Attal conduit la métro

Martin Goujon

À François : dispo ce soir

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par ANTHONY LATTIER

Avec ELISA BERTHOLOMEY et PAULINE DE SAINT REMY

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Bonjour à tous, hier “ça n’a pas été une journée facile” pour le couple exécutif, on s’en parle tout de suite avant de voir ce que ce mardi 17 décembre 2024 nous réserve.

EXÉCUTIF

TIC, TAC. “Mon échéancier, c’est cette semaine”. Depuis Pau hier soir, François Bayrou a fixé ouvertement un objectif pour la nomination de son gouvernement. “Mais il faut aussi que le président de la République soit là”, a ajouté le Premier ministre.

Mission impossible. Le nouveau Premier ministre a ainsi sous-entendu que c’est l’agenda chargé d’Emmanuel Macron (un déplacement à Mayotte “dans les prochains jours” et un conseil européen jeudi et vendredi à Bruxelles) qui pourrait venir contrarier son calendrier et l’empêcher de lui faire parvenir sa proposition de gouvernement.

À l’Elysée, on n’a que moyennement apprécié cette façon de présenter les choses (ni, du reste, la manière dont s’est passée la nomination du nouveau PM), et on a décidé de prendre François Bayrou au mot. Puisque c’est ainsi, Emmanuel Macron “attend les propositions” du Premier ministre ce mardi soir, “à la suite de ses consultations” qui se terminent en fin d’après-midi avec les présidents de groupes de l’Assemblée et après son grand oral devant les députés, nous faisait savoir un proche du président à la faveur de la nuit.

MAYOTTE. Le chef de l’Etat a décrété un “deuil national” hier, après le passage du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte. Le dernier bilan très provisoire fait état de 21 morts. François Bayrou, lui aussi, devrait se rendre sur l’île, a-t-il annoncé hier soir sans donner de date précise et en suggérant qu’il irait après Emmanuel Macron.

Malaise. Emmanuel Macron a fait ses annonces sur X juste après avoir présidé une réunion de la cellule interministérielle de crise (CIC, dans le jargon). Le moment fut pour le moins déconcertant, selon des participants : alors que le président est apparu très impliqué, et tandis que le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau était sur place, François Bayrou était en visio depuis la préfecture de Pau où, quatre jours après sa nomination, il avait préféré se rendre afin d’assister au Conseil municipal (lequel, face à la polémique, a voté une subvention de 25000 euros pour Mayotte).

Paupon de la pomponnette. Depuis son fauteuil d’édile, le nouveau locataire de Matignon a non seulement envoyé le message qu’il ne comptait pas abandonner son mandat de maire (même s’il l’occupera de manière bénévole), mais il a aussi annoncé vouloir “reprendre le débat” sur le non-cumul des mandats. Il a prôné la nécessité de “réenraciner les responsabilités politiques” alors qu’il a longtemps défendu le non-cumul des mandats pour les députés.

LES RÉPUBLICAINS

DÉBATS ANIMÉS en perspective : après leur entretien avec François Bayrou hier, les patrons de la droite à l’Assemblée et au Sénat, Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud, vont débriefer leurs troupes ce matin à l’Assemblée et au Sénat.

De ce qu’a compris Playbook : les deux chefs de file des parlementaires LR sont ressortis de Matignon pas franchement satisfaits. Laurent Wauquiez “a eu le sentiment que la réunion n’avait pas été conclusive et que les échanges devront se poursuivre”, euphémisait l’un de ses proches interrogé hier.

Horresco referens. Un autre conseiller LR jugeait les intentions de François Bayrou “inquiétantes”, sachant que Laurent Wauquiez a conditionné son “éventuelle” participation à un projet qui lui convient sur le fond. Notre interlocuteur faisait la liste des sujets irritants pour la droite, comme la mise en place de la proportionnelle — ou pire encore de la proportionnelle intégrale — et le lancement d’une concertation sur la réforme des retraites.

Ce qui chiffonne aussi : la répartition des postes dans le futur gouvernement. Plusieurs sources LR s’épouvantaient cette nuit de l’objectif qu’aurait affiché Bayrou : donner un tiers des postes à des personnalités issues de la droite, un tiers à des macronistes, un tiers à la gauche. Pas vraiment du goût des chefs LR, a priori peu enclins à s’afficher avec des responsables issus de la gauche — en tout cas pas autant. “Si c’est ça, personne n’ira au gouvernement” nous certifiait notre source citée plus haut. Matignon se refusait à tout commentaire à ce sujet hier soir.

Suppliques dans le bigorneau. Mais la droite pourrait-elle réellement aller jusqu’à refuser toute participation à la nouvelle équipe ? A ce stade, en tout cas, les ministres LR font tout pour garder leur poste. A l’image, d’ailleurs, de la plupart des membres sortants du gouvernement. Plusieurs cadres du MoDem rapportaient hier à votre infolettre avoir été sondés par une foule de ministres avides de savoir s’ils pourront continuer l’aventure.

Hélas pour eux, il y a plus d’une quarantaine de sortants et Bayrou veut limiter son gouvernement à environ 25 ministres. Surtout, il entend faire rentrer des “poids lourds” politiques et des gens d’expérience. Il n’aura échappé à personne que l’actuel gouvernement en compte peu.

CABINET MATIGNON

FIDÈLES AUX POSTES. François Bayrou continue d’étoffer son cabinet : Séverine de Compreignac, ex-secrétaire générale du groupe MoDem, va prendre la tête du pôle parlementaire de Matignon, selon plusieurs sources.

Lettre de mission. Cette proche du PM remplacera Matthieu Labbé à un poste bigrement stratégique où elle devra composer avec une Assemblée éclatée et un Sénat moins acquis à la cause de Bayrou qu’il ne l’était à celle de Barnier.

Pernot pas tricard. Pour l’autre poste clé, celui de directeur de cabinet, Bayrou a également fait le choix de nommer un fidèle — c’est officiel depuis ce matin. Il s’agit de Nicolas Pernot, haut fonctionnaire (non-énarque, une singularité à ce poste) et actuel directeur général des services de la région Grand Est. Pernot était déjà aux côtés de Bayrou au ministère de l’Education nationale il y a plus de 20 ans. Mon collègue Paul de Villepin, qui avait révélé sa nomination hier, vous en dit davantage sur son profil dans notre newsletter Paris Influence (pour nos abonnés).

AUSSI DANS L’ACTU

DROIT DE RÉPONSE. Oui, la députée RN Yaël Ménaché a bien été verbalisée, dans la nuit de ce samedi 14 décembre, pour “défaut d’assurance”, alors qu’elle voyageait à l’arrière d’un véhicule lui appartenant, comme nous vous le rapportions hier. Elle nous a toutefois fait savoir hier via son entourage que son contrat d’assurance n’avait simplement “pas été mis à jour dans le fichier de la gendarmerie” et que le conducteur de son véhicule a donc “fait un recours afin d’annuler la verbalisation”.

Rappel : d’après le rapport de gendarmerie, Ménaché, qui a elle-même déclaré avoir consommé de l’alcool, “a adopté un comportement verbal irrespectueux” et dégainé sa carte de députée, certifiant à la maréchaussée que son statut lui accordait une immunité parlementaire. 

À BERLIN

SCHOLZ CHANCELLE. Olaf Scholz a essuyé un vote de défiance hier au Bundestag, conséquence du délitement de sa coalition tricolore réunissant sociaux-démocrates, Verts et libéraux. A la Chambre basse allemande, seuls les élus de son camp ont accordé leur confiance à Scholz. Les Verts ont préféré l’abstention pour s’assurer de la chute du socialiste. La balle est désormais entre les mains du président allemand, Frank-Walter Steinmeier.

À la mode de chez nous. Le vote au Bundestag ouvre la voie à une dissolution, ce qui donnerait lieu à de nouvelles élections dans les 60 jours qui suivent. La date du 23 février 2025 a été évoquée par des chefs des groupes parlementaires, mais rien n’est encore officiel. Le chef des conservateurs de la CDU Friedrich Merz est bien placé pour succéder à Scholz, mais sa tâche pourrait être toute aussi ardue, comme l’explique mon collègue de Berlin, James Angelos, dans cet article (en anglais).

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AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron se rend à Lyon pour l’inauguration de l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé à partir de 15 heures. Il y prononce un discours à 16h35.

François Bayrou continue ses consultations politiques. Il reçoit Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard pour les Ecologistes à 9h30, Marc Fesneau pour le MoDem à 10h30, Laurent Marcangeli et Claude Malhuret pour Horizons à 11h30. Il se rend à l’Assemblée nationale à 15 heures pour une séance de questions au Premier ministre, avant de reprendre les consultations avec Stéphane Lenormand, Martine Froger et Christophe Naegelen pour le groupe Liot à 17 heures et André Chassaigne, Cécile Cukierman et Fabien Roussel pour le PCF à 18 heures.

Sébastien Lecornu s’entretient avec Suren Papikyan, ministre de la Défense de l’Arménie à 16 heures. Benjamin Haddad est à Bruxelles pour le Conseil des Affaires générales. 

Yaël Braun-Pivet préside la réunion constitutive du groupe de travail sur le développement durable de l’Assemblée nationale. Elle s’entretient avec les députés Léa Balage El Mariky et Stéphane Mazars à l’occasion de la remise du rapport de la mission d’information flash sur le régime des actes administratifs pris par un gouvernement démissionnaire puis avec les députées Véronique Riotton et Marie‐Charlotte Garin, rapporteures de la mission d’information sur la définition pénale du viol, avant de se rendre au cycle de débats L’Assemblée des idées, sur le thème “Ecologie : faut‐il décroître pour survivre ?”.

Assemblée nationale : en séance publique à 15 heures, séance de questions au Premier ministre. La commission des Finances auditionne Cécile Raquin, directrice générale des collectivités locales, dans le cadre des travaux menés sur la variation et des écarts des prévisions fiscales et budgétaires des administrations publiques pour les années 2023 et 2024 à 16 heures. 

Sénat : la commission des Finances examine le rapport de Jean-François Husson, rapporteur général, sur le projet de loi spéciale à 14h30.

Conseil de Paris, jusqu’à jeudi.

MATINALES

7h15. France 2 : Blanche Leridon, directrice éditoriale de l’Institut Montaigne.

7h20. RFI : Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou.

7h30. Public Sénat : Stéphane Sautarel, sénateur LR du Cantal.

7h40. TF1 : Laure Lavalette, députée RN du Var … France 2 : Olivier Faure, premier secrétaire du PS … RMC : Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille. 

7h50. France Inter : Soprano, rappeur. 

8h00. Public Sénat : Hervé Marseille, président du groupe UC au Sénat.

8h10. Europe 1/CNEWS : Charles de Courson, rapporteur général du budget, député Liot de la Marne. 

8h15. France 2 : Véronique Augereau et Philippe Peythieu, voix d’Homer et Marge Simpson … Radio Classique : Gilles Kepel, politologue … RMC : Marc Touati, économiste et conseiller économique d’eToro.

8h20. France Inter : Patrick Coulombel, cofondateur de la fondation Architectes de l’urgence, Philippe Da Costa, président de la Croix Rouge française, Raphaël Cann, journaliste chez Mayotte la 1ère, Thani Mohamed Soilihi, secrétaire d’Etat démissionnaire chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux et Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte. 

8h30. Franceinfo : Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale … BFMTV/RMC : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF … Sud Radio : Manuel Bompard, coordinateur national de LFI … LCI : Nicolas Daragon, ministre délégué démissionnaire chargé de la Sécurité du Quotidien. 

CARNET

CORNEGIDOUILLE. Playbook s’est pris les charentaises dans le tapis hier lundi 16 décembre (et non 15 décembre comme nous l’avons écrit) : le projet de loi spéciale n’a pas été adopté à l’unanimité par la commission des Lois, mais par celle des Finances. Aujourd’hui, c’est en commission des Finances du Sénat que le texte poursuit son chemin.

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Qui est Nicolas Pernot, le nouveau dircab de François Bayrou ? … La liste des 25 niches fiscales qui prennent fin ce 31 décembre, faute de reconduction … Pourquoi Moscovici veut muscler la contre-expertise budgétaire … La commission d’enquête sur les eaux en bouteille va mettre le paquet. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

DANS LE JORF. François Bayrou a nommé directeur du cabinet Nicolas Pernot, chef de cabinet Pierre-Emmanuel Portheret, chef du cabinet militaire le général de corps d’armée Frank Barrera, et chargée de mission auprès du directeur du cabinet Nolwenn Chouffot.

MÉTÉO. Il gèle à pierre fendre à Ottawa et le temps n’est pas beaucoup plus radieux à Berlin.

ANNIVERSAIRES : Marie Lebec, députée EPR des Yvelines … Hubert Wulfranc, ancien député Nupes-GDR de la Seine-Maritime. 

PLAYLIST. A1 de Darkside.

Un grand merci à : Paul de Villepin, nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 

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