Bonjour à toutes et à tous, bon réveil, nous sommes jeudi 12 décembre 2024 et à l’heure où vous lisez ces lignes, la France ne connaît toujours pas le nom de son Premier ministre. Mais, normalement-peut-être-très-probablement, ça ne saurait tarder (toute l’équipe a commencé à allumer des cierges).
NOUVEAU PREMIER MINISTRE
TOUJOURS EN ATTENTE. Une semaine après sa démission, Michel Barnier continue de gérer les affaires courantes en attendant de connaître le nom de son successeur. Le délai de « 48 heures » fixé par l’Elysée (relire notre édition d’hier) expirant en fin de journée, Playbook, plein d’optimisme, ne s’interdit pas de penser que le suspense devrait bientôt prendre fin.
Le chouchou des parieurs. Un nom a toujours tenu la corde hier pour s’installer rue de Varenne : François Bayrou. Le président du MoDem a d’ailleurs échangé plusieurs fois dans la journée par téléphone avec Emmanuel Macron, a informé votre infolettre. Pour, notamment, avancer sur cette fameuse méthode voulue par le président et l’architecture du gouvernement.
Ce que Playbook a cru comprendre : s’il était nommé (restons prudents), Bayrou travaillerait à « un gouvernement resserré, de 20 ministres », nous confiait l’un de ses proches qui avaient sorti la calculette. « Pour contenter tout le monde, ça ferait trois ministres Modem. Il va falloir gérer en interne», soupirait-il à notre oreille.
Ce n’est pas un échec, ça n’a pas marché. A l’entendre, le maire de Pau aurait également tout intérêt à ne pas commettre la même erreur que Michel Barnier. A savoir : nommer dix ministres LR alors que son groupe ne tire « que » 47 députés à l’Assemblée — les parlementaires Modem sont eux au nombre de 35. Voilà qui devrait laisser de la place aux ministres EPR qui, selon un proche d’ Emmanuel Macron, « ont très envie de rester » au gouvernement.
Ce qui rassure aussi les troupes : Bayrou (si c’est bien lui, on ne le répétera jamais assez) n’a pas dans l’idée de couper les têtes. Dit autrement : les ministres qui lui paraissent solides pourraient rester en poste, quelle que soit leur couleur politique. Ses maîtres-mots, nous confiions quelqu’un qui le connaît bien : pragmatisme et efficacité, deux marottes bayrouistes.
FAURE-MI-DABLE. On avait décidément envie de prendre les choses du bon côté au MoDem, ici. Même la déclaration d’Olivier Faure sur BFMTV — le premier secrétaire du PS a jugé que François Bayrou n’était « évidemment pas le bon choix » car il incarne la continuité du macronisme — ne semblait pas s’inquiéter outre mesure. Alors qu’il réclame la nomination d’un PM de gauche, « Faure ne pouvait pas dire autre chose », estime une source au MoDem, ajoutant : « Il ne va pas dire que François Bayrou lui va bien, on n’en demande pas tant ».
Ce qui est important, selon la même : l’état d’esprit qu’aura Olivier Faure lors des futures négociations que mènera le Premier ministre pour obtenir un accord de « non-censure », qu’appelle de ses vœux le PS.
Canal ouvert. Plutôt que les propositions de Faure à la télé, un autre de nos interlocuteurs au Mouvement démocrate préférait nous signaler l’aparté, jugé positif, qu’ont eu François Bayrou et Olivier Faure à la sortie de la réunion à l’Elysée de mardi.
Aussi séduit : Emmanuel Macron, à en croire l’un de ses commensaux d’hier. « Il a apprécié l’attitude d’Olivier Faure, et il comprend sa position », nous assure l’un des sénateurs macronistes invités à déjeuner par le président. «Je comprends ses réticences, et en même temps il est plus dans le compromis que Boris Vallaud» (le président des députés PS), a salué en substance le PR, selon notre homme.
L’AUTRE CHOUCHOU. Tant qu’on parle du (futur) gouvernement, il en est un dont le nom a circulé et circulait encore hier : Sébastien Lecornu. A en croire un interlocuteur du président, joint par votre infolettre hier, le ministre des Armées démissionnaire serait toujours dans la course pour Matignon.
Pousser le nom de Lecornu aurait un autre objectif, d’après ce conseiller : faire en sorte qu’il reste aux Armées. « Macron l’aime beaucoup comme ministre des Armées, il va négocier pour le garder », nous assurait-il.
«La seule certitude, c’est que Bruno reste à Beauvau», certifiait aussi le même. Le fait que la cote d’avenir de Bruno Retailleau a parfois bondi dans le dernier baromètre du Figaro, passant de 9% à 22% en deux mois, n’est peut-être pas totalement étranger à ce ressenti (Playbook dit ça, Playbook rien à dire).
FINANCES PUBLIQUES
BLM À LA QUESTION. Re-re-belote. Une fois de plus, Bruno Le Maire est auditionné par les commissaires aux Finances qui enquêtent sur le dérapage du déficit. Après avoir été passé devant les sénateurs, en mai puis début novembre, l’ancien ministre de l’Économie sera cette fois interrogé par les députés, à partir de 9 heures.
«Il sera très offensif», promettait hier l’un de ses proches, au téléphone avec Playbook. Comprendre : plus que devant la Chambre haute. Car « BLM » sera principalement ciblé par un duo d’Eric : Coquerel, l’Insoumis président de la commission, et Ciotti (Union des droites pour la République), l’un des deux corapporteurs. Deux députés qui ont « refusé toutes les économies proposées par le gouvernement de Michel Barnier » (et voté la censure), attaquaient déjà notre source, qualifiant l’exercice de « jeu de dupes, d’hypocrites et de tartuffes ».
Contre-attaque. L’ex-locataire de Bercy entend marteler sa vérité : la dégringolade des finances publiques est due à une erreur technique de l’appréciation du niveau de recettes, commises par les équipes du ministère. Un taux que « le ministre assume totalement en tant que chef des services », nous assure son proche. «Mais en 2024, il aura été le seul à avoir fait des économies», pointait-il encore.
MACRON EN POLOGNE
MISSION UKRAINE. Entre deux réflexions sur Matignon, Emmanuel Macron s’envole ce matin pour Varsovie. Il y discutera avec le Premier ministre polonais Donald Tusk de la possible déploiement de forces de maintien de la paix en Ukraine.
Précision. Cet envoi de troupes ne se ferait que dans le cadre d’un cessez-le-feu négocié avec la Russie, pour donner des garanties de sécurité à l’Ukraine, indiquait un diplomate européen à ma collègue Clea Caulcutt, ce qui lui a été confirmé côté français.
Le contexte. Les Européens craignent que le président élu Donald Trump cherche à mettre fin à la guerre en Ukraine, où les nouvelles du front sont mauvaises, et qu’il exige à l’UE d’en faire plus pour soutenir le pays.
Le déplacement du président a aussi lieu dans la foulée de la rencontre (sous son œil attentif) entre Trump et Zelensky en marge des cérémonies de réouverture de Notre-Dame. C’est lors de cette entrevue que le président ukrainien a demandé des garanties de sécurité dans le cadre des négociations avec la Russie. Pour tous les détails, lisez l’article de nos collègues à Paris et à Bruxelles (en anglais).
VU DE BRUXELLES
PLABOOK SOLITAIRE. Connaissez-vous les Europa Expérience ? Sur le papier, une sortie plaisante et pédagogique possible dans les capitales et grandes villes européennes (à Paris, c’est ici), pour expliquer aux petits et aux grands le fonctionnement et l’intérêt des institutions européennes. Dans les faits, un gouffre financier abyssal. L’Observatoire de l’Europe a pu consulter les documents dévoilant les coûts faramineux des expositions Europa Expérience et vous fait le détail de l’addition dans Brussels Playbook.
Coupes franches. Les expositions Europa Expérience vont donc devoir se serrer sacrément la ceinture — ordre d’Alessandro Chiocchetti, le secrétaire général du Parlement européen, qui a présenté la douloureuse aux eurodéputés le mois dernier.
Rêver en grand. Le plan prévoyait de construire 27 espaces d’exposition à travers l’Europe, avec un cinéma high-tech et des jeux de rôle, d’ici à la fin de 2024, sur le modèle du Parlamentarium à Bruxelles. Mais avec seulement 15 Europa Expériences terminées, le Parlement est en train de mettre le holà, d’autant que les coûts annuels de fonctionnement pour chaque espace peuvent atteindre 3 millions d’euros (qui s’ajoutent à l’investissement initial : 110 millions d’euros).
AUSSI À L’AGENDA
Emmanuel Macron est en déplacement en Pologne. Il dépose une gerbe au pied de la statue du Général de Gaulle à Varsovie à 11h45, avant d’être accueilli par Donald Tusk, Premier ministre de Pologne à midi. Ils ont un entretien en tête-à-tête puis un déjeuner de travail à partir de 12h15. A 15 heures, Emmanuel Macron s’entretient avec Andrzej Duda, président de la République de Pologne, puis il visite le Musée de l’Insurrection de Varsovie à 16 heures.
François Durovray s’entretient avec Hervé Martel, président du Grand Port Maritime de Marseille à 10 heures.
Yaël Braun-Pivet est en déplacement au Maroc, où elle échange notamment avec Aziz Akhannouch, chef du gouvernement.
Assemblée nationale : la commission des Finances auditionne Bruno Le Maire à 9 heures dans le cadre des travaux menés pour étudier et rechercher les causes de la variation et des écarts des prévisions fiscales et budgétaires des administrations publiques pour les années 2023 et 2024, puis examiner le projet de loi spéciale à 15 heures.
Sénat : le bureau du Sénat se réunit à 8h30.
François-Xavier Bellamy et Sébastien Michel tiennent une réunion publique à 20 heures à Ecully.
La CGT a lancé un appel à la grève et à l’occupation des usines ce jour face à la vague de plans sociaux.
MATINALE
7h15. France 2 : Pascale Hebel, économiste.
7h20. RFI : Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.
7h30. Public Sénat : Alain Joyandet, sénateur LR de la Haute-Saône.
7h40. TF1 : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme … France 2 : Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes … RTL : Arnaud Rousseau, président de la FNSEA … RMC : Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat de police UN1TE.
7h45. Franceinfo : Alexis Corbière, député ES de Seine-Saint-Denis … Radio J : Jérémy Redler, maire du XVIe arrondissement de Paris.
7h50. France Inter : Jean-Marc Jancovici, président de Le projet Shift.
8h00. Public Sénat : Mathieu Darnaud, président du groupe LR au Sénat.
8h10. Europe 1/CNEWS : Jérôme Guedj, député Socialiste de l’Essonne.
8h15. France 2 : Manon Quérouil-Bruneel, grande reporter à Paris Match … Radio Classique : Thierry Breton, ancien Commissaire européen … RMC : Eric Cattelin-Denu, avocat de l’enseignante de Tourcoing.
8h20. France Inter : Marc Lazar, historien, Natacha Polony, journaliste et Jérôme Jaffré, politologue.
8h30. Franceinfo : Yannick Jadot, sénateur EST de Paris … BFMTV/RMC : Raphaël Glucksmann, coprésident de Place publique … Sud Radio : François Durovray, ministre délégué démissionnaire chargé des Transports … LCI : Claude Malhuret, président du groupe Lirt au Sénat.
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : La loi spéciale commence son parcours, les points brûlants émergent en arrière-plan … Groupes d’études : le RN prend la main sur (cliquez ici pour le savoir) … Le manuel revu et corrigé sur les affaires courantes, par deux députés. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.
MÉTÉO. Temps gris à Suresnes, où le projet de mémorial du terrorisme est abandonné.
ANNIVERSAIRES : Françoise de Panafieu, ancienne ministre du Tourisme … Jean-Paul Faugère, ancien directeur de cabinet à Matignon de François Fillon … Nicolas Pacquot, ancien député Renaissance du Doubs.
LISTE DE LECTURE. Retour sur 74La Jungle.
Un grand merci à : Clea Caulcutt, nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Dean Southwell pour la mise en ligne.
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