Sanofi in Vitry sur Seine, Paris. 17 October 2024.

Jean Delaunay

La France entre au capital de Sanofi et poursuit son accord CD&R

La société américaine de capital-investissement CD&R a accepté les demandes du gouvernement français visant à protéger les emplois et les investissements en France.

Le groupe pharmaceutique français Sanofi et la société américaine de capital-investissement Clayton Dubilier & Rice (CD&R) sont entrés en négociations exclusives en vue du rachat partiel d’Opella, filiale de Sanofi.

Cette nouvelle intervient après que le gouvernement français a accepté d’acquérir une participation de 2 % dans Opella et de siéger au conseil d’administration.

BpiFrance, la société d’investissement publique, investira entre 100 et 150 millions d’euros dans cette participation.

Cette avancée a également été rendue possible grâce à une série d’engagements promis par CD&R et Sanofi.

Selon de nouvelles conditions, les emplois d’Opella en France seront protégés – ou une pénalité de 100 000 € devra être payée par poste perdu.

Les deux sociétés ont également convenu de maintenir le siège social et les activités de R&D d’Opella en France et prévoient d’investir au total 70 millions d’euros dans le pays au cours des cinq prochaines années.

Colère face à l’achat aux États-Unis

L’annonce selon laquelle Sanofi cherchait à vendre la moitié d’Opella à une société américaine a provoqué de vives réactions. en France au début du mois.

Même si Sanofi devrait conserver environ la moitié de l’activité, cette annonce a suscité des craintes concernant l’emploi en France et la pénurie de médicaments.

Depuis la pandémie de Covid-19, lorsque les citoyens se sont retrouvés dans l’impossibilité de s’approvisionner en certains médicaments, les discussions autour de la délocalisation de la production pharmaceutique sont devenues d’autant plus pressantes en France.

Opella est surtout connue pour sa marque emblématique de paracétamol, le Doliprane, qui détient le titre de médicament le plus vendu du pays.

L’accord conclu aujourd’hui est très exigeant. Elle démontre notre détermination à défendre nos intérêts, sans naïveté et sans perdre en attractivité.

Sanofi conserve un certain contrôle

Conformément aux termes du nouvel accord, Opella détient une valeur d’entreprise d’environ 16 milliards d’euros.

« L’offre de CD&R est ferme et entièrement financée », a indiqué Sanofi dans un communiqué lundi.

« CD&R a une longue histoire d’investissement en Europe et l’expérience de la société dans la création de champions nationaux français et dans le soutien à l’emploi français remonte à plus de vingt ans », ajoute-t-il.

Sanofi a néanmoins précisé qu’en restant un actionnaire important d’Opella, il « conserverait une partie de la création de valeur future de l’entreprise ».

Si l’État donne son feu vert formel à la vente, celle-ci devrait désormais être finalisée au plus tôt au deuxième trimestre 2025.

Offre PAI rejetée

CD&R a triomphé en tant qu’acquéreur retenu malgré une offre de dernière minute d’un consortium dirigé par la société française PAI.

Le groupe a augmenté la semaine dernière son offre de 200 millions d’euros, dans l’espoir de capitaliser sur la colère du public face au projet d’accord CD&R.

L’action Sanofi était en baisse de 0,6% lundi vers 11h45 CET, au cours de 100,20 euros.

À la lumière des nouveaux développements, la société pharmaceutique a annoncé qu’elle relèverait ses prévisions de bénéfices pour cette année.

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