The European Commission has accused China of heavily subsidising its EV sector.

Jean Delaunay

Dernières nouvelles. Bruxelles sort de l’impasse après que les pays de l’UE ne parviennent pas à s’entendre sur les tarifs chinois des véhicules électriques

Les producteurs chinois de véhicules électriques seront bientôt confrontés à des droits de douane élevés avant de vendre leurs produits haut de gamme sur le marché européen.

Les pays de l’Union européenne n’ont pas réussi à s’entendre sur l’opportunité d’imposer des tarifs plus élevés aux véhicules électriques (VE) fabriqués en Chine lors d’un vote étroitement surveillé qui s’est terminé avec trop d’abstentions, obligeant la Commission européenne à sortir de l’impasse et à mener sa proposition jusqu’à la ligne d’arrivée.

Le résultat du vote de vendredi n’a pas été rendu public, bien que des commentaires précédents suggèrent que la France, l’Italie et les Pays-Bas se sont prononcés en faveur, tandis que la Hongrie y était fermement opposée. L’Allemagne, dont le puissant secteur automobile a exercé de fortes pressions contre les droits, serait passée de l’abstention au rejet à la dernière minute.

Le nombre élevé d’abstentions reflète des réticences de longue date quant à la manière dont l’Europe devrait tenir tête à la Chine. Bien que le consensus politique affirme que les pratiques commerciales déloyales de Pékin méritent une réponse forte et unie, les craintes de représailles commerciales semblent avoir freiné la détermination de nombreuses capitales à mesure que la date décisive se rapproche.

Il appartenait à la Commission, qui dispose des pouvoirs exclusifs pour définir la politique commerciale du bloc, de sortir de l’impasse et de veiller à ce que les droits soient respectés.

Compte tenu des sérieuses inquiétudes de la Commission concernant le recours massif à des subventions par la Chine pour promouvoir les producteurs nationaux et leur permettre de vendre leurs véhicules électriques à un prix artificiellement bas sur les marchés mondiaux, cette conclusion est loin d’être surprenante.

L’exécutif avait précédemment averti que, sans prendre des mesures énergiques, les constructeurs automobiles européens subiraient des pertes insoutenables, voire irrécupérables, et seraient exclus du marché lucratif de la mobilité nette zéro, avec des conséquences douloureuses pour 2,5 millions d’emplois directs et 10,3 millions d’emplois indirects dans l’ensemble du bloc. . L’industrie du bloc est déjà en proie à des difficultés en raison des prix élevés de l’énergie, de la faiblesse de la demande des consommateurs et d’une concurrence mondiale féroce.

Les droits de douane supplémentaires visent à compenser les effets néfastes des subventions et à réduire l’écart de prix entre les entreprises chinoises et européennes. Ils varient selon les marques et leur niveau de coopération avec l’enquête de la Commission :

  • Tesla : 7,8 %
  • BYD : 17 %
  • Geely : 18,8 %
  • SAIC : 35,3 %
  • Autres producteurs de véhicules électriques en Chine qui ont coopéré à l’enquête mais n’ont pas été échantillonnés individuellement : 20,7 %
  • Autres producteurs de véhicules électriques en Chine qui n’ont pas coopéré : 35,3 %

Les tarifs entreront en vigueur en novembre et seront perçus par les douanes.

Ils viendront s’ajouter au taux existant de 10 %. Cela signifie que, dans la pratique, certains constructeurs automobiles chinois seront bientôt confrontés à des droits de douane supérieurs à 45 % lorsqu’ils tenteront d’introduire leurs produits sur le marché unique.

Pékin et Berlin, principaux perdants

La résolution de vendredi ne manquera pas de déclencher la fureur de Pékin.

Dès le début, la Chine a dénoncé l’enquête de la Commission comme un « acte purement protectionniste », a constamment nié l’existence de subventions, a qualifié les conclusions de « artificiellement construites et exagérées » et a menacé de prendre des mesures de représailles contre les industries européennes du lait, du brandy et du porc, sonnant l’alarme. les cloches sonnent dans certaines capitales.

En parallèle, les responsables chinois ont engagé des discussions intenses avec leurs homologues européens pour trouver une solution politique qui pourrait éviter l’imposition de droits supplémentaires. Une option possible serait que les producteurs s’engagent à établir des prix minimaux pour leurs véhicules électriques, même si la mise en œuvre de cette solution pourrait s’avérer difficile et sujette à des failles.

Malgré la résolution de vendredi, les négociations UE-Chine devraient se poursuivre jusqu’au 30 octobre, date limite légale fixée par l’enquête de la Commission.

Les négociations sont également une priorité absolue pour l’Allemagne, qui craint que les représailles de Pékin n’infligent davantage de souffrances à son économie en berne. Les entreprises allemandes ont passé les deux dernières décennies à élargir leurs liens commerciaux avec la Chine afin de vendre leurs exportations à une classe moyenne de plus en plus riche. Toute représailles pourrait frapper durement ces liens bien développés.

« Bien sûr, nous devons protéger notre économie contre les pratiques commerciales déloyales », a déclaré cette semaine le chancelier Olaf Scholz. « Cependant, notre réaction en tant qu’UE ne doit pas conduire à nous faire du tort. C’est pourquoi les négociations avec la Chine sur les véhicules électriques doivent se poursuivre. »

Le fait que les tarifs douaniers finissent par être appliqués met à nu l’influence décroissante de Berlin à Bruxelles, où les luttes internes au sein de la coalition tripartite de Scholz ont souvent provoqué frustration et exaspération parmi les diplomates.

L’introduction de droits de douane constitue également une approbation de la politique chinoise d’Ursula von der Leyen. La chef de la Commission a été saluée pour sa stratégie lucide et concrète face à Pékin, fermant ainsi le chapitre sur la complaisance politique qui est désormais imputée à la myriade de dépendances critiques que le bloc a construites avec la Chine.

Avec cette victoire politique à son actif, von der Leyen est bien placée pour poursuivre sa politique au cours de son deuxième mandat.

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