Les nouveaux manuels d’histoire destinés aux lycéens ont été critiqués pour des allégations de partialité et de distorsion des événements.
Les établissements d’enseignement russes célèbrent traditionnellement la Journée du savoir le 1er septembre. Cette année, tout a commencé par une cérémonie solennelle, avec le lever du drapeau et le chant de l’hymne national. Il y a de nombreux changements dans le processus éducatif, mais les plus évoqués sont les nouveaux manuels d’histoire pour les lycéens. Ces manuels ont été critiqués pour leurs prétendus préjugés et distorsions des événements.
La propagande russe dans les programmes scolaires
L’auteur principal du manuel est Vladimir Medinsky, collaborateur du président russe Vladimir Poutine. L’ONG internationale Amnesty International affirme que le nouveau manuel est rempli de propagande officielle.
« Les auteurs tentent de justifier les actions illégales de la Russie, depuis l’annexion de la Crimée en 2014 jusqu’à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022 », explique l’organisation.
Le paragraphe sur l’Opération militaire spéciale (SVO) s’ouvre sur une citation du président Poutine : « Nous n’avons déclenché aucune hostilité, nous essayons d’y mettre fin.
Et les auteurs du manuel décrivent l’objectif du SVO comme étant « la défense du Donbass et la garantie préventive de la sécurité de la Russie ».
« Le manuel cache la vérité et déforme les faits sur les graves violations des droits humains et les crimes de guerre commis par les troupes russes contre les Ukrainiens », a déclaré Anna Wright, spécialiste de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale à Amnesty International.
Les auteurs du manuel ne cachent pas son orientation idéologique
Medinsky affirme que les manuels visent à présenter le point de vue de l’État russe.
« Le matériel s’adresse aux écoliers, aux parents et aux enseignants… il présente le point de vue de la communauté académique à travers le prisme de la position de l’État sur l’actualité », explique-t-il.
« L’Occident est responsable de tout. »
Le manuel présente la Russie comme la victime d’une conspiration occidentale et affirme que l’Occident veut déstabiliser la Russie. Il décrit également l’Ukraine comme un « État ultra-nationaliste » et qualifie la révolution de Maidan de 2014 de « coup d’État militaire » et de « rébellion sanglante ».
Qu’attendent les Moscovites des nouveaux manuels scolaires ?
Mais que pensent les Russes eux-mêmes des nouveaux manuels scolaires ?
Elena : « Vérité. Nous attendons des enfants qu’ils sachent comment c’est vraiment arrivé. Même si quelque chose n’allait pas, mais qu’ils leur disent comment c’était vraiment.
Catherine : « J’ai entendu parler de faits déformés dans les manuels d’histoire, si je ne me trompe pas. Mais je n’ai pas abordé le sujet, pour être honnête. Donc je ne dirai rien dans ce cas. Mais, bien sûr, je je ne voudrais pas que les faits historiques soient déformés ».
Ivan : « Je pense que les spécialistes qualifiés qui ont participé à l’élaboration de ce manuel ont fait du bon travail et il sera intéressant pour les enfants d’étudier l’histoire de tous les événements qui ont eu lieu récemment dans notre pays et dans les régions voisines et des pays ».
Le manuel a réécrit des chapitres sur les événements les plus importants du 20e siècle. On parle peu de la répression stalinienne d’après-guerre, mais le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev est durement critiqué dans le contexte de la perestroïka et présenté comme un dirigeant incompétent.
Le livre reprend une opinion exprimée par le président russe Poutine. En particulier, sa déclaration selon laquelle l’effondrement de l’Union soviétique était le plus grand désastre géopolitique du siècle. Le livre aborde également les inquiétudes concernant le retrait des entreprises occidentales de la Fédération de Russie à cause de la guerre :
L’année prochaine, de nouveaux manuels d’histoire seront publiés pour les niveaux 5 à 9.
NVP revient dans les écoles
Et à partir du 1er septembre, le module élémentaire de formation militaire reviendra dans les écoles et sera obligatoire dans tous les établissements d’enseignement russes. Le programme enseignera aux lycéens comment utiliser un fusil d’assaut Kalachnikov et des grenades.
L’utilisation de drones a également été incluse dans le programme scolaire : les écoliers apprendront les bases de l’utilisation des drones au combat.
« Parler de choses importantes »
Cette année universitaire verra également la poursuite des soi-disant « Conversations sur des choses importantes ». Selon les autorités, l’objectif principal de ces cours est de développer le patriotisme, l’éducation civique et l’éveil historique. Les cours sont élaborés par le ministère de l’Éducation.
