Italian Premier Giorgia Meloni speaks during a joint press conference with Lebanon’s caretaker Prime Minister Najib Mikati, Friday, Oct. 18, 2024, in Beirut, Lebanon.

Jean Delaunay

L’Italie s’empresse d’adopter une loi pour sauver le système de centres d’asile albanais

Cette décision intervient alors qu’un tribunal de Rome met en doute la légalité et la faisabilité de l’accord conclu entre l’Albanie et l’Italie pour limiter les arrivées de migrants.

Le cabinet italien a adopté un décret qui permettrait au gouvernement de modifier la liste des pays sûrs d’où arrivent les migrants, supprimant ainsi les obstacles juridiques à la mise en œuvre de l’accord migratoire controversé de plusieurs millions d’euros du gouvernement avec l’Albanie.

Le gouvernement a été contraint samedi de renvoyer 12 migrants qui avaient été précédemment emmenés vers les nouveaux centres italiens de traitement des migrants en Albanie, après qu’un tribunal de Rome ait mis en doute ce projet.

Selon le tribunal, les pays d’origine des migrants (Bangladesh et Egypte) sont « dangereux ». Le tribunal a déclaré que la discrimination et les poursuites judiciaires, même dans une partie du pays, pourraient rendre illégal l’envoi de ces hommes en Albanie.

Portant atteinte à ce projet, auquel d’autres pays européens ont exprimé leur intérêt, les juges ont estimé que les hommes risquaient d’être victimes de violences s’ils étaient rapatriés dans leur pays d’origine et ne pouvaient donc pas être expulsés.

Les migrants rentrent en Italie ce week-end
Les migrants rentrent en Italie ce week-end

Suite à la décision de justice, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a convoqué lundi son cabinet pour trouver une solution législative.

Meloni, qui dirige le parti d’extrême droite des Frères d’Italie, a fait valoir que c’est le gouvernement, et non le pouvoir judiciaire, qui devrait décider quels pays sont sûrs.

Le ministère italien des Affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Justice ont rédigé ce week-end la nouvelle législation, proposant que la liste des pays sûrs puisse être mise à jour tous les six mois, selon les médias locaux.

Pouvoirs gouvernementaux accrus

La décision du tribunal a confirmé un arrêt de la Cour de justice européenne du 4 octobre. Le parti d’extrême droite des Frères d’Italie de Meloni estime que les décisions du gouvernement devraient prévaloir sur celles du pouvoir judiciaire.

« La définition d’un pays sûr ne peut pas être laissée au pouvoir judiciaire ; il s’agit d’une décision politique, bien que dans le cadre du droit international », a déclaré le ministre de la Justice Carlo Nordio.

Dans le cadre d’une querelle de longue date entre le gouvernement d’extrême droite et les professionnels du droit en Italie, Meloni a déclaré que la décision du tribunal de renvoyer les migrants était « biaisée », ses collègues de son parti affirmant que les tribunaux étaient remplis de « magistrats politisés » qui «Je voudrais abolir les frontières de l’Italie. Nous ne le permettrons pas.

Le projet entre Tirana et Rome a permis d’établir des centres de traitement des migrants offshore à Shengjin, une ville portuaire proche de la capitale albanaise.

Jusqu’à 3 000 migrants récupérés chaque mois par les garde-côtes italiens dans les eaux internationales seront hébergés en Albanie dans le cadre d’un accord de cinq ans signé en novembre dernier par Meloni et son homologue albanais, Edi Rama.

L’accord a suscité l’intérêt de plusieurs pays, dont l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne, malgré l’insistance de l’Albanie sur le fait qu’il est exclusif à l’Italie.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé son soutien potentiel au projet, proposant que les États membres de l’UE développent des « solutions innovantes » pour lutter contre la migration dans une lettre partagée avec les médias la semaine dernière – un euphémisme souvent associé à l’accord.

Tout le monde n’a pas répondu de manière aussi positive. Après la décision rendue vendredi par le tribunal de Rome, l’opposition italienne (le Parti démocrate, le Mouvement cinq étoiles et la Ligue des Verts et de la Gauche) a déclaré que la décision du tribunal montrait que le projet était contraire à la loi et devait être abandonné.

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