Par ELISA BERTHOLOMEY
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NFP VS ENSEMBLE : telle est l’affiche pour le second tour de la législative partielle dans la première circonscription de l’Isère. Le candidat Insoumis, Lyes Louffok, est arrivé hier en tête avec 28,24% des voix. Dimanche prochain, il affrontera donc la candidate Renaissance Camille Galliard-Minier, qui a obtenu 26,48% des suffrages.
À noter que la candidate LR est en troisième position avec un score de 16,71% des voix, soit un bond de neuf points par rapport à juin 2024. “C’est du siphonnage du RN. Effet Retailleau”, analysait après coup un cadre macroniste. Bon réveil à toutes et tous, nous sommes lundi 13 janvier 2025.
DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE
BOUCHE COUSUE. J-1 avant le grand oral de François Bayrou face aux députés. Au risque de vous décevoir, Playbook n’est pas en mesure de vous dévoiler ce matin ce que va dire le Premier ministre. Un épais secret entoure la rédaction de ce discours. Ordre a même été passé aux conseillers des ministres en première ligne “de se taire”, selon l’un d’entre eux contacté hier.
Et pour cause : les négociations sont toujours en cours entre l’exécutif et les forces politiques, au premier rang desquelles le Parti socialiste. D’ailleurs, Olivier Faure, qui “a pris du poids” politique, souligne le journal Les Echos, échangera avec le PM aujourd’hui. Bayrou doit également recevoir Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher en fin d’après-midi. “Il veut être en état de discuter jusqu’au dernier moment”, pointait un conseiller parlementaire.
Gonflette du bras gauche. D’ici mardi, chacun continue donc de montrer les muscles et fait monter la pression pour tenter d’engranger le plus de points possible, notamment sur la question des retraites (Dimanchissime vous détaillait les revendications des forces en présence ici). “Le compte n’y est pas encore”, redit un Olivier Faure qui souffle le chaud et le froid dans Libération ce matin. D’un côté, le premier secrétaire du PS réclame toujours une “suspension” de la réforme Borne. De l’autre, il salue “un changement d’attitude du côté du gouvernement” avec qui il a un “échange ininterrompu avec la confrontation d’arguments et de solutions”.
Gonflette du bras droit. “Suspendre (la réforme des retraites) sans scénario alternatif revient à sauter dans le vide sans parachute”, gronde Laurent Wauquiez dans Le Parisien. Il prévient : “Ce sera sans la Droite républicaine !”. Et le patron du groupe DR de qualifier d’ “irresponsable” le fait de détricoter cette réforme “sans proposer la moindre piste de financement”.
Marine Le Pen, dans cette période d’ultimes négociations, reste particulièrement discrète sur ses revendications. Ni mention des retraites ni mention du budget dans la grande interview qu’elle a accordée au JDD — sa première depuis la mort de son père. On y apprend en revanche qu’elle ne se “(pardonnera) jamais” d’avoir exclu Jean-Marie Le Pen du Front national en 2015 “car ça lui a causé une immense douleur”.
Revenons à nos moutons. Lorsqu’il se présentera à la tribune mardi, François Bayrou satisfera-t-il la gauche ou bien la droite ? Selon l’un de ses proches, il fera “ce qu’il pense être le mieux” et “donnera des gages aux uns et aux autres”. Il ne peut pas “être sourd aux interviews d’un Gérard Larcher ou d’un Laurent Wauquiez”, nuançait un conseiller, pour qui le PM a déjà “une idée assez claire de ce qu’il veut”. Un vieux routier de la politique — un de ceux à qui on ne la fait pas — résumait la situation en une phrase à votre infolettre hier : “L’objectif, c’est la survie”.
ÉLYSÉE
PARTIR OU RESTER. Emmanuel Bonne sera-t-il encore sherpa d’Emmanuel Macron ce soir ? Comme révélé par La Lettre, le conseiller diplomatique du président a en tout cas présenté sa démission vendredi, sans qu’elle ne soit formellement acceptée par le chef de l’Etat. D’ailleurs, “Emmanuel Bonne a la confiance du président de la République et quittera ses fonctions lorsqu’il le souhaitera”, commentait l’Elysée hier soir auprès de ma collègue Clea Caulcutt.
Plus trop à la Bonne. Cela fait près de deux ans que ce diplomate chevronné au caractère bouillonnant, en poste depuis mai 2019, envisage de faire ses bagages. Sans succès jusqu’à présent, faute d’accord avec Emmanuel Macron sur son atterrissage, nous expliquait un familier du Palais. De quoi installer un climat de “nervosité” entre le président et son collaborateur, “dans un contexte où Alexis Kohler parle aussi ouvertement de son départ”, précisait notre homme.
Piétiner les tulipes. D’après deux sources proches de l’Elysée, Bonne aurait également le sentiment que le chef d’état-major particulier du président, le général Fabien Mandon, avec qui il est régulièrement en conflit, “marche sur ses plates-bandes”, nous a pianoté l’une d’elles. “Cela fait très longtemps qu’il y a une concurrence féroce entre eux, fondée sur la méthode, mais peut-être aussi sur le fond”, ajoutait l’autre.
Selon nos informations, la mésentente est telle que Emmanuel Bonne et le général Mandon se seraient “engueulés” avant le départ du chef de l’Etat pour le Royaume-Uni, où il était reçu par Keir Starmer jeudi soir. Un énième différend qui “a été l’étincelle” pour le conseiller diplomatique précipitant son annonce de démission.
Sur le fond, il a pu arriver au sherpa de ne pas être totalement aligné avec son chef — ce que nie l’Elysée. Comme récemment, sur la question algérienne, lorsqu’Emmanuel Macron a adoubé la thèse de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Bonne est sur “une ligne diplomatique historique française”, moins “innovante” que peut l’être la position du président, indiquait le familier de l’Elysée cité plus haut, avec les pincettes d’usage.
Cerise sur le gâteau, le discours prononcé devant les ambassadeurs lundi dernier, qui “n’a pas arrangé les choses”, comme le relève également L’Opinion. Face aux diplomates réunis à l’Elysée, le chef de l’Etat a notamment estimé que l’Algérie “se déshonore” en ne libérant pas l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal “détenu de manière totalement arbitraire” depuis la mi-novembre à Alger.
Autre motif récent d’agacement : les ministres qui empiètent sur le terrain diplomatique, comme Bruno Retailleau qui déclarait vendredi que “l’Algérie cherche à humilier la France”. “Bonne a eu le sentiment que le ministre de l’Intérieur se mêlait de qualifier la relation franco-algérienne”, ce qui, ajoutait notre homme, lui a fortement déplu.
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EN CHAMBRE
CALENDRIER. On commence à y voir un tantinet peu plus clair sur le programme des réjouissances à venir. Le Sénat a validé l’ordre du jour des prochaines semaines proposé par le ministère des Relations avec le Parlement lors de sa conférence des présidents la semaine dernière, et l’Assemblée nationale doit encore confirmer le sien — ce sera fait demain.
Dans les deux prochaines semaines, les députés vont prioritairement se concentrer sur l’examen de la loi d’urgence pour Mayotte et sur diverses dispositions liées au droit européen. Une fois les discussions sur le projet de loi de finances terminées au Sénat, et en cas de commission mixte paritaire non conclusive, ils se pencheront sur le budget 2025, en principe entre le 30 janvier et le 5 février. La loi de financement de la Sécurité sociale est censée, elle, revenir courant février.
Le chapitre budgétaire fermé, plusieurs textes pourraient arriver dans l’hémicycle, nous indiquait le ministère. Florilège : des propositions de loi (PPL) sur l’eau, la maladie de Charcot, la sureté dans les transports, le statut de l’élu, l’exercice de la démocratie agricole ou la simplification de la vie économique.
Charge au Sénat de discuter en priorité de la PPL pour lutter contre le narcotrafic et du projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole.
Et les niches ? Du fait de la censure du gouvernement Barnier, le calendrier de ces journées réservées aux groupes parlementaires a légèrement évolué. Faute d’avoir pu soutenir ses textes le 12 décembre, le PS aura une deuxième chance le 23 janvier. DR hérite de la date du 6 février et les Ecologistes du 20 février.
GRATTER L’AMITIÉ. Ils s’étaient quittés sur un désaccord au mois de décembre : une nouvelle (et ultime) réunion pour répartir les présidences des groupes d’amitié est prévue aujourd’hui à l’Assemblée nationale entre les présidents de groupe ou leurs représentants, a appris Playbook en fin de semaine dernière. Une vingtaine de présidences doit encore être attribuée, parmi lesquelles le Maroc, l’Algérie ou Taïwan, nous a confié une participante aux dernières réunions.
En cas de divergence entre les présidents de groupe, le “principe du tourniquet” s’appliquera : chaque groupe fera connaître ses préférences par ordre décroissant de taille (le RN étant le plus gros groupe, l’UDR le plus petit). Le Bureau de l’Assemblée doit enfin entériner la répartition complète des groupes — la prochaine réunion étant prévue autour du 20 janvier, a ouï dire votre infolettre.
DIPLO FOCUS
DAVID CONTRE GOLIATH. Donald Trump a-t-il réellement les moyens d’annexer militairement le Groenland ? Mes collègues Laura Kayali et Hanne Cokelaere ont pris le président élu au mot et ont imaginé ce qu’il se passerait si les Etats-Unis attaquaient le territoire danois. Avec un budget de défense près de cent fois supérieur à celui du Danemark et une armée pléthorique (1,3 million de soldats contre 17 000 hommes pour les Danois) les Etats-Unis pourraient facilement s’emparer du Groenland. Du moins sur le papier.
Micmac. Face à une invasion américaine, que pourrait bien faire le Danemark ? Déclencher l’article 5 du Traité de l’Otan — la clause d’assistance mutuelle de l’Alliance ? Cela reviendrait à demander de l’aide à ses alliés, au premier rang desquels se trouvent… les Etats-Unis. Vous souhaitez en savoir plus ? C’est ici (gratuit et en anglais) que ça se passe.
AUSSI À L’AGENDA
François Bayrou reçoit les dirigeants des syndicats agricoles : Arnaud Rousseau (FNSEA) à 8h30, Pierrick Horel (Jeunes Agriculteurs) à 9h30, Véronique Le Flo’ch (Coordination rurale) à 10h30 et Laurence Marandola (Confédération paysanne) à 11h30. A 17h30 il échange avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.
Bruno Retailleau se rend au Havre dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la sécurisation du port du Havre. Il déjeune avec Edouard Philippe.
Aurore Bergé se déplace dans l’Oise. Valérie Létard se rend à Nancy. Philippe Tabarot est en déplacement à l’aéroport de Roissy pour une visite sur le thème de la qualité de services aux usagers.
A l’Assemblée nationale : la commission des affaires économiques auditionne Manuel Valls avant d’examiner le projet de loi d’urgence pour Mayotte.
Gabriel Attal lance les “états généraux” de Renaissance.
Fabien Roussel organise sa cérémonie de vœux au siège du PCF.
MATINALES
7h15. France 2 : Eric Heyer, économiste et directeur du département Analyse et prévision de l’OFCE.
7h20. RFI : Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’Otan et directeur pour la défense au Conseil européen pour les relations internationales .
7h30. Public Sénat : Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise.
7h40. France 2 : Raphaël Glucksmann, député européen et coprésident de Place publique … RTL : Jordan Bardella, président du RN et député européen … RMC : Mathieu Lefèvre, député EPR du Val-de-Marne.
7h45. Radio J : Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi.
8h00. Public Sénat : Vincent Jeanbrun, député DR du Val-de-Marne et porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale.
8h10. Europe 1/CNEWS : Sylvain Maillard, député EPR de Paris.
8h15. Radio Classique : Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé.
8h20. France Inter : Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France.
8h30. Franceinfo : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT … BFMTV/RMC : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF … Sud Radio : Philippe Juvin, député DR des Hauts-de-Seine … LCI : Laurent Jacobelli, député de Moselle et porte-parole du RN.
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Think tanks inscrits à la HATVP : ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui hésitent … Le président du Syntec conseil ébauche les enjeux d’une année clé pour les cabinets … Rencontre avec Laurent Saint-Martin, qui passe du déficit budgétaire au déficit commercial. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.
MÉTÉO. A Nuuk, -14 C°.
ANNIVERSAIRES : Josy Poueyto, députée MoDem des Pyrénées-Atlantiques … Fabien Gay, sénateur PCF de la Seine-Saint-Denis … Serge Letchimy, président du conseil exécutif de Martinique.
PLAYLIST. Pour donner le tempos aujourd’hui, Alain Souchon, On avance.
Un grand merci à : Clea Caulcutt, nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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