La France est toujours considérée comme digne de confiance par les agences de notation financière : malgré plusieurs crises sociales et épisodes de violence, sa relative stabilité politique et sa crédibilité grâce au respect des remboursements passés rendent le pays attractif pour les investisseurs – y compris ceux qui peuvent prêter de l’argent.
D’autres pays européens très endettés, comme l’Italie et la Grèce, ne bénéficient pas d’une telle confiance.
De nombreux pays, comme les États-Unis, ont une dette élevée par rapport à leur PIB. Toutefois, les économies fortes restent attrayantes et les députés continuent de voter des budgets dont les dépenses dépassent les revenus.