Les subventions aux voitures de société essence et diesel coûtent aux contribuables européens 42 milliards d’euros par an, selon une étude.
Les subventions aux voitures de société essence et diesel coûtent chaque année aux contribuables européens des dizaines de milliards, rien que dans les cinq plus grands pays de l’Union.
Une nouvelle étude commandée par le groupe de réflexion sur les transports durables Transport & Environment (T&E) examine quatre avantages fiscaux traditionnellement accordés aux voitures de société : les avantages en nature, les amortissements, les déductions de TVA et les cartes carburant.
L’étude révèle qu’en Italie, en Allemagne, en Pologne, en Espagne et en France, ces subventions coûtent aux contribuables un total de 42 milliards d’euros par an.
Ces avantages fiscaux ne sont pas accessibles aux propriétaires de voitures privées et les voitures de société représentent environ 60 pour cent de toutes les immatriculations de voitures neuves en Europe. Au premier semestre 2023, 13,8 % de toutes les nouvelles immatriculations de véhicules privés étaient des véhicules électriques à batterie (BEV). Pour les voitures de société, ce chiffre est à la traîne, à 12,4 pour cent.
« Les contribuables paient chaque année des milliards en avantages fiscaux pour que les conducteurs de voitures de société puissent conduire des voitures à essence polluantes », explique Stef Cornelis, directeur du programme flottes électriques chez T&E. « C’est une mauvaise politique climatique et socialement injuste. »
Quels pays de l’UE bénéficient des subventions les plus élevées pour les voitures de société à combustibles fossiles ?
L’Italie est le pays qui subventionne le plus les voitures de société essence et diesel, T&E affirmant que cela coûte aux contribuables du pays un total de 16 milliards d’euros par an. L’Allemagne vient ensuite sur la liste avec un total annuel de 13,7 milliards d’euros, suivie de 6,4 milliards d’euros en France et de 6,1 milliards d’euros en Pologne.
Selon le groupe de réflexion, les subventions les plus importantes prennent la forme de programmes d’avantages en nature qui continuent d’encourager les véhicules essence et diesel. Il s’agit d’avantages ou d’avantages offerts par les employeurs mais qui ne sont pas inclus dans le salaire d’un employé.
Au Royaume-Uni et en Espagne, les avantages fiscaux pour les voitures essence et diesel sont bien moindres. Le Royaume-Uni a également introduit des sanctions sous la forme d’avantages en nature élevés pour les véhicules alimentés aux combustibles fossiles, tandis que les conducteurs de voitures électriques de société paient des impôts moins élevés. Cela a contribué à augmenter l’adoption des voitures de société électriques à 21,5 pour cent, soit bien plus que les 8,6 pour cent observés parmi les propriétaires de voitures privées.
L’Espagne, en revanche, n’incite guère les entreprises à opter pour les véhicules électriques, le taux d’adoption des véhicules électriques d’entreprise étant bien inférieur à 3,7 %, explique T&E.
Selon l’étude, les conducteurs de véhicules de société de SUV essence et diesel reçoivent certaines des subventions aux combustibles fossiles les plus élevées, payant jusqu’à 8 900 € de moins par an en impôts que les acheteurs privés. Sur le total de 42 milliards d’euros, 15 milliards d’euros sont destinés aux SUV, les entreprises immatriculant deux fois plus de ces véhicules que les ménages privés.
Objectifs d’électrification des voitures de société
« Les gouvernements du Royaume-Uni et de la Belgique ont introduit des mesures fiscales vertes et suppriment progressivement les avantages accordés aux véhicules polluants », explique Cornelis.
« Mais les gouvernements des plus grands marchés automobiles d’Europe ne parviennent pas à remédier à cette absurdité. »
T&E appelle la nouvelle Commission européenne à introduire des objectifs contraignants d’électrification à l’horizon 2030 pour les grandes flottes de voitures d’entreprise et les sociétés de leasing. Le groupe de réflexion estime qu’en supprimant les subventions, la tendance à l’électrification des voitures de société, en retard par rapport aux véhicules privés, peut être inversée.
« La présidente von der Leyen a reconfirmé son soutien au Green Deal et a appelé ses candidats commissaires à supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles. Cependant, les énormes avantages fiscaux dont bénéficient encore aujourd’hui les riches conducteurs de voitures des compagnies pétrolières en Europe vont à l’encontre de cet objectif », explique Cornelis.
« Sous sa nouvelle direction, la Commission devrait fixer des objectifs d’électrification pour les grandes flottes de voitures de société et mettre enfin fin à cette anomalie fiscale. »