"N'oubliez pas l'Afghanistan", dit une des Afghanes évacuées vers la France

Jean Delaunay

« N’oubliez pas l’Afghanistan », dit une des Afghanes évacuées vers la France

La France a reçu lundi cinq femmes afghanes « menacées par les talibans ». Après des demandes répétées, il a créé un couloir humanitaire pour les femmes exclues de la vie publique, a déclaré un responsable.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les autorités talibanes ont imposé une interprétation stricte de l’islam, les femmes subissant le poids des lois que les Nations Unies ont qualifiées d’« apartheid de genre ».

Les femmes et les filles n’ont pas le droit de fréquenter l’école secondaire et l’université, ainsi que de visiter les parcs, les foires et les gymnases.

Ils ont également pour la plupart été empêchés de travailler pour des agences des Nations Unies ou des ONG, et des milliers d’entre eux ont été licenciés de leurs emplois gouvernementaux ou payés pour rester chez eux.

Le chef des services français de l’immigration, Didier Leschi, a déclaré à l’AFP que, par décret présidentiel, « une attention particulière est portée aux femmes qui sont en premier lieu menacées par les talibans parce qu’elles ont occupé des postes importants dans la société afghane… ou ont des contacts étroits avec des Occidentaux ».

« C’est le cas de cinq femmes qui arriveront aujourd’hui », a déclaré Leschi.

Parmi ces femmes figurent un ancien directeur d’université, un ancien consultant d’une ONG, un ancien présentateur de télévision et un enseignant d’une école secrète de Kaboul.

L’une des femmes était accompagnée de trois enfants.

Ebrahim Noroozi/Copyright 2022 L'AP.  Tous droits réservés.
Arefeh, 40 ans, une Afghane sort d’une école clandestine, à Kaboul, en Afghanistan, samedi 30 juillet 2022.

Les femmes n’avaient pas pu quitter l’Afghanistan par pont aérien vers les pays occidentaux lorsque les talibans sont revenus au pouvoir en 2021.

Ils ont fui vers le Pakistan voisin où ils ont trouvé refuge temporairement. De là, les autorités françaises ont organisé leur évacuation, a indiqué Leschi.

Une fois arrivés en France, ils seront enregistrés comme demandeurs d’asile et bénéficieront d’un logement pendant que leur demande de statut de réfugié sera examinée, a déclaré Leschi.

« Dur combat » pour les visas

Leschi a déclaré que de telles évacuations étaient « susceptibles de se répéter » pour d’autres femmes afghanes présentant un profil similaire.

Cependant, Delphine Rouilleault, responsable de l’ONG France Terre D’Asile travaillant pour les réfugiés, a déclaré que ces évacuations n’étaient « pas le fruit d’une décision politique » mais qu’elles avaient été obtenues « après un dur combat » pour obtenir des visas pour eux.

Ebrahim Noroozi/Copyright 2022 L'AP.  Tous droits réservés.
Arefeh, 40 ans, une Afghane sort d’une école clandestine, à Kaboul, en Afghanistan, samedi 30 juillet 2022.

Les femmes seront dans un premier temps hébergées dans un centre géré par son organisation, qui se mobilise depuis des mois pour l’évacuation d’un plus grand nombre de femmes afghanes confrontées à une situation similaire.

Rouilleault a déclaré que « des centaines » de femmes afghanes se « cachaient » au Pakistan.

Mi-2021, le président français Emmanuel Macron avait promis que la France serait « aux côtés des Afghans ». Les autorités françaises affirment que près de 16 000 personnes ont été évacuées d’Afghanistan depuis.

Une ONG œuvrant en faveur des réfugiés et demandeurs d’asile afghans, Accueillir les Afghanes, avait déploré en avril que les femmes afghanes, notamment celles célibataires, soient en grande partie abandonnées et avait demandé à Paris de mettre en place un programme « d’urgence » pour les accueillir.

Laisser un commentaire

13 + sept =