Par ANTHONY LATTIER
Avec ELISA BERTHOLOMEY et SARAH PAILLOU
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UN JADOT POUR LES GOUVERNER TOUS ? Trois jours après avoir dévoilé ses ambitions pour la mairie de Paris, Yannick Jadot a invité hier soir les quatre candidats à la primaire des Ecologistes pour les municipales, ainsi que les parlementaires Verts de la capitale, a appris Playbook auprès de deux participantes.
Dans un monde idéal, le sénateur de Paris aimerait que chacun se range derrière sa candidature, évitant ainsi de passer par la case primaire (votre infolettre vous l’expliquait mardi).
De ce qu’a compris votre infolettre : Jadot a exposé hier ce plan aux trois candidates présentes à la réunion (Fatoumata Koné, Aminata Niakaté et Anne-Claire Boux ; David Belliard était absent), mais sans les convaincre. La primaire, prévue pour mi-mars, est donc “toujours d’actualité pour le moment”, nous glissait l’une de nos sources, précisant que les discussions allaient quand même se poursuivre. Jadot devra-t-il, dans ces conditions, se résoudre à y participer ? A suivre, comme on dit dans ces cas-là. Bonjour à tous, nous sommes vendredi 24 janvier 2025.
BUDGET
ON PREND LES MÊMES… La haie du Sénat tout juste franchie, une autre, plus haute encore, se dresse à l’horizon dans le parcours du budget 2025 : la commission mixte paritaire. Autant vous y faire dès aujourd’hui, il sera beaucoup question de cette “CMP” dans les prochains jours. C’est au sein de ce conclave que sept députés et sept sénateurs tenteront, jeudi prochain, de trouver un accord sur la copie finale du projet de loi de finances qui sera, le cas échéant, soumis au vote des deux chambres.
Les grandes manoeuvres ont donc recommencé pour tenter d’amadouer les socialistes afin qu’ils s’abstiennent de faire tomber le gouvernement lors du vote d’une motion de censure que tout le monde anticipe dans le cadre d’un déclenchement de l’article 49.3.
Pour que vous l’ayez en tête : dans le scénario où les groupes RN, UDR (ciottistes), Insoumis, Ecologistes et communistes voteraient une motion de censure, il suffirait qu’une vingtaine de socialistes (sur 66 élus) l’approuvent eux aussi pour faire tomber le gouvernement. Ceci sans prendre en compte le choix des élus Liot et non-inscrits. Gloups.
C’est reparti. D’où, donc, la reprise dès mercredi soir des négociations entre les parlementaires PS et les ministres de Bercy. Les socialistes ont fait passer une première liste de courses. “Nous attendons un retour”, nous indiquait un participant. Vous ne serez pas surpris en lisant que “le texte en l’état” susciterait la censure des socialistes.
A la rigueur. Les troupes d’Olivier Faure, qui se sont divisées sur la précédente motion de censure (avant de ne pas la voter majoritairement), ont, depuis, été échaudées par l’avalanche de coupes intervenue lors de l’examen du budget au Sénat (on vous en parlait hier).
Ce qui a crispé aussi : que les sénateurs de droite et du centre rejettent le rétablissement des 4 000 postes d’enseignants sur lequel les socialistes avaient topé avec le gouvernement. “Il faut que Bayrou démontre qu’il peut tenir l’accord avec nous”, intimait un sénateur socialiste, au bout du fil avec Playbook, hier.
Dilemme. Même si elle se faisait moins entendre ces derniers jours, une fracture demeure au PS entre ceux qui veulent éviter à tout prix d’avoir à voter une censure et ceux qui y sont très favorables (et qui le font savoir).
Pas tout rose. Les seconds commencent à courir sur le haricot de certains des premiers : “Il n’y aura jamais de bon budget, forcément c’est un budget de droite !”, s’époumonait notre interlocuteur précité. Ce qu’il voulait dire : les socialistes ne seront jamais satisfaits de la copie finale et voteront contre, mais cela ne doit pas nécessairement entraîner une censure du gouvernement. La priorité est donc, à ses yeux, d’obtenir le plus de concessions possibles.
Pas convaincu par cette distinction, un élu pro-censure nous affirmait : “Quand on vote contre le budget au Sénat, je ne vois pas comment on ne peut pas censurer.”
PRÉSIDENCE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
ON POSE SAGES LÀ. Playbook n’en doute pas une seule seconde : vous n’en pouvez plus d’attendre le nom des nouveaux membres du Conseil constitutionnel, dont son président, puisque le mandat de l’actuel, Laurent Fabius, prend fin le 7 mars. Rassurez-vous, les propositions d’Emmanuel Macron et des deux chefs du Parlement, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, seront connues le 10 février, a annoncé hier cette dernière.
Pourquoi c’est importantissime : le mandat du futur numéro un des Sages, de neuf ans (2025-2034), s’étendra durant l’intégralité de celui du prochain chef de l’Etat (2027-2032) — qui pourrait être Marine Le Pen, ne peut s’empêcher d’envisager le camp macroniste. Surtout, nous a récemment signalé un proche de François Bayrou, le néo-chef du Conseil aura à répondre à une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui pourrait bien avoir un impact sur l’avenir politique de… Marine Le Pen.
Kézaco. D’ici au 27 mars, le Conseil doit répondre à une QPC — une démarche visant à interroger la constitutionnalité d’une loi appliquée lors d’un procès, en l’occurrence celui d’un conseiller municipal de Dembéni, à Mayotte. Cette saisine devrait conduire les Sages à donner leur avis sur les modalités d’application d’une peine d’inéligibilité à titre provisoire, selon les explications du constitutionnaliste Benjamin Morel au Figaro.
Souvenez-vous : c’est précisément la menace qui pèse sur Marine Le Pen. Dans le cadre du procès sur l’affaire des assistants d’eurodéputés du Front national (ex-Rassemblement national), le parquet a requis mi-novembre d’interdire à la triple candidate à la présidentielle de se présenter à une élection, avec “exécution provisoire”. Ce qui signifierait que la peine, si le tribunal suivait cette demande lors de son délibéré le 31 mars, s’appliquerait immédiatement, même en cas d’appel. La patronne RN pourrait alors être empêchée de se présenter en 2027.
Last but not least. Le futur positionnement du Conseil constitutionnel pèsera donc sûrement sur la décision printanière des juges de Marine Le Pen, estimait Benjamin Morel. Notamment parce que c’est le Conseil qui, in fine, décidera si Le Pen peut ou non se présenter à la prochaine présidentielle. Les Sages sont en effet chargés de valider les candidatures à l’élection-reine. Ils auront donc éventuellement à se prononcer sur la portée de l’exécution provisoire de l’inéligibilité qui aurait été prononcée contre un candidat (ou une candidate).
Pense-bête. Les prétendants désignés par le trio Macron-Larcher-Braun-Pivet (un chacun, le président potentiel du Conseil étant choisi par le chef de l’Etat) seront ensuite entendus par les parlementaires. Les commissions des Lois de chaque Chambre peuvent, aux trois cinquièmes des suffrages exprimés, retoquer le candidat de leur président respectif. Pour refuser celui du PR, le vote négatif de trois cinquièmes des deux commissions est nécessaire. Ces auditions devraient avoir lieu le 19 février, selon un proche de Yaël Braun-Pivet.
Casting. Emmanuel Macron hésiterait entre trois noms, d’après Le Figaro : l’ex-président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, proche d’entre les proches ; les conseillers d’Etat Jean-Denis Combrexelle et Bruno Lasserre.
AUSSI DANS L’ACTU
BOYARD ASSEZ FORT ? Avant le premier tour des municipales de dimanche à Villeneuve-Saint-Georges, Louis Boyard a reçu le coup de pouce du chef : Jean-Luc Mélenchon y a tenu un meeting à ses côtés hier soir, conférant une dimension nationale à ce scrutin anticipé. Du haut de ses 24 ans, le député Insoumis s’est lancé à la conquête de cette ville de 35 000 habitants, la plus pauvre du Val-de-Marne, à la suite de démissions en cascade de la majorité sortante divers droite (le maire Philippe Gaudin se représente).
LFI la joue solo. En présentant sa propre liste, alors que celle du communiste Daniel Henry est soutenue par le reste de la gauche, La France insoumise affiche ses ambitions en vue des prochaines municipales de 2026, élections sur lesquelles le mouvement ne misait guère jusqu’à présent. Un cadre Insoumis, interrogé hier, se montrait prudent sur la réussite de l’opération : “Sur le papier, on a nos chances mais c’est très difficile à prévoir.” Comme toujours dans une élection anticipée, la participation jouera un rôle encore plus déterminant. Vous en apprendrez plus ici ou là.
PHILIPPE AGACE. “Les 500 signatures nécessaires pour être candidat à la présidentielle, on les a depuis longtemps”, a soufflé cette semaine un “cadre” de Horizons et donc, vraisemblablement, un proche d’Edouard Philippe à La Dépêche du Midi. L’idée, à l’approche du premier congrès interrégional d’Horizons, ce dimanche, à Bordeaux (réunissant élus et sympathisants philippistes de cinq régions) : faire savoir que lui et les siens sont “prêts” pour l’élection suprême.
Péché d’arrogance typiquement… juppéiste, a grincé un cadre des Républicains auprès de votre infolettre cette semaine : quel besoin d’envoyer le message qu’il n’aura besoin de personne pour récolter ses précieux paraphes ? “S’il veut gagner, il va devoir rassembler tout le monde d’Attal à Retailleau”, pointait le même, convaincu toutefois que le maire du Havre reste le favori à ce stade pour représenter le “bloc central” — Républicains compris — à la présidentielle. A ce stade.
RETOUR À LA CAISSE DÉPART. Sept ans après un abandon en bonne et due forme, la “banque de la démocratie” a eu droit à son come-back dans la déclaration de politique générale de François Bayrou. Le Premier ministre, qui avait poussé cette idée en rejoignant Emmanuel Macron en 2017, remet ainsi sur la table le financement “par des organismes publics” des campagnes électorales, dépendantes des prêts bancaires.
Banque peu populaire. Si son duo de conseillers, Eric Thiers et Philippe Logak, commence à plancher dessus, tout comme le député de droite Philippe Gosselin, ma collègue Judith Chetrit vous raconte ici (en accès libre) comment le passage à la pratique restera suspendu aux mêmes réserves d’hier ou aux préférences déjà bien arrêtées des partis politiques.
AUSSI À L’AGENDA
Elisabeth Borne visite l’Inria de Saclay avec Philippe Baptiste et Clara Chappaz. Les deux premiers cités se rendent ensuite au laboratoire d’optique et des sciences de l’Ecole polytechnique.
Manuel Valls échange avec Pascal Catto, secrétaire confédéral de la CFDT chargé des Outre-mer. Bruno Retailleau se rend à la direction des migrations de la préfecture des Yvelines. Il y tient une conférence de presse à 15h15 pour présenter la nouvelle circulaire relative aux orientations générales en matière d’admission exceptionnelle au séjour. Catherine Vautrin visite différents établissements pour l’aide à l’emploi dans l’Aisne, puis le CHU de Reims. Jean-Noël Barrot déjeune avec son homologue espagnol José-Manuel Albares-Bueno. Agnès Pannier-Runacher est à Hayange avec Philippe Tabarot pour assister à la signature d’un contrat de rails à faible empreinte carbone.
Annie Genevard visite les usines Charles et Alice et Andros dans la Drôme, puis elle se rend à celle de Danone en Isère. Elle termine son déplacement au Sirha de Lyon. Marie Barsacq discute avec Amélie Oudéa-Castera. Elle rend ensuite visite à France volontaires dans le Val-de-Marne. Sophie Primas visite un espace France services dans la Creuse, elle se rend aussi à l’usine de l’entreprise Atulam. François-Noël Buffet est à l’ouverture de la conférence de l’association Femmes de l’Intérieur. Yannick Neuder est à Marseille pour inaugurer la maison des femmes, puis il pose la première pierre du futur centre hospitalier d’Arles.
Charlotte Parmentier-Lecocq s’entretient avec Frédéric Souillot, Anne Baltazar et Laure Beyret de FO. Amélie de Montchalin reçoit Isabelle Jegouzo, directrice de l’agence française anticorruption. Marc Ferracci voit Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire. Il échange ensuite avec plusieurs chefs d’entreprises allemands.
Nathalie Delattre est à Bruxelles où elle rencontre Apostolos Tzitzikostas, commissaire européen au Transport durable et au Tourisme, puis Olivier Guersent, directeur général de la direction générale de la concurrence. Valérie Létard visite plusieurs projets de rénovation urbaine et énergétique en Savoie. Françoise Gatel est dans la Manche où elle visite une maison France services, une maison paramédicale et un lycée hôtelier.
Juliette Méadel est à Marseille où elle rencontre les jeunes de la mission locale. Puis elle échange avec Benoît Payan. Laurent Saint-Martin est à Toulouse où il déjeune avec Jean-Luc Moudenc puis il rencontre le directeur général d’Airbus Guillaume Faury. Thani Mohamed-Soilihi est à la cérémonie d’ouverture de la journée internationale de l’éducation à l’Unesco à 10 heures.
Yaël Braun-Pivet est dans le Loiret où elle visite un tiers lieu et une laiterie avant de participer à la cérémonie de vœux de la communauté de communes du Pithiverais.
Jordan Bardella participe aux vœux de Laure Lavalette dans le Var.
Samedi : Véronique Louwagie est à Lyon pour la vingt-deuxième édition du Sirha.
Jordan Bardella est à Morières-lès-Avignon pour une séance de dédicace.
Place publique inaugure ses nouveaux locaux dans le 9ème arrondissement de Paris en présence de Raphaël Glucksmann.
Dimanche : François-Noël Buffet est à Lyon pour l’inauguration du Mémorial de la Shoah. Nathalie Delattre est aussi à Lyon pour le Sirha, elle participe aux dîners des grands chefs. Françoise Gatel est à la cérémonie de vœux d’Etrelles.
Premier tour de l’élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges.
Horizons organise un congrès interrégional au Palais des Congrès de Bordeaux.
MATINALES
7h15. France 2 : Fanny Mietlicki, directrice de l’observatoire du bruit en Ile-de-France.
7h20. RFI : Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
7h30. Public Sénat : Pascal Savoldelli, sénateur communiste du Val-de-Marne et vice-président de la commission des Finances …
7h40. TF1 : Roland Lescure, vice-président EPR de l’Assemblée nationale … France 2 : Aurore Bergé, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes … RTL : Amir Reza-Tofighi, président de la CPME … RMC : Charles Wolf, directeur France de Sanofi.
7h45. Franceinfo : non communiqué … Radio J : François Lecointre, général des armées.
8h00. Public Sénat : Clara Chappaz, ministre chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique.
8h10. Europe 1/CNEWS : Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
8h15. France 2 : Christine Ockrent, journaliste … Radio Classique : Eric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël … RMC : Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap-Unsa justice.
8h20. France Inter : François Ruffin, député ES de la Somme et fondateur de Picardie debout !.
8h30. Franceinfo : Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics … BFMTV/RMC : Raphaël Glucksmann, député européen Place publique … LCI : Pascal Perrineau, politologue.
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Devoir de vigilance et reporting : la note de Paris à Bruxelles pour retarder le calendrier … Trump, von der Leyen, Sanchez : notre palmarès des speechs à Davos … Budget 2025 : alors, ces économies ? … Public-privé : un même transfert ne vaut pas forcément feu vert. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.
DANS LE JORF. Thibaut Zaccherini est nommé conseiller santé au cabinet de Catherine Vautrin. Philippe Rambal dirige le cabinet de Véronique Louwagie. Céline Bentz a rejoint l’équipe de Françoise Gatel comme conseillère en charge des élus locaux et de la coordination de France ruralités. Sakina Mouhamad conseille Thani Mohamed Soilihi en matière de coopération régionale, migrations, numérique et diplomatie féministe.
MÉTÉO. Il pleut à Londres pour le soixantième anniversaire de la mort de Winston Churchill.
ANNIVERSAIRES : Guillaume Larrivé, ancien député LR de l’Yonne … Jean-Charles Larsonneur, ancien député Horizons du Finistère … Bernard Perrut, ancien député LR du Rhône … Michelle Meunier, ancienne sénatrice PS de la Loire-Atlantique … Julie Rechagneux, eurodéputée RN.
Samedi : Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre … Benjamin Dirx, député EPR de la Saône-et-Loire … Vanina Paoli-Gagin, sénatrice LIRT de l’Aube … Philippe Paul, sénateur LR du Finistère … Jean-François Parigi, président LR du conseil départemental de Seine-et-Marne … Paul Midy, député Ensemble pour la République de l’Essonne.
PLAYLIST. In Every Dream Home A Heartache de Roxy Music.
Un grand merci à : Judith Chetrit, nos éditeurs Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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