The European Central Bank in Frankfurt, Germany

Jean Delaunay

Baisse des taux de la BCE : « Nous brisons le cou de l’inflation », déclare Lagarde

L’inflation est en passe d’atteindre l’objectif à moyen terme de 2 % en 2025. La BCE reste dépendante des données, sans aucun engagement préalable sur de futures modifications des taux.

Lors d’une conférence de presse suite à la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de réduire les taux d’intérêt de 25 points de base, la présidente Christine Lagarde a salué les progrès de la banque centrale dans la lutte contre l’inflation, déclarant au sens figuré : « Nous brisons le cou de l’inflation ».

Le taux de la facilité de dépôt, taux auquel la BCE pilote la politique monétaire, est désormais tombé à 3,25 %, marquant son plus bas niveau depuis mai 2023.

Pourquoi la BCE a décidé de baisser les taux d’intérêt

Lagarde a souligné plusieurs facteurs clés qui ont motivé la décision de la BCE de réduire ses taux en octobre.

« Les informations disponibles sur l’inflation montrent que le processus désinflationniste est en bonne voie », a déclaré Lagarde.

L’inflation globale est tombée à 1,7 % en septembre, le niveau le plus bas depuis avril 2021, et l’inflation sous-jacente, qui exclut les éléments volatils comme l’alimentation et l’énergie, a chuté à 2,7 %.

Des perspectives économiques plus faibles que prévu ont également contribué à cette décision.

« Les perspectives d’inflation sont également affectées par les récentes surprises à la baisse des indicateurs d’activité économique », a-t-elle expliqué, faisant référence à une production industrielle plus faible, à une détérioration des indicateurs des enquêtes de conjoncture et à un ralentissement de la consommation des ménages dans la zone euro.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi la BCE avait opté pour une réduction de 25 points de base au lieu d’une réduction plus agressive de 50 points de base compte tenu de la détérioration des perspectives économiques, Lagarde a expliqué que cette décision était basée sur une évaluation minutieuse des indicateurs économiques qui, bien qu’indiquant une désinflation, ne justifiaient pas une coupe plus importante à ce stade. Elle a également ajouté que c’était unanime.

Malgré cette réduction, la position de la BCE reste prudente quant aux futurs ajustements.

« Nous ne nous engagerons pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière », a-t-elle déclaré, soulignant que la banque centrale analyserait toutes les données disponibles d’ici décembre avant de décider des prochaines étapes.

Elle a toutefois laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures, affirmant que la BCE procéderait aux ajustements nécessaires si les données disponibles confirmaient des risques persistants. « Si les données continuent d’aller dans la même direction, nous agirons en conséquence, mais nous restons flexibles et ouverts », a-t-elle déclaré.

La BCE semble plus inquiète de la croissance que de l’inflation

Interrogée sur la question de savoir si l’attention de la BCE s’était déplacée de l’inflation vers la croissance, compte tenu des données économiques plus faibles, Lagarde a déclaré : « Nous sommes préoccupés par la croissance dans la mesure où elle a un impact sur l’inflation ».

L’inflation devrait augmenter dans les mois à venir, en partie à cause des effets de base liés aux prix de l’énergie, avant de redescendre vers l’objectif de 2 % de la BCE l’année prochaine.

Lagarde a reconnu que des risques pour l’inflation subsistent, tant à la hausse qu’à la baisse.

Lagarde a également évoqué les inquiétudes concernant la montée des incertitudes mondiales, en particulier l’impact des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.

Elle a reconnu les risques d’une hausse des prix de l’énergie et d’une perturbation des échanges commerciaux, mais a rassuré l’auditoire sur le fait que la BCE était prête à ajuster sa politique si nécessaire.

« Tout durcissement des barrières, des droits de douane ou des obstacles au commerce aura un impact négatif sur une économie ouverte comme la zone euro », a-t-elle prévenu, tout en affirmant que la BCE reste flexible et réactive face à l’évolution des conditions.

Réactions du marché : l’euro tombe en dessous de 1,0850, les actions européennes rebondissent

L’euro a chuté de 0,3%, tombant sous 1,0850 par rapport au dollar américain jeudi, marquant son plus bas niveau depuis début août.

Sur le marché obligataire de la zone euro, les rendements souverains ont connu de légères baisses sur les échéances courtes, tandis que les rendements à long terme sont restés largement stables.

Les actions européennes ont toutefois bondi en réponse à la baisse des taux de la BCE. L’indice Euro STOXX 50 grimpe de 0,8% à 4.950 points.

Le CAC 40 français est en tête de la progression, progressant de 1,4% à 7 592 points, porté par les bonnes performances d’Airbus (+4%), de Schneider Electric (+3,2%) et de Carrefour (+2,7%).

Le DAX allemand a prolongé ses plus hauts records, gagnant 0,8% pour atteindre 19 580 points. Parmi les gagnants notables figurent Sartorius, qui a bondi de près de 15 %, et Merck, en hausse de 7 %.

Laisser un commentaire

cinq × 3 =