Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec SARAH PAILLOU et ANTHONY LATTIER
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CYCLONE À MAYOTTE. A l’heure où vous vous servez votre premier café de la journée, Emmanuel Macron est en route pour Mayotte avec quatre tonnes d’aide dans ses bagages. La visite a été montée en toute hâte pour soutenir les populations dévastées par le passage du cyclone Chido.
Le programme. Le président effectuera une reconnaissance aérienne du territoire sinistré avant de se rendre dans un hôpital de l’archipel où il rencontrera soignants et patients. Il ira ensuite dans un quartier détruit de l’île, puis échangera avec des élus qui subissent de plein fouet la dégradation de la situation sanitaire — l’état de calamité naturelle exceptionnelle a d’ailleurs été décrété au mitan de la nuit.
Conséquence de ce déplacement dans l’archipel mahorais : le chef de l’Etat sèche le Conseil européen prévu à Bruxelles aujourd’hui, et dont on vous parle un peu plus bas, juste après un détour par la politique nationale. Bon réveil à toutes et tous, nous sommes jeudi 19 décembre 2024.
NOUVEAU GOUVERNEMENT
YOUPLA BOUM, c’est reparti ! Après les avoir reçus en tête à tête ces trois derniers jours, François Bayrou a réinvité via un courrier envoyé hier en fin de journée les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, les présidents de groupes et de partis “qui ont eu la responsabilité des affaires du pays”. En d’autres termes : LFI, le RN et son allié UDR ne sont pas conviés à ce nouveau conciliabule qui aura lieu cet après-midi à 14 heures à Matignon.
À quoi s’attendre. Si la missive ne contenait aucun ordre du jour, cette réunion en “format Elysée” — comprenez : sur le modèle de celle organisée la semaine dernière par Emmanuel Macron — a été pensée pour “essayer de trouver des points sur lesquels on peut se mettre d’accord”, nous indiquait un conseiller du Premier ministre dans la soirée. “Il va parler de sa méthode, expliquer comment il veut élargir le bloc central”, ajoutait même un élu qui a échangé avec lui récemment.
Bayer aux corneilles. Il faut dire que les consultations des derniers jours n’ont été ni convaincantes ni conclusives pour la plupart des caciques reçus, qui se plaignent d’en avoir si peu appris sur la ligne politique ou les réformes voulues par François Bayrou. “Il ne parle que de généralités”, soupirait un président de groupe passé par Matignon hier.
Résultat : tandis que la droite conditionne sa participation et son soutien au gouvernement, “l’accord de non-censure” promis par Olivier Faure s’apparente de plus en plus à une chimère.
Tu veux ou tu veux pas ? Certes, les Roses continuent de jouer la carte de la responsabilité — ils se rendront bien à la réunion de cet après-midi, a appris votre infolettre en fin de soirée. Mais de sérieux doutes affleurent chez les socialistes. “Il n’y a pas d’accord mais pas de rupture, on est dans un entre deux”, s’épanchait mardi Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, tout en affirmant que “le juge de paix, ce sera la déclaration de politique générale”, prévue le 14 janvier.
L’enjeu sous l’enjeu pour le PS : au-delà des compromis possibles, les socialistes ne veulent pas apparaître comme le seul membre du NFP prêt à négocier. Jusqu’ici, LFI était l’unique parti à refuser de prendre part aux échanges. Mais depuis quelques jours, les Ecologistes, qui jusqu’à présent se montraient ouverts à la discussion, ont durci le ton vis-à-vis de Bayrou et laissent planer la menace d’une censure du futur gouvernement.
Trancher cela avec la galette. “On n’a pas réussi à identifier des points de convergence qui nous amènent à nous enthousiasmer”, euphémisait joliment un député Vert joint par votre infolettre hier après-midi. Le groupe débattra de la perspective de la censure lors de son séminaire de rentrée, le 9 janvier prochain.
MENTION PASSABLE. François Bayrou poursuit donc sa quête d’une équipe capable d’éviter une censure de l’Assemblée nationale. Hier, pour la troisième fois en deux jours, le Béarnais s’est entretenu avec Emmanuel Macron sans que cela aboutisse sur la nomination d’un quelconque gouvernement. Le chef de l’Etat “a constaté qu’on n’y était pas sur la composition comme sur la méthode”, nous glissait un conseiller ayant ses entrées à l’Elysée.
Pop-corn. Du côté du Faubourg Saint-Honoré, le silence est de mise. A peine un proche du président faisait-il malicieusement remarquer à votre infolettre que la réunion d’aujourd’hui était “une demande du PR”, qui date de vendredi dernier, jour de la nomination de Bayrou à Matignon. Mais sinon, motus : “Macron a donné comme instruction à ses collaborateurs de ne pas parler”, décryptait auprès de nous un interlocuteur du chef de l’Etat, pour “laisser Bayrou faire son propre récit”, ajoutait-il, vachard. Dit autrement : les récents événements et multiples polémiques se suffisent à eux-mêmes. Pas besoin d’en rajouter.
QUELLE HISTOIRE. Depuis la semaine dernière justement, la guerre des récits fait rage entre les deux rives de la Seine. Qu’avait réellement en tête Emmanuel Macron le matin du vendredi 13 décembre, au moment de recevoir François Bayrou à l’Elysée ? Comptait-il vraiment aller au bout et nommer l’actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu, à Matignon ? A-t-il plutôt envisagé d’y imposer Roland Lescure, son ancien ministre de l’Industrie et un proche du secrétaire général du Palais, Alexis Kohler ? Ou le chef de l’Etat était-il, en fait, déjà résolu à choisir son vieil et néanmoins encombrant allié François Bayrou, avec qui il échangeait depuis des jours sur cette éventualité ?
Story-telling. Sur toutes ces questions, les avis divergent et les accusations d’“intox” pleuvent depuis la nomination rocambolesque du président du MoDem au poste de Premier ministre. La faute, forcément, à la tentation de certains de post-rationaliser, selon l’expression désormais consacrée en Macronie, pour garder la face. Ma collègue Pauline de Saint Remy a tâché d’y voir un peu plus clair sur ce que l’on sait et ce que l’on ne sait toujours pas. C’est à lire dans cet article (en accès libre).
FINANCES PUBLIQUES
PIF PAF. La commission d’enquête sur le dérapage du déficit continue d’être le théâtre de passes d’armes dont votre infolettre ne se lasse pas : après le “qui êtes-vous pour juger” lancé par Bruno Le Maire aux députés la semaine dernière, hier, c’est Charles de Courson qui est sorti de ses gonds face à Thomas Cazenave. Mais le clou du spectacle de la commission d’enquête est attendu en janvier, avec la probable audition d’Alexis Kohler.
Bientôt sur le gril. “Probable”, écrivons-nous, car faute de pouvoir s’entendre sur la convocation définitive du secrétaire général de l’Elysée, les commissaires aux Finances se sont accordés hier pour statuer par vote à la rentrée, a appris mon collègue Paul de Villepin. Sans rien vous divulgâcher et compte tenu de la composition de la “comfi” — les oppositions, toutes confondues, y sont largement majoritaires —, il fait peu de doute que les députés ne se priveront pas de cuisiner le bras droit d’Emmanuel Macron en mondovision.
L’audition du numéro 2 de l’Elysée par une commission d’enquête, et donc sous serment, ne serait pas une première — le Sénat l’avait entendu sur l’affaire Benalla en 2018. Dans une note toute fraîche des services de l’Assemblée sur la question, consultée par Paul, l’administration liste d’autres exemples. Elle relève néanmoins qu’il “n’existe pas de précédent de délivrance d’une convocation livrée par un huissier ou un agent de la force à un membre” de l’Elysée.
CONSEIL EUROPÉEN
MEIN BINÔME. La visite éclair à Mayotte vient interrompre la séquence européenne du président, qui devait assister au premier Conseil européen présidé par le Portuguais António Costa. Emmanuel Macron se fera néanmoins remplacer par le chancelier allemand Olaf Scholz, “conformément à la pratique établie entre la France et l’Allemagne”, selon l’Elysée.
Une situation assez cocasse vue la divergence de points de vue entre les deux dirigeants européens sur un éventail de dossiers, au premier rang desquels l’accord sur le Mercosur, m’écrit ma collègue Clea Caulcutt. Pour rappel, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a récemment topé avec les pays d’Amérique latine, pour le plus grand plaisir des Allemands, et au grand dam des Français.
Crochet UE. Le président a pu quand même passer une tête hier à Bruxelles, pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant d’enchaîner avec un dîner sur les Balkans. Il a cependant manqué la réunion entre Zelensky, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et d’autres leaders européens qui était consacrée au possible déploiement de troupes de maintien de la paix en Ukraine en cas de cessez-le-feu.
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AUSSI À L’AGENDA
Emmanuel Macron est en déplacement à Mayotte, accompagné de Thani Mohamed Soilihi.
François Bayrou continue ses consultations en vue de nommer un nouveau gouvernement. Il convie Yaël Braun-Pivet, Gérard Larcher et les responsables des partis politiques et les présidents de groupes qui ont exercé des responsabilités sous la Vème République à partir de 14 heures.
Yaël Braun-Pivet s’entretient entre autres avec Jean‐François Copé, maire de Meaux, avant de se rendre au dîner annuel du Crif Auvergne Rhône‐Alpes.
Gérard Larcher s’entretient avec Pierre Ouzoulias, sénateur CRCE-K des Hauts-de-Seine, puis se rend à la remise de l’insigne de Chevalier de la Légion d’honneur à Vincent Roberti, préfet de Tarn-et-Garonne.
Assemblée nationale : la commission d’enquête concernant l’organisation des élections en France nomme son bureau à 14h30.
Jean-Luc Mélenchon tient une réunion publique à Paris à 19 heures.
Remise des insignes de la Légion d’honneur à Karim Bouamrane par Claude Bartolone à la mairie de Saint-Ouen.
MATINALES
7h15. France 2 : Fabrice Arfi, journaliste chez Mediapart.
7h20. RFI : Oksana Leuta, comédienne ukrainienne et fixeuse pour les médias internationaux.
7h30. Public Sénat : Elisabeth Doineau, sénatrice UC de la Mayenne.
7h40. TF1 : Gérard Larcher, président du Sénat … France 2 : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme … RTL : Patrick Spinosi, avocat de Nicolas Sarkozy devant la Cour de Cassation … RMC : Jacqueline Laffont, avocate de Nicolas Sarkozy.
7h45.Radio J : David Amiel, député EPR de Paris.
7h50. France Inter : Gilbert Bouchet, sénateur LR de la Drôme.
8h00. Public Sénat : Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen.
8h10. Europe 1/CNEWS : Thierry Breton, ancien commissaire européen.
8h15. France 2 : Stéphane Petrognani, docteur en archéologie … Radio Classique : Patrick Martin, président du Medef … RMC : Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
8h20. France Inter : Perrine Simon Nahum et Philippe Oriol, historiens.
8h30. Franceinfo : Laurence Rossignol, sénatrice SER du Val-de-Marne … BFMTV/RMC : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale … Sud Radio : Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale … LCI : Pierre Jouvet, secrétaire général du PS.
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Sciences Po regagne la confiance (et les millions) de Marc Ladreit de Lacharrière … Groupes d’études : le thème VIH-Sida reste finalement à l’ordre du jour … Bayrou réfléchit à l’offre du duo Coquerel-Courson … Les maires se bougent pour se simplifier la vie. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.
MÉTÉO. De la pluie à Sainte-Soline pour remplir les bassines jugées illégales.
ANNIVERSAIRES : Marc Ferracci, ministre délégué démissionnaire chargé de l’Industrie, ancien député Renaissance des Français établis hors de France … Pascal Allizard, sénateur LR du Calvados.
PLAYLIST. Soufflée par l’un de nos interlocuteurs du soir qui commentait ainsi la relation Macron-Bayrou : “Les histoires d’A.mour finissent mal, en général”, des Rita Mitsuko.
Un grand merci à : Paul de Villepin et Clea Caulcutt, nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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