Avec des données montrant un taux incroyablement élevé d’abus sexuels sur des enfants dans la famille, le gouvernement français a subi d’intenses pressions pour durcir les sanctions juridiques contre les auteurs d’inceste.
Le gouvernement français a lancé mardi une grande campagne pour lutter contre l’inceste et les violences sexuelles dont sont victimes 160 000 enfants chaque année.
La télévision locale devrait également diffuser un film documentaire et une fiction sur ce sujet longtemps tabou.
Selon la secrétaire d’État à l’Enfance Charlotte Caubel, cette campagne, la première du genre en France, « parle de chiffres – un enfant est agressé sexuellement toutes les trois minutes – et met en avant les traumatismes : ce sont des actes qui détruisent les enfants.
« C’est la première fois qu’un gouvernement utilise le mot ‘inceste’ dans une campagne, la première fois qu’il parle de violences sexuelles au sein de la famille », a-t-elle déclaré.
Cette campagne nationale, qui démarre mardi sur les réseaux sociaux et dans les médias avant d’apparaître dans les lieux publics et les cinémas, a été recommandée par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles contre les enfants (Ciivise), qui a participé à sa conception.
Caubel s’est rendu mardi au 119-Enfance, accompagné du porte-parole du gouvernement Olivier Véran et de l’actrice Muriel Robin, à l’affiche du film sur l’inceste « Les yeux grands fermés », diffusé sur TF1 en octobre. .
Le 24 septembre, M6 diffusera un documentaire de l’actrice Emmanuelle Béart, qui donne la parole à des adultes – dont elle-même – victimes d’inceste dans leur enfance.
Intitulé « Un silence si retentissant », le film de Béart ne nomme pas son agresseur, même si l’actrice de « Mission Impossible » a clairement indiqué que ce n’était pas son père, affirmant que ses parents et amis « n’avaient pas remarqué » ce qui se passait jusqu’à elle. grand-mère l’a « sauvée ».
À l’air libre
« C’est une campagne courageuse, qui ne cherche pas à minimiser la réalité, la peur ou la souffrance d’un enfant », a commenté le juge Edouard Durand, coprésident de la Ciivise, dont le nouveau rapport intérimaire est attendu prochainement.
« Il est vital que, à travers cette campagne, le gouvernement dise que ‘l’inceste existe’ et ‘c’est un problème public et non privé' », a ajouté le coprésident de Ciivise. « La tentation pour tout le monde est de dire ‘ça ne me regarde pas, je ne veux pas me mêler des affaires des autres' ».
La dernière campagne gouvernementale contre la criminalité pédophile remonte à 2002 et ne mentionnait pas l’inceste.
Les recherches de Civiise ont eu un impact majeur sur la politique française, le gouvernement prenant des mesures pour imposer davantage de mesures punitives contre les parents qui commettent des abus incestueux, tout en renforçant le soutien aux enfants victimes.
Parmi les initiatives visant à améliorer la situation figurent les « unités d’accueil et d’écoute » pédiatriques, qui rassembleront des médecins, des psychologues et des enquêteurs qualifiés pour décider de la manière dont les enfants victimes d’abus peuvent être traités et protégés.
« Selon les associations, un adulte sur dix a vécu l’inceste, ce qui fait que l’on croise chaque jour des personnes qui ont vécu l’inceste et d’autres qui l’ont commis », a déclaré le secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance.
« D’ici la fin de l’automne, personne ne devrait pouvoir dire ‘je ne savais pas, je n’avais pas conscience de l’ampleur de ces actes ni du traumatisme qu’ils provoquent’. Cela doit devenir le combat de tous. »