Attal conduit la métro

Martin Goujon

Concours d’épines

Le briefing politique essentiel du matin, par Elisa Bertholomey et Anthony Lattier.

Playbook Paris

Par ELISA BERTHOLOMEY

Nous sommes lundi 20 janvier 2025 et c’est le Blue Monday, cette journée considérée comme étant la plus déprimante de l’année par les as du marketing. Investiture de Donald Trump, guerre fratricide à gauche, horizon budgétaire obscur… oui, il y a du blues dans l’air.

Puisqu’on parle finances : Playbook vous signale cet entretien (gratuit, en anglais) accordé par l’ancien économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, à mon collègue Giorgio Leali. Vous y lirez notamment ce qu’il pense du budget de François Bayrou — “On ne fait absolument pas ce qu’il faut”. Youpi matin, tout va bien, demain c’est la journée des câlins, bon réveil à toutes et tous.

NOUVEAU FRONT POPULAIRE

VICTOIRE SANS LYES. Il y aura donc un député Insoumis de moins à l’Assemblée nationale. Sans surprise, la candidate Renaissance Camille Galliard-Minier a largement remporté l’élection législative partielle en Isère hier, avec 64,28% des voix contre 35,72% pour le candidat Nouveau Front populaire Lyes Louffok.

Décryptages. Sitôt le dépouillement terminé, les cadres du bloc central se sont empressés de donner une explication nationale à ce résultat. “Certaines victoires sont de grande signification, locale et nationale !”, a iXé François Bayrou, ponctuation exclamative à l’appui, donc. Son prédécesseur, Gabriel Attal, soulignait que “les extrêmes ont perdu deux sièges en deux élections” (la seconde étant la partielle dans les Ardennes en décembre). “C’est un désaveu pour Jean-Luc Mélenchon et la validation de ce qu’on a fait cette semaine”, insistait-on dans l’entourage de l’actuel Premier ministre. A savoir : trouver des compromis avec le PS.

Soupe à la grimace. A gauche, l’état d’esprit était forcément nettement moins à la bamboche. “Quelle défaite magistrale et quel gâchis !”, nous pianotait un socialiste plutôt tendance anti-Faure, écœuré des bisbilles entre La France insoumise et le Parti socialiste au moment de la désignation du candidat du NFP. “15 000 voix perdues en six mois. Ne changeons rien, fonçons droit dans le mur !”, critiquait François Ruffin sur X. Un parlementaire du parti à la rose n’était pas loin d’avoir la même interprétation : “Les aboiements de LFI cette semaine n’ont pas aidé”, glissait-il dans notre oreille.

ŒIL POUR ŒIL. Il faut dire que les Insoumis et leur chef sont particulièrement remontés depuis que les députés socialistes ont décidé, en grande majorité, de ne pas censurer le gouvernement jeudi dernier (Dimanchissime vous résumait tout ça parfaitement ici). Hier encore, à la mi-journée, s’estimant “trahi”, Jean-Luc Mélenchon a remis un coup de bâton à ceux qu’ils ne considèrent plus comme ses “partenaires” et tout juste comme ses “alliés”.

Dent pour dent. Le triple candidat à la présidentielle s’exprimait quelques heures après la parution dans La Tribune Dimanche d’une interview de François Hollande. L’ancien président de la République n’y allait pas de main morte non plus contre son ancien camarade, le qualifiant de “Madame Irma” et critiquant la “position irrespectueuse et arrogante de LFI au sein du NFP”.

Perseverare diabolicum. Ce duel médiatique n’est en tout cas pas passé inaperçu dans l’écosystème socialiste où on se lassait de cette tendance de Mélenchon et Hollande à vouloir “reproduire un match éternel entre eux sur ce qui les a animés pendant 30 ans de vie politique”, s’agaçait un cadre.

Pas dupes, plusieurs des interlocuteurs de votre infolettre ne voyaient qu’une seule raison à ce qu’un député du parti à la rose qualifiait de “prise de parole prématurée” de François Hollande : le futur congrès du PS. Icelui doit, en théorie, avoir lieu cette année. Olivier Faure s’est engagé à ce que la date soit décidée en collaboration “avec les représentants des motions minoritaires”, nous glissait l’un des proches du premier secrétaire.

Oui, mais voilà : le Conseil national, instance qui doit décider de l’organisation du congrès, n’a toujours pas été convoqué. Par deux fois depuis début janvier, à coup d’interview, François Hollande a appelé Faure à en fixer la date au plus vite (ici et donc là) pour que ce grand raout ait lieu “avant l’été”.

Le plan H. D’ici là, celui qui est redevenu député de Corrèze continue de pousser ses pions dans l’optique de la présidentielle de 2027, et de dessiner sa ligne : la rupture avec LFI , “l’élargissement du PS” de Raphaël Glucksmann à Bernard Cazeneuve en passant par “les radicaux de gauche” et “les macronistes déçus”. Dit en d’autres mots : la “gauche réformiste” doit prévaloir sur la “gauche radicale”, affirme encore François Hollande.

L’âge de glace. Si l’ancien chef de l’Etat semble considérer (sans formellement l’acter) que le NFP et donc la perspective d’une candidature commune à toute la gauche en 2027 n’existent plus, tous ses condisciples socialistes ne sont pas de cet avis. “Il peut y avoir des dinosaures irréconciliables (Hollande et Mélenchon), mais les électeurs ne pratiquent pas cette théorie des gauches irréconciliables”, nous assurait un cadre socialiste joint à l’heure de l’apéro.

United colours of NFP. “La question est de savoir si on veut faire du rassemblement de la gauche une priorité politique et construire des alternatives en vue de la prochaine présidentielle”, renchérissait Pierre Jouvet, le numéro 2 du PS. Et le même de rappeler ceci : le parti fera tout pour “continuer ce travail de rassemblement de la gauche” et tenter de trouver “un candidat commun”.

INVESTITURE DE DONALD TRUMP

HERE WE ARE AGAIN. Tous les regards sont tournés en ce lundi matin vers Washington DC, où se tient l’investiture de Donald Trump. Mes collègues de L’Observatoire de l’Europe US sont bien évidemment à pied d’œuvre et ont prévu une large couverture de cet événement qui a, c’est vrai, presque un air de déjà-vu. Fort de sa victoire écrasante en novembre et l’esprit revanchard, le milliardaire américain s’apprête donc à retrouver la Maison-Blanche, quatre ans et quelques semaines après l’assaut du Capitole.

Demandez le programme. C’est le vice-président JD Vance qui prêtera serment le premier, vers 11h30 (17h30 heure de Paris), suivi de Donald Trump, une trentaine de minutes plus tard. Dans la foulée de l’assermentation du président de la Cour suprême, et, comme le veut la tradition, Trump prononcera son discours inaugural au Capitole pour présenter ses objectifs de mandat. Après les adieux officiels de Joe et Jill Biden, le nouveau président signera les nominations, puis il donnera le coup d’envoi du défilé présidentiel, qui partira du Capitole et descendra jusqu’à la Maison Blanche, en passant en revue les troupes.

Trombinoscope. Seront présents l’inévitable Elon Musk, le patron de Meta Mark Zuckerberg et le boss d’Amazon, Jeff Bezos. Du côté des invités étrangers, Donald Trump a, sans surprise, fait la part belle aux populistes d’extrême droite : Eric Zemmour et sa compagne, l’eurodéputée Sarah Knafo, l’Italienne Giorgia Meloni, ou encore le Hongrois Viktor Orbán seront de la partie.

Fin de règne. Avant de suivre les festivités qui démarreront à 9h30 heure de Paris, plongez-vous dans cet article (en anglais) qui racontent les dernières heures de la présidence Biden. Comme l’expliquent mes collègues américains ici également, le président démocrate risque de voir son héritage — remise sur pied économique du pays après la pandémie de Covid 19, lois pour l’environnement, soutien à l’Ukraine — fortement assombri par son incapacité à empêcher le retour aux affaires de Trump.

Le 47e président des Etats-Unis n’a d’ailleurs pas attendu la cérémonie protocolaire pour s’imposer comme le nouveau maître à bord. Ce dimanche, il a organisé un meeting pour galvaniser ses troupes et célébrer son arrivée au pouvoir. Et déjà annoncé plusieurs décisions qu’il prendra dès qu’il sera investi.

Un exemple tout frais ? Le Républicain vient d’empêcher l’interdiction de TikTok sur le territoire américain pourtant prévue par la loi. Pour connaître les détails, c’est ici  (en anglais, gratuit) ou bien là (chez Tech Matin, en français, pour les abonnés) que ça se passe.

VU DE BRUXELLES. L’Europe se prépare à ce que son unité soit mise à mal par son allié américain. Pas franchement fan de l’UE, Donald Trump compte jouer la carte bilatérale en négociant directement avec les gouvernements européens qu’il apprécie (comme l’Italie ou la Hongrie). Le président élu a déjà exprimé sa colère contre les Européens qui n’achètent pas assez à son goût de voitures et de produits agricoles américains. Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont le monde se prépare à gérer l’offensive commerciale de Trump, c’est par ici.

L’éléphant sur la Promenade. Pas besoin d’être devin pour supposer que l’arrivée de Trump au pouvoir sera l’un des sujets principaux de discussion à Davos où s’ouvre, aujourd’hui également, le Forum économique mondial. L’équipe de L’Observatoire de l’Europe, présente sur la Promenade, vous apportera toutes les nouvelles, les potins et un accès privilégié aux activités d’après-ski via notre bulletin d’information quotidien Global Playbook (inscrivez-vous ici), le podcast Power Play et bien plus encore.

**Débat sur l’IA – En direct depuis Davos. Le 21 janvier, assistez à un débat captivant, organisé sous forme Oxfordienne, sur la motion suivante : « Cette Assemblée estime que la seule façon de développer l’IA en toute sécurité est de mettre en place un interrupteur d’arrêt. » Inscrivez-vous dès maintenant pour suivre le débat en ligne et participer à la conversation sur l’avenir de la gouvernance et de la sécurité de l’IA.**

INFLUENCEURS

“PARLONS POLITIQUE” : c’est le titre de la première vidéo de l’année du youtubeur français le plus suivi, Tibo Inshape. Pendant 15 minutes face caméra, l’influenceur musculation partage en guise d’aguignettes les grandes lignes de ses opinions politiques : soutien à l’IVG et au mariage pour tous, défense d’une immigration “régulée” et opposition à la légalisation des drogues.

L’Observatoire de l’Europe a appris que le vidéaste de 32 ans, suivi par plus de 25 millions de personnes, a fait appel à un conseiller en communication de crise pour l’accompagner dans sa prise de parole, notamment sur la politique — sujet “qui le passionne”.

Dans le viseur des partis. Cet intérêt n’a pas échappé aux dirigeants de la droite et du centre dont Thibaud Delapart — de son vrai nom — semble se rapprocher. Comme n’ont pas manqué de le relever mes collègues Klara Durand et Victor Goury-Laffont, Laurent Wauquiez, président du groupe DR à l’Assemblée nationale, a ainsi retouité sans commentaire ladite vidéo. Klara et Victor vous racontent dans cet article (gratuit et en français) la politisation de l’influenceur.

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron se rend à Cesson-Sévigné, au Commandement de l’Appui Terrestre Numérique et Cyber pour la présentation de ses vœux aux forces armées. Le PR prononce son discours à 16h15. 

François Bayrou est à Pau pour présenter ses vœux au personnel de la mairie à 11 heures. 

Gérald Darmanin se déplace aux Emirats Arabes Unis durant trois jours pour renforcer la coopération judiciaire entre les deux pays. Il rencontre le ministre de la Justice à Abu Dhabi. Puis il se rend à Dubaï pour échanger avec les autorités de l’Emirat. Bruno Retailleau reçoit Fabien Roussel et d’autres représentants communistes à 19 heures pour des discussions sur la lutte contre le narcotrafic.

Catherine Vautrin continue de recevoir les forces politiques pour les discussions sur le PLFSS. Elle s’entretient avec les représentants du MoDem à 16 heures, puis ceux de l’UDR à 17h30. A 18h45 elle échange avec Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France. 

Marie Barsacq se déplace en Gironde où elle visite plusieurs établissements qui accompagnent des personnes en situation de handicap. François Noël Buffet est en Haute-Savoie, il participe à la cérémonie de remise de médailles de la sécurité intérieure et remise de galon à la préfecture. Yannick Neuder se rend à Grenoble pour un déplacement consacré à la lutte contre les fraudes.

Gérard Larcher s’entretient avec Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte à 15 heures. 

Assemblée nationale : ouverture des discussions en séance publique sur le PJL Mayotte à 16 heures. 

Sénat : suite des discussions sur le PLF à partir de 10 heures. 

Jean-Luc Mélenchon se rend à la cérémonie de vœux d’Aly Diouara à Bobigny. 

Ouverture du forum économique mondial de Davos. Il se tient jusqu’à vendredi. 

MATINALES

7h15. France 2 : Ludivine Gilli, directrice de l’observatoire d’Amérique du Nord à la fondation Jean Jaurès. 

7h30. Public Sénat : Mélanie Vogel, sénatrice Ecologiste représentant les Français établis hors de France.

7h35. France 2 : Jordan Bardella, président du RN et eurodéputé.

7h40. TF1 : Thierry Breton, ancien commissaire européen et ancien ministre de l’Economie …  RTL : François Hollande, ancien président de la République et député PS de la Corrèze … RMC : Bernard Martinot, économiste. 

8h00. Public Sénat : Eric Coquerel, président de la commission des Finances et député LFI de Seine-Saint-Denis.

8h10. Europe 1/CNEWS : Gérard Carreyrou, journaliste éditorialiste spécialiste des Etats-Unis. 

8h15. France 2 : Lydia Hadjara, autrice de J’étais son esclave.

8h20. France Inter : Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la commission européenne à la Prospérité et à la Stratégie industrielle. 

8h30. Franceinfo : Dominique de Villepin, ancien Premier ministre … BFMTV/RMC : Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères … Sud Radio : Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique … LCI : Pascal Boniface, directeur fondateur de l’Iris. 

CARNET

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Budget : un week-end façon massacre à la tronçonneuse au Sénat … Légion d’honneur, promo 2025 … Nouvelle victoire des “viandes” végétales, pas tirées d’affaire pour autant … Pour Blanchard, la France attend la correction (des marchés). C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

MÉTÉO. 4° et des nuages dans le ciel de Davos. 

ANNIVERSAIRES : Isabelle Valentin, ancienne députée LR de la Haute-Loire … Annick Jacquemet, sénatrice UC du Doubs … Cédric Perrin, sénateur LR du Territoire de Belfort … Nassimah Dindar, ancienne sénatrice UC de La Réunion … Mathieu Klein, maire PS de Nancy … Véronique Bédague, directrice générale de Nexity, ancienne directrice du cabinet de Manuel Valls.

PLAYLIST. Autre époque, autre président : l’hymne américain interprété par Beyoncé en 2013, lors de la deuxième investiture de Barack Obama.

Un grand merci à :  Victor Goury-Laffont et Klara Durand, nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Dato Parulava pour la mise en ligne. 

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