Peux-tu te présenter, toi et ton parcours, en guise d’introduction ?
Je m’appelle Pierre Rakotovao, j’ai 28 ans et je suis co-fondateur d’Idopia.
J’ai grandi à Paris et j’ai fait mes études d’économie et de finance à Londres. J’y ai passé 8 ans, car j’ai commencé ma carrière professionnelle là-bas.
Après avoir passé quelque temps en finance de marché, j’ai décidé de rentrer en France pour monter Idopia.
Tu es donc à la tête d’Idopia. Peux-tu nous expliquer le concept de « un jour, un débat » ? Comment cela fonctionne-t-il ?
Exactement, je suis rentré en France avec un de mes meilleurs amis, Boni Reiffers (qui est aujourd’hui mon associé) pour monter Idopia. C’est un réseau social qui permet aux milléniaux et au gen-Z de débattre chaque jour sur un sujet à impact.
Le fonctionnement est simple : chaque jour, nous lançons un débat à l’écrit sur un sujet à impact. Tout le monde peut participer anonymement en exprimant ses convictions, en posant des questions en répondant ou en votant pour les idées les plus pertinentes.
Chaque débat ne dure que quelques heures, et à la fin, notre algorithme nous permet de faire ressortir les grandes idées et tendances sur le sujet.
Les meilleurs contribuants sur chaque sujet seront récompensés pour leurs participations et mis en avant.
Comment l’idée d’Idopia a-t-elle émergée ? Quelles en sont les valeurs ?
Avec Boni, nous sommes partis d’une problématique simple qui est que la nouvelle génération a de plus en plus besoin de s’exprimer et veut avoir son mot à dire dans le développement de la société de demain. Beaucoup de jeunes sont pleins de convictions sur des sujets aussi fort que l’écologie, la sécurité, les inégalités (…) mais ne se sentent, pour la plupart, pas entendus, ni représentés.
L’idée d’Idopia est née sur un principe de liberté d’expression et d’intelligence collective. Nous avons voulu créer un environnement où les gens peuvent exprimer leurs convictions sans être jugés, s’informer de manière ludique, et devenir force de propositions pour les décisions à venir.
Nous avons souhaité, dans un monde ou la vidéo et l’audio prennent l’ascendant, miser sur l’écrit car nous pensons que c’est LA bonne manière de structurer ses idées, d’arriver à des solutions concrètes et de transmettre clairement sa pensée.
Comment imagine-tu le futur d’Idopia ?
C’est assez compliqué à dire, et cela dépendra principalement de ce que voudront nos utilisateurs et utilisatrices.
Mais dans un monde idyllique, nous aimerions être la plateforme de discussions de référence pour tout sujet d’actualité, nous aimerions permettre à nos politiques d’utiliser notre plateforme pour échanger directement avec la population, nous aimerions faire ressortir des idées intelligentes, novatrices et structurées sur chaque sujet.
En résumé, nous souhaitons devenir le lieu de prédilection pour que chaque personne ayant des idées, des convictions, des questions ou des réflexions puisse s’exprimer librement et être entendu dans une atmosphère sympathique, ouverte, bienveillante et donc non-anxiogène.
Comment percevez-vous la relation entre les jeunes et la politique à l’heure actuelle ?
Je pense que c’est une vaste question, qui nécessite de définir ce que nous considérons être « la politique ».
Comme je le disais tout à l’heure, il y a énormément de jeunes qui ont des convictions sur des sujets phares faisant partie de la vie politique de notre pays (comme l’écologie), cependant, il semblerait que beaucoup se désengagent du système politique de nos pays. Un taux d’abstention qui augmente chroniquement et un manque de connaissances sur le rôle des différentes entités politique de notre pays. Par exemple, beaucoup de jeunes ne comprennent pas l’intérêt de voter aux régionales ou même aux législatives. Pourtant, nous n’avons jamais été aussi informés ou connecté qu’aujourd’hui.
Nous pouvons ressentir que les jeunes ont un réel besoin de s’exprimer, mais ne se reconnaissent probablement pas dans le système politique actuel.
Après, c’est une simple perception et je suis loin d’avoir trouvé la solution à cet enjeu.
Existe-t-il, selon vous, quelque chose comme une « crise » de l’intérêt politique caractéristique de la nouvelle génération ?
Cette question se rapproche, pour moi, beaucoup de la précédente. Je ne pense pas qu’il y a une crise de l’intérêt politique. Je pense simplement que chaque génération a ses combats et ses outils, et que le système politique français ne s’est probablement pas encore assez adapté à la nouvelle génération. Cela n’empêche pas que la nouvelle génération à des convictions et qu’elle est prête à se battre pour ses dernières.
La problématique, je pense, est que nous sommes la génération de l’immédiateté, ou tout peut s’obtenir en quelques clics, ou nous avons accès à de nouveaux contenus chaque seconde, ou nous pouvons nous faire livrer n’importe quoi en quelques minutes, et où nous avons l’impression que nous pouvons devenir riches en très peu de temps (crypto, nfts, startups, Instagram,…)…
Quand un jeune va voter aujourd’hui, il a l’impression que peu importe qui est élu, cela ne changera rien pour lui. Il ne voit pas la conséquence immédiate de son vote, il ne voit pas de résultat suffisamment rapidement et donc, il ne comprend plus l’intérêt d’aller voter.
Je pense que notre génération doit comprendre que changer les choses à l’échelle d’un pays prend plus de temps qu’une livraison Amazon Prime. Et c’est à nos politiques et à notre système éducatif de mieux enseigner l’intérêt de notre système politique, l’importance du vote, la notion de démocratie et le fonctionnement de nos différentes entités.