Le gouvernement de Giorgia Meloni a tenté de se repositionner au Moyen-Orient, en misant sur la normalisation des relations avec Assad en échange de la protection des chrétiens et du retour des réfugiés.
L’approche prudente de l’Union européenne à l’égard du nouveau leadership syrien est partagée par un acteur clé qui avait parié sur le régime aujourd’hui déchu d’Al-Assad : l’Italie.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue en Turquie pour comprendre les projets d’Ankara pour l’avenir de son voisin, tandis que l’ONU a envoyé son envoyé spécial pour s’entretenir avec les nouveaux dirigeants à Damas. Pendant ce temps, Rome semble avoir déjà joué sa carte sans succès.
Comment l’Italie a tenté de relancer ses relations avec la Syrie d’Al-Assad
Depuis des mois, le gouvernement Meloni cherchait à se repositionner au Moyen-Orient en se concentrant sur Damas. Un article du quotidien français Le Monde les qualifie de « pari perdu » à la lumière de la conquête de la capitale syrienne par les rebelles le 8 décembre.
En juillet, l’Italie a annoncé qu’elle enverrait un ambassadeur, Stefano Ravagnan, à Damas. Ravagnan était auparavant en poste au Liban. Avec cette décision, l’Italie est devenue le premier pays de l’UE et le seul membre du G7 à tenter une normalisation diplomatique avec le régime de Bachar al-Assad après treize ans de guerre civile.
Aujourd’hui, Ravagnan n’a pas encore présenté ses lettres de créance au gouvernement syrien, la résidence diplomatique ayant été attaquée le 7 décembre par des rebelles avançant vers Damas. La décision du gouvernement italien d’ouvrir une mission diplomatique semble marquer une rupture nette avec sa position de longue date sur la Syrie, traditionnellement alignée sur celle de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis.
Un récent article de l’édition arabe du journal britannique The Independent a mis en lumière une conversation qui a eu lieu peu avant la chute du régime, entre le chef des renseignements syriens Hassan Luqa et son homologue italien. Selon Luqa, Giovanni Caravelli, chef de l’agence italienne de renseignement extérieur (Aise), avait déclaré que le soutien de la Russie à la Syrie ne pouvait être négligé. Cependant, les détails du soutien promis par Aise – dirigé par Caravelli depuis 2020 – restaient flous.
Luqa a évoqué le soutien reçu de « Giovanni Caravelli, le chef des services secrets italiens qui a expliqué que le soutien de la Russie à la Syrie ne pouvait être ignoré », sans toutefois préciser le type de soutien promis par Aise.
Il s’agit d’une conversation qui faisait suite à une rencontre entre les deux hommes au cours des mois précédents, qui aurait porté sur la possibilité d’assouplir les sanctions internationales contre la Syrie en échange de la création d’une zone de sécurité à l’intérieur du pays où les réfugiés syriens arrivés en Europe pourraient rentrer. .
Le Monde écrit que le premier ministre italien n’a pas nié que la conversation ait eu lieu après avoir été interrogé à ce sujet au Parlement et rappelle qu’en 2018 Ali Mamlouk, chef de la sécurité nationale syrienne et déjà sous sanctions internationales, a été reçu à Rome par l’Aise.
Coopération entre Rome et Damas sur les communautés chrétiennes et l’aide post-séisme
Le gouvernement Meloni a repris contact avec les autorités syriennes, en se concentrant dans un premier temps sur les questions humanitaires, comme l’aide acheminée par voie maritime en février 2023 suite au tremblement de terre qui a frappé la Syrie et la Turquie.
Il s’agit de la première initiative de ce type d’un pays de l’UE depuis le début de la révolution syrienne en 2011, à une époque où le régime d’Assad, avec le soutien de la Russie et de l’Iran, continuait de bombarder les zones tenues par les rebelles et de commettre des violations des droits de l’homme, comme le rapportent des organisations. par terre.
En outre, l’accent a été constamment mis sur les minorités chrétiennes du pays, le Vatican appelant même à un assouplissement des sanctions internationales contre Damas.
Le 11 décembre, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a réitéré que la protection des chrétiens en Syrie restait une « priorité » de la politique étrangère italienne – une déclaration légèrement différente de celle d’autres pays européens qui ont salué la chute d’Assad et ont ensuite établi des contacts avec Hayat Tahrir al- Imposture (HTS).
L’équilibre entre déclarations symboliques et diplomatie en coulisses est une constante de la politique internationale, et le monde arabe lui-même a progressivement laissé entrer la Syrie d’Al-Assad dans son giron afin de contrer l’influence de l’Iran dans la région.
Désormais, l’Italie s’est alignée sur d’autres pays de l’UE (comme l’Autriche, l’Allemagne, la Suède et le Danemark) en suspendant le traitement des demandes d’asile des citoyens syriens.
Cependant, le quotidien français concluait dans son article que Rome restait incertaine quant à sa position à l’égard du gouvernement intérimaire HTS, risquant ainsi un nouveau « pari perdu ».