Eugene Rwamucyo, a Rwandan former doctor accused of having played a role in the 1994 genocide arrives at a Paris court which is expected to render its verdict in his trial.

Jean Delaunay

Le tribunal de Paris condamne un ex-médecin rwandais à 27 ans de prison pour implication dans le génocide

L’ancien médecin Eugene Rwamucyo a été accusé d’avoir dissimulé des meurtres de masse et diffusé de la propagande anti-Tutsi lors du génocide de 1994 au Rwanda.

Le procès d’Eugène Rwamucyo était le huitième en France autour du génocide de 1994 au Rwanda, où 800 000 personnes, majoritairement tutsi, ont été massacrées, principalement par des agresseurs hutus.

Trois décennies après le massacre de 100 jours, l’ancien médecin Eugène Rwamucyo, 65 ans, a été reconnu coupable de « complicité de génocide », de « complicité de crimes contre l’humanité » et de « complot » en vue de prendre des dispositions pour de tels crimes.

Mercredi, Rwamucyo, qui a déménagé en France et en Belgique pour exercer la médecine après avoir quitté le Rwanda, a été condamné à 27 ans de prison.

Il a cependant été acquitté des charges supplémentaires de « génocide » et de « crimes contre l’humanité », le procureur Nicolas Péron ne citant aucune preuve selon laquelle il aurait personnellement commis des actes de torture ou des exécutions sommaires.

Rwamucyo a nié tout acte répréhensible et son équipe juridique a l’intention de faire appel de la décision, selon les médias locaux.

Sa condamnation fait suite à celle de l’ancien gynécologue rwandais Sosthène Munyemana en décembre 2023 dans des circonstances similaires.

Des photographies de famille de certaines des personnes décédées sont exposées au Centre commémoratif du génocide de Kigali, à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014.
Des photographies de famille de certaines des personnes décédées sont exposées au Centre commémoratif du génocide de Kigali, à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014.

Beaucoup de ceux qui ont été témoins des crimes de M. Rwamicyo s’étaient rendus à Paris pour le procès qui a duré un mois.

Ceux qui sont arrivés pour demander justice ont décrit des scènes horribles de charniers et de blessés enterrés vivants.

Selon le parquet, qui avait requis une peine de 30 ans de prison, l’accusé était fortement impliqué dans la supervision de ces opérations d’inhumation.

Angélique Uwamahoro était parmi les personnes présentes qui réclamaient justice pour les victimes du génocide, dont beaucoup ont demandé que la prison à vie soit prononcée contre Rwamicyo.

S’adressant à l’Associated Press, Uwamahoro a décrit comment elle avait vu le médecin de l’époque lorsqu’elle avait 13 ans, sur les lieux d’un massacre dans un couvent où la famille avait cherché refuge contre les assaillants.

« Il voulait les inciter à nous tuer pour que nous ne soyons pas sortis vivants », a-t-elle déclaré, décrivant comment sa famille l’a vu plus tard près de la ville de Butare, incitant à la violence contre le peuple tutsi.

Rwamucyo continue de nier tout acte répréhensible depuis son arrestation en 2010 dans une banlieue parisienne alors qu’il assistait aux funérailles du cerveau présumé du génocide, Jean Bosco Baravagwiza.

Il a nié tout cas d’inhumation vivante, affirmant que son implication visait simplement à atténuer les problèmes d’hygiène qui auraient pu survenir si les corps étaient laissés à l’air libre.

Avant le verdict, Rwamucyo a réitéré qu’il n’était directement impliqué dans aucun meurtre, déclarant : « Je vous assure que je n’ai pas ordonné le meurtre de survivants ni permis que des survivants soient tués ».

Ses avocats ont soutenu qu’il était injustement poursuivi pour sa désapprobation du gouvernement rwandais actuel.

Emmanuel Daoud, avocat de la LDH et de la FIDH, qui font partie des organisations de défense des droits humains réclamant justice, a déclaré : « Il était ouvertement anti-Tutsi et a publiquement exprimé son soutien au gouvernement génocidaire ».

En 2009, l’ancien médecin avait été condamné à perpétuité par contumace au Rwanda et un mandat d’arrêt international avait été émis. Cependant, les autorités françaises s’étaient prononcées contre une demande d’extradition rwandaise.

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