Après plus de 20 accidents de train survenus à travers la Pologne ces dernières semaines, les autorités pensent avoir découvert qui était à l’origine des perturbations sur les réseaux ferroviaires.
Après qu’un train à destination de Varsovie ait déraillé le week-end dernier, et quelques heures plus tard deux autres ont heurté un camion de livraison et un cargo – suivis par d’autres accidents dans les jours suivants – les autorités polonaises ont d’abord cru qu’un sabotage russe était en cours.
Le réseau ferroviaire polonais est un élément crucial de la chaîne de livraison de tout, de l’aide humanitaire aux armes de l’OTAN destinées à l’Ukraine, et un itinéraire clé pour les personnes voyageant à destination et en provenance du pays, y compris les dirigeants mondiaux tels que le président américain Joe Biden.
Pendant ce temps, les saboteurs russes ont réussi à tout déclencher, depuis des coupures d’électricité jusqu’à la perturbation des communications par satellite en Ukraine. C’est pourquoi l’incident a été initialement qualifié d’« attaque hybride ou cyberattaque ».
Mais après des enquêtes menées par l’Agence polonaise de sécurité intérieure, il semble que des passionnés de radio locale utilisant du matériel amateur aient réussi à copier le signal de freinage utilisé pour contourner les fonctions manuelles du conducteur du train et forcer les trains à s’arrêter brusquement, provoquant les accidents.
« Équipement de sabotage d’AliExpress »
Les médias polonais rapportent que l’équipement utilisé pour le sabotage peut coûter moins de 30 euros et peut être trouvé sur des sites Web tels qu’AliExpress.
Les forums ferroviaires et les comptes YouTube destinés aux passionnés de train discutent longuement du phénomène depuis plusieurs années.
Selon eux, les trains utilisent un système radio qui n’est protégé par aucun cryptage ni aucune autre barrière d’accès. N’importe qui peut émettre une série de trois fréquences à 150 mégahertz, et lancer la commande radio-stop.
Les autorités polonaises ont annoncé leur intention d’introduire d’ici 2025 des radios cellulaires GSM-R, qui sont cryptées et ne peuvent pas être aussi facilement sabotées.
La société ferroviaire du pays n’a pas encore mis en œuvre les systèmes destinés à inclure le réseau polonais dans la sécurité routière européenne.
L’un de ces systèmes est l’ETCS, utilisé pour contrôler le mouvement des trains. Le second est le GSM-R, qui servirait également de système de communication numérique pour les chemins de fer. Ni l’une ni l’autre n’ont été pleinement mises en œuvre jusqu’à présent.
Le système actuel, bien que facile à saboter, permet également aux autorités de retrouver plus facilement les auteurs puisque les saboteurs devraient être physiquement proches des trains dont ils souhaitent perturber les signaux.
Dimanche, deux hommes d’une vingtaine d’années ont été arrêtés à Białystok après avoir émis le signal depuis un endroit fixe dans le nord-est du pays. L’une des deux personnes arrêtées était un policier et les autorités ont lancé une procédure de licenciement à son encontre.
Les autres saboteurs possibles sont toujours à l’étude, car il est possible que ce signal soit émis par des appareils radio portables, ce qui signifie que les auteurs pourraient s’éloigner de l’endroit où ils ont émis la fonction d’arrêt radio.
Selon les statistiques officielles, il y a eu plus de 500 incidents d’abus d’arrêts radio en 2021 et jusqu’à 700 en 2019.
