EUMED 9 summit at the Stavros Niarchos Foundation Cultural Centre in Athens, 2021.

Jean Delaunay

Sommet MED 9 à Chypre : les dirigeants de l’UE font face au conflit israélo-libanais et aux préoccupations migratoires

La réunion, qui se déroule dans la ville côtière de Paphos, intervient alors que la guerre entre Israël et le Hamas, qui a débuté à Gaza l’année dernière, s’est désormais étendue au Liban.

En juin, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé Chypre de se ranger du côté d’Israël en apportant son soutien aux opérations militaires, menaçant ainsi l’île méditerranéenne de représailles.

Chypre a rapidement rejeté ces affirmations, les qualifiant de « sans fondement » et a réaffirmé sa position d’acteur neutre dans la région. Le président de la République, Nikos Christodoulides, a déclaré que le pays faisait « partie de la solution et non du problème ».

Cependant, les enjeux ont augmenté depuis la mort de Nasrallah en septembre lors d’une frappe aérienne israélienne à Beyrouth et l’extension de la guerre au Liban.

En tant qu’hôte du MED 9 de cette année, Chypre vise à unir les dirigeants méditerranéens de l’UE sur la manière de faire face à l’escalade du conflit. « L’UE n’a pas encore apporté la réponse qu’elle aurait dû apporter », a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote, Konstantinos Letympiotis, soulignant la nécessité d’une position européenne coordonnée.

Nicosie espère que ce sommet ouvrira la voie à une action plus forte avant la réunion du Conseil européen de la semaine prochaine, où l’ensemble du bloc européen devrait discuter d’un éventuel cessez-le-feu.

Même si le ministre chypriote de la Défense, Vassilis Palmas, estime que le pays n’est pas en danger immédiat, il reconnaît ses inquiétudes quant à la durée du conflit et à son potentiel d’expansion. « La situation est critique… Chypre joue un rôle vital dans les efforts humanitaires et en faveur de la paix, mais la tension est palpable. »

Le sommet aura lieu dans la ville de Paphos, en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du roi de Jordanie, Abdallah.

Des flammes et de la fumée s'élèvent d'une frappe aérienne israélienne à Dahiyeh, Beyrouth, Liban,
Des flammes et de la fumée s’élèvent d’une frappe aérienne israélienne à Dahiyeh, Beyrouth, Liban,

Craintes d’une nouvelle vague migratoire

Une préoccupation majeure pour Chypre est la perspective d’une nouvelle vague migratoire en provenance du Liban et de la Syrie. L’île est déjà confrontée à un afflux massif de réfugiés, notamment de Syriens arrivant via le Liban. En avril, plus de 25 000 demandeurs d’asile étaient en attente de traitement, mettant à rude épreuve les ressources du pays.

Malgré le financement de l’UE pour un nouveau centre de traitement des migrants, le président Nikos Christodoulides a averti que Chypre « a atteint ses limites » et ne peut pas accueillir davantage d’arrivées.

L’UE a déjà promis une aide d’un milliard d’euros au Liban pour atténuer la crise migratoire, mais à mesure que le conflit s’étend, ce soutien pourrait ne pas suffire à endiguer le flux de réfugiés.

Des migrants à bord d'un bateau de patrouille de la police maritime chypriote alors qu'ils sont amenés dans un port après avoir été secourus,
Des migrants à bord d’un bateau de patrouille de la police maritime chypriote alors qu’ils sont amenés dans un port après avoir été secourus,

Une force stabilisatrice ?

Chypre espère que l’accueil du sommet MED 9 renforcera sa position de force stabilisatrice dans la région méditerranéenne instable. Cinquante ans après l’invasion turque, 37 % de l’île reste occupée et les responsables chypriotes tiennent à mettre en avant leur expérience dans la gestion de crises complexes. Le gouvernement chypriote a déjà joué un rôle important dans les efforts humanitaires, en évacuant 2 000 citoyens européens du Moyen-Orient grâce au projet ESTIA.

EU Med, également connu sous le nom de MED 9, rassemble neuf pays méditerranéens de l’UE (Croatie, Chypre, France, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Slovénie et Espagne) pour se coordonner sur des questions régionales communes. Créé de manière informelle en 2013, l’influence du groupe au sein de l’UE s’est accrue, notamment sur des questions telles que la migration, la sécurité et le développement économique.

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