La pollution de l’air constitue une plus grande menace pour la santé mondiale que le tabagisme, l’alcool, l’eau sale ou même la malnutrition infantile.
Plus dangereuse que le tabac ou l’alcool, la pollution de l’air est exacerbée dans certaines régions du monde, notamment en Asie et en Afrique, selon une étude publiée aujourd’hui.
« La pollution atmosphérique particulaire reste le plus grand risque externe pour la santé humaine au monde », indique le rapport publié par l’Energy Policy Institute de l’Université de Chicago (EPIC).
Malgré cela, les fonds alloués à la lutte contre la pollution de l’air ne représentent qu’une infime fraction de ceux consacrés aux maladies infectieuses par exemple.
Les particules fines sont causées par les incendies, l’activité industrielle et les véhicules motorisés. Ils sont cancérigènes et augmentent le risque de maladies pulmonaires, de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.
Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 36 % des cancers du poumon sont liés à ces émissions, tout comme 34 % des accidents vasculaires cérébraux et 27 % des maladies cardiaques.
Le respect du seuil d’exposition aux particules fines de l’OMS augmenterait l’espérance de vie mondiale de 2,3 ans, estime l’EPIC, sur la base des données collectées en 2021.
L’Europe de l’Est plus exposée à la pollution atmosphérique que ses voisins occidentaux
« 98,4 % de l’Europe ne respectent toujours pas les nouvelles directives de l’OMS de 5 μg/m3 », indique le rapport.
De manière générale, la qualité de l’air s’est améliorée au cours des dernières décennies en Europe. Mais tous ces efforts sont menacés, entre autres, par le nombre croissant d’incendies de forêt dans le monde – provoqués par la hausse des températures et des sécheresses plus fréquentes, liées au changement climatique – qui provoquent des pics de pollution atmosphérique.
Mais la situation varie à travers l’Europe : « Les habitants de l’Europe de l’Est vivent 7,2 mois de moins que leurs voisins occidentaux en raison d’un air plus sale », affirment les scientifiques de l’EPIC.
La vallée du Pô, au nord de l’Italie, est un exemple de zone très polluée. L’espérance de vie des résidents pourrait s’améliorer de 1,6 an si les niveaux de pollution respectaient les directives de l’OMS.
La Bosnie-Herzégovine reste le pays le plus pollué d’Europe, où les habitants perdent 1,8 année de leur vie.
Six pays absorbent les trois quarts de l’impact de la pollution atmosphérique mondiale.
Le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, la Chine, le Nigeria et l’Indonésie sont les pays les plus touchés. Leurs habitants « perdent un à plus de six ans de vie à cause de l’air qu’ils respirent », explique le rapport.
New Delhi reste la mégapole la plus polluée au monde, avec un taux annuel moyen de particules fines dépassant 126,5 μg/m3. L’OMS recommande de maintenir la qualité de l’air en dessous de 5 μg/m3.
La Chine, quant à elle, travaille sur la qualité de son air. Il a permis de réduire la pollution moyenne de 42,3 % entre 2013 et 2021. « Le citoyen chinois moyen peut s’attendre à vivre 2,2 ans de plus, à condition que les réductions soient soutenues. Cependant, la pollution en Chine est encore six fois supérieure aux lignes directrices de l’OMS », déclare le rapport EPIC.
Peu de mesures internationales pour lutter contre la pollution de l’air
Ce qui n’améliore pas la situation, selon les scientifiques de l’EPIC, c’est que de nombreux pays pollués ne disposent pas d’infrastructures de base en matière de pollution atmosphérique.
L’Asie et l’Afrique « contribuent à 92,7 % des années de vie perdues à cause de la pollution, alors que seulement 6,8 et 3,7 % des gouvernements d’Asie et d’Afrique, respectivement, fournissent à leurs citoyens des données entièrement ouvertes sur la qualité de l’air ».
Alors que le Fonds mondial consacre 3,7 milliards d’euros à la lutte contre le VIH, la tuberculose ou le paludisme, il n’existe aucun plan international de ce type pour lutter contre la pollution atmosphérique. Et pourtant, la pollution de l’air est plus mortelle pour les personnes vivant en République démocratique du Congo ou au Cameroun que le VIH, le paludisme ou d’autres maladies.