Les droits de douane de 10 % proposés par Trump sur les produits européens pourraient nuire aux secteurs européens axés sur les exportations, comme l’automobile et les machines, et affecter des économies comme l’Allemagne et l’Italie. Des représailles potentielles de la part de l’UE pourraient aggraver les tensions, risquant ainsi de perturber davantage les relations commerciales entre les États-Unis et l’UE.
Un droit de douane potentiel de 10 % sur tous les produits de l’Union européenne exportés vers les États-Unis, une proposition clé de Donald Trump lors de sa campagne de réélection de 2024, pourrait avoir un impact profond sur les industries européennes axées sur l’exportation et perturber ses plus grandes relations commerciales avec l’étranger.
Alors que les exportateurs de l’UE se préparent à d’éventuels obstacles, les données de la Commission européenne soulignent les vulnérabilités économiques en jeu, l’Allemagne, l’Italie et l’Irlande étant en tête de liste des pays les plus touchés.
Dans quelle mesure les exportations de l’Union européenne vers les États-Unis sont-elles cruciales ?
Bien que la Chine ait dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’Union européenne en 2020, les États-Unis restent le plus grand partenaire commercial de l’Europe si l’on inclut les services et les investissements.
Selon les données de la Commission européenne, l’Union européenne a exporté 502,3 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis en 2023, soit un cinquième de toutes les exportations hors Union européenne.
De plus, l’Union européenne est un exportateur net de marchandises vers les États-Unis, avec une balance des marchandises positive d’environ 158 milliards d’euros en 2023.
Le marché américain est particulièrement vital pour les grandes économies européennes comme l’Allemagne, l’Italie et l’Irlande,
L’Allemagne à elle seule a représenté 157,7 milliards d’euros d’exportations vers les États-Unis en 2023. L’Italie et l’Irlande ont suivi avec respectivement 67,3 milliards d’euros et 51,6 milliards d’euros d’exportations.
Quels sont les secteurs européens les plus menacés ?
Les exportations européennes vers les États-Unis sont dominées par les machines et véhicules (207,6 milliards d’euros), les produits chimiques (137,4 milliards d’euros) et d’autres produits manufacturés (103,7 milliards d’euros), qui représentent ensemble près de 90 % des exportations transatlantiques du bloc.
Selon la Commission européenne, ces secteurs étaient responsables d’un excédent commercial important en 2023, avec 102 milliards d’euros pour les machines et véhicules et 58 milliards d’euros pour les produits chimiques.
En répartissant les catégories d’exportations, les produits médicaux et pharmaceutiques sont arrivés en tête en 2023 avec 55,6 milliards d’euros, suivis par les véhicules automobiles avec 40,7 milliards d’euros et les médicaments avec 36,1 milliards d’euros.
L’Allemagne et l’Italie, en tant que principaux producteurs européens de machines et de véhicules, sont particulièrement menacées.
Les exportations automobiles, un segment essentiel de l’économie allemande, pourraient connaître une baisse de la demande américaine en raison de la hausse des prix, affaiblissant encore davantage un secteur déjà stagnant et mettant en péril les emplois.
Si un droit de douane de 10 % était imposé, ces industries seraient confrontées à une perte potentielle de compétitivité en raison d’une augmentation des coûts finaux, risquant ainsi un ralentissement de la production et des suppressions d’emplois si les consommateurs américains se tournaient vers d’autres marchés pour ces produits.
Pour les industries européennes, la menace de droits de douane américains survient à un moment de tensions économiques existantes, alors que la production manufacturière du bloc n’a cessé de diminuer au cours des deux dernières années.
Quel impact les droits de douane auraient-ils sur la balance commerciale UE-États-Unis ?
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à l’abandon de l’énergie russe par l’Union européenne, les États-Unis sont devenus un fournisseur essentiel de pétrole et de gaz naturel, entraînant un déficit commercial croissant en matière d’importations d’énergie.
Ce changement a créé un déficit de biens énergétiques de 70 milliards d’euros en 2023, et un droit de douane de 10 % sur les exportations de l’Union européenne exacerberait probablement encore ce déséquilibre, réduisant l’excédent commercial global avec les États-Unis et impactant la croissance économique au sein du bloc.
Cet effet serait probablement exacerbé si le dollar devait s’apprécier significativement par rapport à l’euro en raison des droits de douane.
Outre les biens, le commerce des services de l’Union européenne avec les États-Unis est également dans une position vulnérable.
Selon la Commission européenne, l’Union européenne a enregistré un déficit de services de 104 milliards d’euros avec les États-Unis en 2023, un écart qui s’est creusé chaque année depuis 2021.
Même si le secteur des services subirait probablement un impact moins direct que les biens soumis à un régime tarifaire, toute mesure de rétorsion ou escalade des barrières commerciales pourrait perturber des secteurs tels que la finance, le tourisme et les services professionnels, qui sont essentiels aux économies de services de l’UE.
Les pays européens pourraient-ils riposter ?
Si Trump met en œuvre le tarif proposé, la Commission européenne pourrait envisager une série de contre-mesures pour protéger les exportateurs européens.
Les réponses possibles incluent des tarifs de rétorsion sur les produits américains ou une diversification des partenariats commerciaux pour réduire la dépendance à l’égard du marché américain.
Toutefois, les dirigeants européens se méfient des actions qui pourraient aggraver la situation et perturber les liens économiques bien établis entre les deux économies.
Des représailles ou une intensification des droits de douane pourraient entraîner un ralentissement de la production dans des secteurs d’exportation clés, poussant certains pays européens à donner la priorité à la résilience en explorant de nouvelles relations commerciales en Asie ou en augmentant la demande intra-européenne pour leurs exportations.