Il est désormais plus facile de se rendre à Tartu, la deuxième ville d’Estonie et la capitale européenne de la culture
Des tours médiévales massives, des forêts denses et des saunas quotidiens étaient la raison pour laquelle j’étais venu en Estonie. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est de trouver une scène culinaire branchée, des menus dégustation et des étoiles Michelin.
Le pays balte a retrouvé une nouvelle renommée en 2024 avec l’attribution du titre de capitale européenne de la culture à Tartu, sa deuxième ville située au sud-est.
Outre la capitale Tallinn, ces villes attirent un nombre croissant de touristes grâce à leur fusion progressive de culture médiévale et ultramoderne, ce qui donne également du goût à leur haute cuisine.
Mais malgré l’augmentation du nombre de visiteurs, vous pourrez toujours entrer dans les musées sans faire la queue et réserver des tables de dernière minute dans des restaurants qui auraient une liste d’attente de plusieurs mois dans d’autres villes européennes.
Tartu : la deuxième ville d’Estonie brille en tant que capitale européenne de la culture
L’année de Tartu en tant que capitale européenne de la culture a placé la ville fermement sur la carte touristique. Cette distinction a donné aux Tartuiens une scène internationale pour exalter leur ville richement historique et leurs réalisations modernes.
La ville est également plus facile d’accès depuis que Finnair a lancé des vols au départ d’Helsinki cette année. Le trajet dure 50 minutes et les bagages arrivent sur le mini carrousel du petit aéroport quelques minutes après l’atterrissage.
Le centre de Tartu est compact et accessible à pied, vous pouvez donc vous promener des arches en ruine des ruines de la cathédrale médiévale à l’église en brique de Saint-Jean avec plus de 1 000 petites figures en terre cuite jusqu’à la place principale aux couleurs de glace en une matinée.
Une visite à pied avec un guide certifié comme Merike Jürna vous ouvrira également les yeux sur les attractions les plus insolites de Tartu qui pourraient être négligées seules.
Il y a le pub au plafond le plus haut du monde à 11 mètres – nommé Gunpowder Cellar en raison de son emplacement à l’intérieur des vestiges du château médiéval.
Sur la place principale se trouve la statue de deux étudiants s’embrassant, ce qui a suscité un baiser massif dans le cadre des événements culturels de cette année. Bien qu’elle soit marquée sur l’observatoire Dorpat, il existe une ligne méridienne qui, en 1855, a permis à Friedrich Georg Wilhelm von Struve de calculer la taille et la forme de la Terre.
Chaque fois que vous plongez dans le passé à Tartu, vous êtes tout aussi rapidement catapulté dans le présent. Après avoir exploré le musée de la ville, vous pouvez monter à bord d’une navette autonome de petite taille jusqu’au musée national estonien.
Dans ce bâtiment colossal – construit sur une ancienne piste d’atterrissage soviétique en 2016 – des expositions historiques sur la vie, les coutumes et les vêtements ouraliens sont présentées dans des expositions étonnamment modernes avec des animations et des éléments interactifs.
Un trajet en bus de 10 minutes depuis le centre vous emmène à Aparaaditehas (traduit par Widget Factory). Ici, il y aurait eu une production soviétique clandestine de pièces militaires pour fusées et sous-marins, explique mon guide.
Les entrepôts en briques ont été rénovés pour devenir un lieu de rencontre branché avec des bars, des restaurants, des librairies et des ateliers d’artisanat.
Tallinn : Remparts médiévaux et musées de réalité virtuelle
Ayant été construite en pierre plutôt qu’en bois, une grande partie de la ville médiévale de Tallinn a survécu, y compris plusieurs tours – l’une d’entre elles, aux murs particulièrement épais, porte le nom irrévérencieux de Fat Margaret.
Il vaut la peine d’ouvrir la lourde porte en bois de l’église luthérienne du Saint-Esprit pour découvrir un intérieur étonnamment riche de sculptures peintes, de balcons en bois sombre et d’un retable doré du XVe siècle.
Les ruelles pavées cachées derrière la place principale cachent des ateliers artisanaux de verre soufflé, de tricots et de maroquinerie.
Mais comme à Tartu, histoire et modernité existent en symbiose constante.
Au Seaplane Harbour Museum, installé dans un vaste hangar en forme de dôme en béton, vous pouvez descendre à bord d’un sous-marin, découvrir les mers rocheuses d’un bateau de sauvetage et conduire un hydravion virtuel.
À quelques minutes à pied se trouve la PROTO Invention Factory, où des casques de réalité virtuelle vous permettent de piloter une montgolfière, de faire une fusillade ou de rouler sur un hippodrome.
La scène culinaire Michelin en plein essor en Estonie
À l’image de son design intérieur – dont les couleurs douces, les tissus naturels et l’esthétique épurée pourraient être confondus avec ceux d’une cuisine scandinave – la cuisine émergente de l’Estonie est raffinée et moderne.
Un trajet de deux heures et demie en bus ou en train vous emmène de Tartu à la capitale Tallinn. Si vous voyagez en voiture – ce qui prend environ deux heures – vous pouvez vous arrêter juste à l’extérieur de la ville pour un repas gastronomique au Restoran Fii.
Le menu dégustation comprend de la perche salée du lac Peipus, du tartare de bœuf à l’ail des ours et du filet d’agneau au rutabaga fumé.
Dans la capitale, on compte trois établissements étoilés et 25 recommandés dans le guide.
Le plus bel endroit est Mon Repos, situé dans un club de plage restauré du XIXe siècle, en bordure du parc Kadriorg, parsemé de palais. Le bâtiment en bois lilas possède des fenêtres cintrées avec des détails en vitraux qui laissent entrer la lumière dans l’intérieur en bois pâle et crème.
Comme ailleurs en Estonie, le menu est une fusion d’ancien et de nouveau. Le chef Erik Prosvirin a fait revivre d’anciennes recettes de livres de cuisine russes, français et italiens ainsi que de nouveaux plats de sa propre invention.
Je teste des tranches de veau délicatement sauce à la crème de thon, des rondelles de calamars au paprika et un succulent canard à la purée de truffes.
Tout comme la Widget Factory de Tartu, Tallinn compte plusieurs zones industrielles régénérées. Dans le quartier de Rotermann, des moulins et des entrepôts en pierre beige ont été dotés d’audacieuses extensions de verre et abritent désormais des boutiques de design, des cafés et des restaurants.
Pull est recommandé par Michelin et se spécialise dans les viandes grillées au charbon de bois comme le steak marbré Angus et les côtes de bœuf.
Dans une autre zone industrielle relancée, Telliskivi Creative City, Fotografiska est le seul restaurant étoilé Michelin du pays, récompensant son dévouement en faveur du développement durable.
L’apéritif pétillant du menu dégustation de huit plats est un gaspacho de chou rouge vivement acide. Vient ensuite un panier de pain de seigle mélasse et un plat de tomates douces du patrimoine avec un ail confit.
Le tartare de bœuf est accompagné d’une riche sauce à la crème à base de fromage pecorella provenant d’une ferme du sud du pays tandis que les légumes tempura sont légers, croquants et agrémentés de paprika.
Le chef Peeter Pihel déploie son inventivité lors du dessert avec une mousse au chocolat sans chocolat. Au lieu de cela, un mélange de farine de caroube, de chicorée grillée, de poudre d’aronia et de sirop de malt imite la saveur du cacao de manière presque indiscernable.
En quittant l’aéroport calme et soigné de Tallinn, Kadri Koor de Visit Estonie me demande ce que je retiendrai de mon voyage. Une envie de revenir, dis-je, et quelques kilos en trop.
