Une centaine d’ONG demande aux banques et agences publiques de crédit à l’exportation soutenant le projet d’extraction de gaz naturel liquéfié (GNL) de TotalEnergies au Mozambique de cesser leur financement dans l’attente d’une enquête indépendante sur les exactions. commises à la lisière de la concession gazière.
Cette lettre ouverte, publiée ce mercredi 22 janvier, a été envoyée à une trentaine d’établissements en décembre, dont la Société Générale et le Crédit Agricole. Ils avaient jusqu’à vendredi dernier pour répondre.
Les deux banques françaises ont accusé réception de cette lettre. Dans leurs courriers, que nous avons pu consulter, ni le Crédit Agricole ni la Société Générale ne répondent sur le fond. La seconde se dit notamment tenue à des obligations de confidentialité ainsi qu’à des engagements contractuels.
L’Observatoire de l’Europe a révélé fin septembre l’ampleur d’un massacre commis par des soldats mozambicains en représailles contre des civils, depuis des conteneurs marquant l’entrée du site de Mozambique LNG.
Ces militaires appartenaient à la groupe de travail Payé par TotalEnergies. La major française a indiqué n’avoir, après « recherches approfondies », « identifié aucune information ou preuve susceptible de corroborer les allégations d’abus graves et de torture ».
La réponse de la majeur gazière soulève plusieurs questions, détaillent les ONG dans leur courrier : « Qu’est-ce que cela suggère quant à sa compétence et sa capacité à prévenir efficacement des violations aussi graves des droits de l’homme ? La déclaration de TotalEnergies selon laquelle il n’a pas été informé du massacre présumé at-elle pour mais d’éviter de rendre des comptes ?
Les associations réclament que l’enquête indépendante sur les violations des droits de l’homme soit menée par un organisme intergouvernemental, comme le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) ou la Commission africaine des droits de l’homme. homme et des peuples, écrivent les associations.
Début octobre, devant les investisseurs de TotalEnergies, son PDG, Patrick Pouyanné a déclaré vouloir relancer le projet et avoir réuni l’accord de presque tous ses soutiens financiers.
« Nous savons que TotalEnergies a pris contact avec ces banques et agences de crédit à l’exportation afin de s’assurer de leur soutien renouvelé en vue d’une levée de la force majeure », écrivent les ONG dans leur lettre. Elles y voient une « occasion » pour ces acteurs de « reconsidérer (leur) participation ».
« Ce projet à tout pour plaire, ironise Adam McGibbon, chargé de campagne chez Oil Change International : l’une des plus grandes attaques terroristes de l’histoire visant ses travailleurs, des allégations de torture, de meurtre et de viol autour du site du projet, un manque de compensation pour les populations locales, et une pollution climatique projetée plus importante que les émissions annuelles combinées de l’ensemble de l’Union européenne. Chaque mois, le tableau s’aggrave. Pourquoi quelqu’un voudrait-il financer ce projet ?