External photo of Euronext, the pan-European stock exchange in Paris, France. 2024.

Milos Schmidt

Les actions européennes atteignent leur plus haut niveau depuis 24 ans, le DAX établit de nouveaux records

Les marchés boursiers européens ont poursuivi leur rallye vendredi, les indices des grandes capitalisations atteignant des niveaux jamais vus depuis plus de deux décennies.

Les investisseurs sont de plus en plus optimistes quant à de nouvelles réductions des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne (BCE) et à une reprise plus forte que prévu en Chine, ce qui a contribué à contrebalancer les inquiétudes concernant la stagnation économique et les risques géopolitiques.

L’indice Euro STOXX 50, qui suit les 50 plus grandes sociétés de premier ordre de la zone euro, a gagné 0,6% dans les échanges matinaux, atteignant des niveaux observés pour la dernière fois en septembre 2000. Il est désormais prêt pour une quatrième séance consécutive de gains.

L’indice DAX allemand a atteint de nouveaux records, défiant le contexte économique plus large qui a vu la plus grande économie d’Europe sombrer dans la récession pour la deuxième année consécutive. Dans le même temps, l’indice italien FTSE MIB a également atteint son plus haut niveau depuis fin 2007.

Pourquoi les actions européennes rebondissent-elles malgré les vents économiques contraires ?

Les marchés boursiers européens se débarrassent des inquiétudes liées au ralentissement de l’économie, aux tensions géopolitiques et aux risques commerciaux, alimentées par plusieurs facteurs clés :

  1. Des baisses de taux de la BCE se profilent à l’horizon

Avec la stagnation de la croissance, les investisseurs parient sur de nouvelles baisses de taux d’intérêt de la part de la Banque centrale européenne.

Une baisse des taux de 25 points de base est déjà pleinement prévue pour la réunion de la BCE du 30 janvier, avec un assouplissement supplémentaire attendu plus tard dans l’année.

La baisse des taux d’intérêt a tendance à stimuler les actions, car l’assouplissement des conditions financières pour les entreprises peut améliorer leur croissance.

  1. Un positionnement sous-pondéré déclenche une pression

Les actions européennes étaient largement sous-pondérées par les investisseurs début 2025.

Selon l’enquête auprès des gestionnaires de fonds de Bank of America de décembre 2024, le positionnement des investisseurs sur les actions européennes était à son niveau de sous-pondération le plus élevé depuis 2022, lorsque la région était aux prises avec les retombées économiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Par rapport aux actions américaines, les allocations des investisseurs aux actions européennes étaient à leur plus sous-pondérée depuis juin 2012, au plus fort de la crise de la dette de la zone euro.

Un positionnement aussi extrême ouvre souvent la voie à de nets rebonds, car même des nouvelles légèrement positives peuvent déclencher une augmentation de la demande de la part des investisseurs cherchant à rééquilibrer leurs portefeuilles.

  1. Un euro plus faible stimule les exportations

L’euro est tombé sous 1,03 dollar, atteignant son plus bas niveau depuis novembre 2022.

Un euro plus faible offre un avantage concurrentiel aux entreprises européennes fortement exportatrices, en particulier dans des secteurs comme l’automobile, l’industrie et les produits de luxe.

Depuis la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines de novembre dernier, l’euro s’est déprécié d’environ 6 % par rapport au dollar.

Cette dépréciation pourrait compenser l’impact d’éventuels nouveaux droits de douane américains sur les produits européens. Si l’euro continue de s’affaiblir, cela pourrait même neutraliser les effets de la proposition de Trump d’augmenter les droits de douane de 10 % sur certaines importations européennes.

En outre, l’euro a également baissé par rapport au yuan chinois, atteignant son plus bas niveau depuis avril 2023. Cela rend les exportations européennes vers la Chine plus compétitives, apportant un soulagement supplémentaire aux fabricants du continent.

  1. L’économie chinoise rebondit plus vite que prévu

L’une des plus grandes surprises pour les investisseurs a été la vigueur de la reprise économique chinoise, qui n’a en grande partie pas été prise en compte dans les actions européennes.

Le produit intérieur brut de la Chine a augmenté de 5,4 % sur un an au quatrième trimestre 2024, dépassant à la fois l’expansion de 4,6 % du troisième trimestre et les attentes du marché de 5,0 %. Il s’agit du taux de croissance annuel le plus élevé depuis 18 mois, alimenté par les mesures de relance introduites depuis septembre pour stimuler l’investissement et rétablir la confiance.

La croissance de la production industrielle a atteint son plus haut niveau depuis huit mois en décembre, tandis que les ventes au détail – un indicateur clé de la demande des consommateurs – ont grimpé de 3,7 % sur un an, au-dessus des attentes de 3,5 %.

La Chine est un marché d’exportation crucial pour les industries européennes, en particulier le secteur automobile allemand, les marques de luxe françaises et italiennes et les fabricants de machines. Une reprise chinoise plus forte que prévu se traduira par une demande plus élevée pour les biens européens, ce qui donnera aux actions un nouvel élan.

Perspectives : la reprise peut-elle perdurer ?

Même si les actions européennes surfent sur une vague d’optimisme, des risques demeurent à l’horizon.

Les prochaines élections générales en Allemagne en février pourraient introduire une incertitude politique, susceptible d’affecter le sentiment du marché.

Dans le même temps, les prix de l’énergie ont augmenté, le brut Brent ayant augmenté de 10 % le mois dernier et les prix du gaz naturel de 40 % depuis la mi-septembre. Cela constitue un défi pour les industries européennes dépendantes de l’énergie, en particulier dans l’industrie manufacturière et l’industrie lourde.

Les tensions géopolitiques demeurent également une menace, avec des inquiétudes concernant d’éventuels nouveaux tarifs douaniers américains sous l’administration de Donald Trump. Si les droits de douane ciblent les principales exportations européennes telles que les machines et les produits pharmaceutiques, ils pourraient freiner les bénéfices des entreprises et peser sur la confiance des investisseurs.

Malgré ces défis, les marchés sont soutenus par la perspective de réductions de taux, d’un euro plus faible qui renforce la compétitivité des exportations et d’une reprise chinoise plus forte que prévu.

Pour l’instant, ces facteurs semblent constituer une base solide pour les actions européennes, mais la volatilité pourrait refaire surface si des risques macroéconomiques ou politiques se matérialisaient dans les mois à venir.

Laisser un commentaire

12 − six =