Anti nuclear activists form a human chain as they walk next to the Eiffel Tower, to mark 67th anniversary of the world

Jean Delaunay

La France pourrait transformer les déchets radioactifs en couverts si le public accepte le projet d’usine de recyclage

La Suède et l’Allemagne disposent déjà de nouvelles méthodes de recyclage des matériaux une fois qu’une centrale nucléaire est fermée.

Que fait-on d’une centrale nucléaire une fois qu’elle a fermé ses portes ?

Après la fermeture de l’usine de Fessenheim, l’énergéticien français EDF a trouvé une solution inédite : transformer une partie des déchets en fourchettes, casseroles et poignées de porte.

Heureusement, cela ne signifie pas que les tables à manger françaises soient garnies de couverts radioactifs.

Seuls les métaux « très faiblement radioactifs » seront transformés en fonte ou en acier, a indiqué l’entreprise. D’autres matières seront envoyées vers des installations de traitement des déchets nucléaires.

S’il réussit les procédures d’approbation, la nouvelle déchetterie s’étendra sur 15 hectares à proximité de l’usine fermée.

« Cela permettrait de traiter 500 000 tonnes de métaux faiblement radioactifs sur une période de quarante ans », a déclaré Laurent Jarry, ancien directeur du site d’EDF de Fessenheim, à Reporterre.

Certains disent que les matières radioactives ne sont jamais sûres

Les métaux faiblement radioactifs sont essentiellement des décombres, des terres ou des débris issus du démantèlement ou de l’exploitation d’installations nucléaires, ou d’industries conventionnelles utilisant des matières naturellement radioactives.

Se débarrasser de ce type de matériau est toujours un casse-tête pour les fabricants, car ils doivent payer pour qu’ils soient stockés à long terme si aucune autre solution n’est trouvée.

Si les projets d’EDF sont une première en France, la Suède, l’Allemagne et les États-Unis utilisent déjà une technique similaire pour « nettoyer » les métaux de leur radioactivité avant de les fondre en lingots destinés à être réutilisés.

Mais tout le monde n’est pas favorable à l’idée de donner une seconde vie aux matières radioactives. C’est pourquoi le public pourra voter sur le projet d’ici février 2025.

Les militants antinucléaires affirment qu’il n’existe pas de seuil d’exposition inoffensif à la radioactivité et que toute dose, aussi faible soit-elle, présente des risques pour la santé humaine, comme un risque accru de développer certains types de cancer.

Il faudrait donc modifier le code de la santé publique pour que l’usine de recyclage puisse voir le jour. Une autorisation environnementale devra également être obtenue.

Un changement de loi français signifie que les déchets faiblement radioactifs pourront à un moment donné être recyclés

Comme l’a montré la Commission française de recherche indépendante et d’information sur la radioactivité (Criirad) dans une étude de 2021, une infime quantité de radioactivité restera toujours dans le produit recyclé (avec une quantité variable selon le métal).

Jusqu’en 2022, la loi française interdisait la valorisation des déchets faiblement radioactifs, sur la base du principe qui considère comme radioactifs tous les déchets d’une installation nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) elle-même s’est initialement opposée à cette idée, craignant que des matières radioactives n’entrent par inadvertance en contact avec le public.

Ce « principe de précaution » français était autrefois l’exception en Europe, jusqu’à ce qu’un arrêté ministériel publié en février 2022 permette de recycler les déchets faiblement radioactifs sous certaines conditions.

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