Cette fois, les Juifs n’attendront pas pour voir où les choses vont, comme ils l’ont fait en 1939. Ils partiront, laissant l’Europe faire face à l’extrémisme qui a pu s’envenimer, écrit Sacha Roytman Dratwa.
Les scènes déchirantes survenues à Amsterdam jeudi soir, lorsqu’un pogrom prémédité et coordonné a été perpétré contre des supporters de football israéliens, devraient non seulement envoyer une onde de choc à travers l’Europe, mais aussi servir de rappel brutal de la longue bataille non résolue du continent contre l’antisémitisme.
L’assaut brutal, mené par une foule d’extrémistes islamistes ciblant les Juifs dans les rues, a donné lieu à des comparaisons effrayantes avec la Nuit de Cristal, la « Nuit du verre brisé », lorsque les nazis ont déclenché la violence contre les Juifs à travers l’Allemagne et l’Autriche il y a 86 ans.
C’était un fort écho de l’histoire. Nous avons vu des Juifs faire semblant de faire le mort, être poussés dans les rivières et les canaux, tenter d’être kidnappés et être chassés comme des proies à travers la ville.
Ces événements devraient constituer un avertissement sévère : nous voyons aujourd’hui les héritiers idéologiques des nazis, les islamistes, agir avec la même haine, la même violence et la même impunité.
Exactement 86 ans après la Nuit de Cristal, lorsque les nazis, aux côtés des Allemands ordinaires, pourchassaient les Juifs dans les rues d’Europe, nous voyons leurs héritiers idéologiques se déchaîner dans les rues d’Amsterdam, cherchant une fois de plus à faire couler le sang juif.
La complaisance dans la lutte contre l’extrémisme persiste
Cette attaque, ainsi que le climat d’escalade de la violence contre les Juifs à travers l’Europe, est le signe avant-coureur d’une réalité plus vaste et plus inquiétante : l’Europe échoue une fois de plus à protéger ses citoyens juifs et sa complaisance face aux idéologies extrémistes met les communautés juives en danger. .
Ce qui rend cette situation particulièrement obsédante, c’est que, à bien des égards, nous voyons l’histoire se répéter, sauf que cette fois, les Juifs n’ont plus à attendre que le reste du monde agisse.
La comparaison avec la Nuit de Cristal ne se fait pas à la légère. Cette nuit-là, du 9 au 10 novembre 1938, les nazis orchestrent le meurtre de centaines de Juifs, la destruction de maisons, d’entreprises et de synagogues juives à travers l’Allemagne, marquant le début d’une campagne de terreur sans précédent qui culminera avec l’Holocauste.
86 ans plus tard, et même si nous n’assistons pas à une résurgence de l’antisémitisme sanctionné par l’État, nous assistons à une négligence sanctionnée par l’État.
Il est clair qu’il y a eu des avertissements concernant ce type de violence, mais aucune police n’était immédiatement sur place pour les empêcher.
Les attentats d’Amsterdam rappellent avec quelle facilité la haine peut être transformée en arme, même dans les démocraties libérales.
La montée de l’extrémisme islamiste en Europe, parallèlement à la normalisation du sentiment anti-israélien qui se transforme en antisémitisme, a créé un terrain fertile pour une telle violence.
Ce que nous avons vu à Amsterdam n’était pas le fruit du hasard ; cela faisait partie d’une campagne plus vaste et préméditée d’intimidation et de haine visant les Juifs, une campagne que nous avons vue s’intensifier l’année dernière à travers l’Europe, depuis le massacre du 7 octobre de l’année dernière.
Cependant, cette fois, les Juifs n’attendront pas de voir où les choses vont, comme ils l’ont fait en 1939.
Ils partiront, laissant l’Europe faire face à l’extrémisme qu’on a laissé s’envenimer.
Dans quelle mesure sommes-nous en sécurité en Europe ?
Pour de nombreux Juifs, la menace d’une montée de l’antisémitisme n’est pas seulement une question politique ; c’est une question de sécurité personnelle. Historiquement, les Juifs ont été contraints de quitter des pays où ils se sentaient autrefois en sécurité, et aujourd’hui, une fois de plus, ils sont contraints de se poser la même question : dans quelle mesure sommes-nous en sécurité en Europe ?
La question ne concerne pas seulement la sécurité des communautés juives ; il s’agit de la capacité, ou de la volonté, de l’Europe de faire face à l’extrémisme croissant à l’intérieur de ses frontières.
Pendant des années, les autorités ont mis du temps à reconnaître la dangereuse montée de l’islam politique, et même lorsqu’elles l’ont fait, les efforts pour l’endiguer ont souvent été timides ou inefficaces. Depuis les manifestations anti-israéliennes qui tournent à la violence jusqu’aux incidents de vandalisme et d’attaques physiques contre tous les individus et institutions qu’elle considère comme des ennemis, l’Europe a souvent hésité à réprimer les discours de haine et l’extrémisme violent de manière à protéger efficacement à la fois ses citoyens juifs et ses partisans juifs. et la population générale.
Pour que l’Europe évite une autre catastrophe, elle doit affronter la réalité : elle redevient un refuge pour les idéologies extrémistes qui cherchent à détruire la vie juive, ainsi que des facettes centrales de la vie européenne.
Ce n’est pas un problème qui peut être ignoré ou minimisé. La montée d’un antisémitisme violent n’est pas seulement une question juive ; c’est une question européenne et une menace pour les fondements mêmes de la liberté, de la démocratie et des droits civils européens.
Le moment est venu d’agir. L’Europe doit commencer à prendre des mesures concrètes pour garantir la sécurité de ses citoyens juifs en s’attaquant aux sources de radicalisation, en réprimant les groupes haineux violents et en mettant fin à la tolérance de l’antisémitisme sous toutes ses formes. Les Juifs ne devraient pas avoir à craindre pour leur vie simplement en raison de ce qu’ils sont, et l’Europe doit faire clairement savoir que la haine ne sera pas tolérée dans ses rues.
Les leçons de l’histoire sont claires : la haine, une fois laissée s’envenimer, peut facilement se transformer en violence et en terreur. L’Europe doit agir avant qu’il ne soit trop tard, et les Juifs doivent savoir que leur sécurité ne sera plus soumise à des convenances politiques ou à un déni.
Si l’Europe n’agit pas de manière décisive, elle devra faire face aux conséquences de son inaction, tout comme elle l’a fait après les horreurs de l’Holocauste.