Euroconsumers souligne l’absence de normes européennes communes concernant la qualité des produits reconditionnés et le cadre régissant leur revente.
Des définitions claires et uniformes sont nécessaires pour le marché européen des produits reconditionnés, ainsi que des normes de qualité élevées et une plus grande transparence, a soutenu l’ONG de protection des consommateurs Euroconsumers dans un document d’opinion publié mercredi, qualifiant la situation actuelle du marché de « Far West ».
Si la Commission européenne a encouragé l’utilisation de produits reconditionnés, notamment dans le cadre du Green Deal, il existe peu de règles spécifiques affectant ces produits.
Qu’est-ce qu’un produit reconditionné ?
Le terme « remettre à neuf » a des significations variables selon les États membres. En Belgique, en Italie et en Espagne, le concept n’a pas de valeur juridique. La « rénovation » a été définie au niveau européen dans le cadre du règlement sur l’écoconception des produits durables du Green Deal. Le terme fait référence à la préparation, au nettoyage, aux tests et à la réparation d’un produit afin de restaurer sa fonctionnalité et ses performances d’origine.
Les produits reconditionnés, généralement les smartphones mais aussi les ordinateurs portables, les appareils électroménagers, les tablettes et les consoles de jeux, ne sont pas encore largement répandus. Selon Euroconsumers, seulement 24 % des personnes interrogées lors d’une enquête récente ont déclaré avoir acheté un appareil reconditionné, cette tendance étant plus répandue chez les jeunes consommateurs âgés de 25 à 44 ans.
Le prix est le principal facteur déterminant pour les consommateurs de la plupart des biens reconditionnés, même si certains citent les préoccupations environnementales ou l’indisponibilité de nouveaux produits comme facteurs d’influence.
Législation actuelle : lacunes et inquiétudes des consommateurs
Les recherches d’Euroconsumers montrent que près d’une personne interrogée sur trois souhaite un cadre juridique plus solide régissant les produits reconditionnés. Jusqu’à présent, seuls la France et les Pays-Bas ont mis en place des protections spécifiques des consommateurs, avec un étiquetage définissant ce qui constitue un produit reconditionné.
Au niveau européen, alors que la « rénovation » est reconnue dans le Green Deal comme un moyen de réduire la consommation de nouveaux biens, il n’existe pas de protection correspondante des consommateurs. Cela inquiète les défenseurs de la protection des consommateurs, puisque l’enquête Euroconsumers révèle que 32 % des consommateurs ont rencontré des problèmes avec un produit reconditionné.
Une étude réalisée en 2022 par le membre belge d’Euroconsumers a révélé de grandes variations dans la qualité et les performances des téléphones, malgré un étiquetage similaire.
Pour résoudre ces problèmes, Euroconsumers appelle l’UE à établir une définition harmonisée du terme « reconditionné » ainsi que des normes à l’échelle européenne pour les catégories de classement descriptives telles que « comme neuf ». Ils plaident également pour des informations plus claires sur les garanties, les réparations et les pièces utilisées lors de la remise à neuf.
Le groupe souligne également la nécessité pour les constructeurs d’assurer des mises à jour continues de leurs logiciels. Par exemple, Apple ne propose plus de mises à jour pour les iPhones sortis avant 2018, ce qui peut perturber les fonctionnalités et limiter l’utilisation des appareils plus anciens.
Les revendeurs saluent les efforts d’harmonisation
Refurbed, un marché qui met en relation les rénovateurs et les consommateurs dans 16 pays de l’UE, estime qu’une définition commune est nécessaire. Le co-fondateur Kilian Kaminski a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que la définition actuelle donnée dans le règlement sur l’écoconception pour les produits durables (ESPR) « ne reflète pas fidèlement le processus ».
Back Market, principal revendeur de produits reconditionnés, soutient également la démarche d’harmonisation. « Nous accueillerions favorablement toute initiative visant à établir des normes communes », a déclaré à L’Observatoire de l’Europe Alexandre Tanay, directeur des affaires publiques chez Back Market. Back Market est présent dans 18 pays, dont 13 États membres de l’UE.
Back Market et Refurbed ont déjà développé leur propre charte de qualité et leurs propres standards techniques.
Cependant, ils ont tous deux souligné la nécessité pour les fabricants d’origine de faciliter le processus de remise à neuf en permettant un remplacement plus facile des pièces et une réparabilité accrue – en rendant les pièces de rechange moins chères et en supprimant les obstacles à la réparation. « À ce jour, les fabricants utilisent encore des techniques qui entravent la réparation ou la remise à neuf afin de vendre davantage de nouveaux produits », a déclaré Kaminski.