Une lettre consultée par L’Observatoire de l’Europe affirme que l’opposition du ministre israélien de la diaspora, Amichai Chikli, à l’accord de cessez-le-feu et son « soutien » aux politiciens européens d’extrême droite font de lui un orateur principal « inapproprié ».
Plus de 40 proches d’otages israéliens capturés par le Hamas en octobre 2023 ont protesté contre le projet de faire prendre la parole au ministre israélien des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, lors d’un événement organisé par deux députés européens (eurodéputés).
Dans une lettre adressée aux députés européens Lukas Mandl et Andrey Kovatchev – qui siègent au Parti populaire européen (PPE) de centre-droit – 41 proches des otages ainsi que 32 dirigeants de la communauté juive décrivent Chikli comme un « représentant inapproprié » pour prendre la parole à l’événement de commémoration de l’holocauste devrait avoir lieu la semaine prochaine.
Les signataires citent son opposition à l’accord de cessez-le-feu, son « soutien » aux politiciens européens d’extrême droite et ses déclarations publiques appelant à l’expulsion des habitants de Gaza et du sud du Liban, qui, selon eux, équivaut à un soutien au « nettoyage ethnique ».
« Les positions extrémistes et conflictuelles du ministre Chikli ne reflètent pas les valeurs ou les voix du grand public israélien ou des communautés juives mondiales », peut-on lire dans la lettre.
« Au contraire, sa participation à cet événement risque d’éclipser le message vital de la conférence et de miner la crédibilité des efforts du Parlement européen pour lutter contre l’antisémitisme et la haine », ajoute-t-il.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et le président du Parti populaire européen (PPE), auquel appartiennent les législateurs, ont été copiés dans la lettre des proches.
L’Observatoire de l’Europe a contacté les deux députés européens organisateurs et le service de presse du Parlement européen, mais n’a pas reçu de réponse à temps pour la publication de cet article.
L’événement, prévu le mardi 28 janvier, est intitulé « Endoctriner la haine des Juifs : qu’est-ce qui a changé en 80 ans ? et aurait été organisé avec le soutien des députés européens Mandl et Kovatchev.
Le ministre Chikli devrait être l’orateur principal.
Chikli, originaire du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, aurait été parmi les huit membres du cabinet à voter contre un accord garantissant le cessez-le-feu actuel à Gaza et le retour progressif de l’otage israélien kidnappé par le Hamas le 7 octobre 2023.
Trois femmes israéliennes ont été libérées de captivité samedi dernier, le Hamas affirmant que quatre autres seront libérées au cours du week-end.
La lettre ouverte indique que les alliances étroites de Chikli avec les politiciens d’extrême droite européens « remettent en question sa crédibilité » en tant que ministre chargé des affaires de la diaspora. Dans de récents commentaires, Chikli a exprimé son soutien aux dirigeants européens d’extrême droite, notamment Marine Le Pen en France et Calin Georgescu en Roumanie.
« Sa présence à la conférence risque de légitimer des personnalités et des idéologies qui entrent en conflit avec les objectifs fondamentaux du Parlement européen », poursuit la lettre.
Le ministre Chikli a suscité la controverse en septembre lorsqu’il a appelé à une « zone tampon » dans le sud du Liban pour « repousser la population chiite ennemie », arguant que le Liban ne répondait pas à la définition d’un État.
« Nous vous appelons, en tant qu’organisateurs de cet événement important, à reconsidérer la participation du ministre Chikli », disent les signataires. « Sa présence ne sert pas la mémoire de l’Holocauste ni les principes communs de justice et de tolérance qui guident vos efforts et les nôtres. »