La baisse de 25 points de base, attendue par les analystes, intervient dans un contexte de stabilisation de l’inflation et de croissance anémique.
La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux d’intérêt jeudi après-midi lors de sa réunion d’octobre, marquant la troisième baisse consécutive depuis juin.
Les nouveaux taux d’intérêt ont été fixés à 3,40% pour les opérations principales de refinancement, à 3,65% pour la facilité de prêt marginal et à 3,25% pour la facilité de dépôt.
Le taux d’intérêt sur les principales opérations de refinancement est le taux payé par les banques lorsqu’elles empruntent de l’argent à la BCE pendant une semaine, tandis que le taux de la facilité de prêt marginal est le coût que les banques paient lorsqu’elles doivent emprunter de l’argent à la banque centrale du jour au lendemain.
Le taux de la facilité de dépôt, quant à lui, correspond au taux d’intérêt que les banques reçoivent lorsqu’elles déposent de l’argent auprès de la BCE au jour le jour.
« Le Conseil des gouverneurs a décidé aujourd’hui d’abaisser les trois taux d’intérêt clés de la BCE de 25 points de base. En particulier, la décision d’abaisser le taux de la facilité de dépôt – le taux par lequel le Conseil des gouverneurs oriente l’orientation de la politique monétaire – se fonde sur son évaluation actualisée. des perspectives d’inflation, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire », a déclaré la BCE dans un communiqué.
« Les informations disponibles sur l’inflation montrent que le processus désinflationniste est sur la bonne voie. Les perspectives d’inflation sont également affectées par les récentes surprises à la baisse des indicateurs d’activité économique. Parallèlement, les conditions de financement restent restrictives », ajoute le communiqué.
Au lieu du lieu habituel de Francfort, les décideurs politiques se sont réunis ce mois-ci à Llubljana, en Slovénie.
Baisse de l’inflation
La décision de réduire les coûts d’emprunt intervient alors que l’inflation a chuté à 1,7% révisé en septembre dans la zone euro, contre 2,2% en août.
C’est la première fois que le total tombe en dessous de l’objectif de 2% de la BCE depuis trois ans.
Cette baisse s’explique principalement par la chute des prix de l’énergie, même si l’inflation sous-jacente – hors prix volatils de l’énergie et des produits alimentaires – est restée plus stable à 2,7 %, en légère baisse par rapport à 2,8 %. L’inflation des services constitue également une exception persistante, s’établissant à 3,9 % sur un an.
Malgré cela, le taux d’inflation global devrait osciller autour de 2 % pour le reste de l’année 2024, même s’il pourrait légèrement dépasser l’objectif, selon les économistes.
« Les derniers développements renforcent notre confiance dans le fait que l’inflation reviendra à son objectif en temps opportun », a déclaré Lagarde lors d’une audition parlementaire de l’Union européenne à Bruxelles le mois dernier.
Elle a ajouté que la BCE « en tiendrait compte » lors de la réunion de politique monétaire d’octobre.
Croissance tiède
Les signes de stagnation de l’économie de la zone euro ont également contribué à la baisse des taux d’intérêt jeudi, beaucoup espérant que la réduction des coûts d’emprunt stimulerait désormais les dépenses.
La croissance s’est établie à 0,2% au deuxième trimestre 2024, révisée à la baisse par rapport à une estimation précédente de 0,3%.
« Cela s’explique par une croissance de la consommation privée et des investissements plus faibles que prévu, ainsi que par des stocks plus faibles, malgré une contribution plus forte que prévu du commerce net », a expliqué la BCE.
La croissance prévue pour le troisième trimestre est de 0,2%, tandis que la BCE s’attend à un total annuel de 0,8%, en baisse par rapport aux 0,9% prévus en juin.
Les estimations pour 2025 ont été revues à la baisse, passant de 1,4 % à 1,3 %.
Si l’on considère d’autres indicateurs, l’indice PMI composite HCOB de la zone euro a reculé en septembre.
L’indice PMI total, basé sur les réponses à une enquête menée auprès d’acteurs des secteurs manufacturier et des services, est tombé sous le seuil de 50 points, ce qui montre une contraction de l’activité du secteur privé.
L’Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, se trouve dans une situation particulièrement difficile. Son économie devrait se contracter de 0,2 % en 2024, après une contraction de 0,3 % en 2023.
La décision de la BCE de jeudi intervient après que la Réserve fédérale américaine a réduit ses taux de 50 points de base le mois dernier, la première réduction depuis début 2020.